Extraits du Bulletin de la Société d'Horticulture et de Botanique du Centre de la Normandie, n°1 - 1901.
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EXTRAITS
du

BULLETIN
DE LA
SOCIÉTÉ D'HORTICULTURE
DU
CENTRE DE LA NORMANDIE

N°1 - 1901


Observations relatives à la propagation dans les Pommeraies
du
NECTRIA DITISSIMA

Par M. DESCOURS DESACRES

Les analogies relevées entre le mal du cancer chez l'animal et la maladie du chancre sur l'arbre, la similitude annoncée entre le parasite du cancer humain et le champignon du chancre de certains arbres, pommiers, etc., permettent de dire que le mode de transmission du chancre du Nectria ditissima intéresse tout à la fois la physiologie végétale et la physiologie animale.

Les observations suivantes, qui portent toutes sur le chancre du Malus communis, ont été faites dans une pépinière contenant près de cent mille sujets et pendant une longue période ; elles offrent une garantie particulière de contrôle. Ces observations confirment les travaux scientifiques déjà publiés sur le Nectria ditissima et les complètent peut-être sur quelques points.

A. — 1. L'apparition du chancre du Nectria ditissima sur un arbre sain est le plus souvent précédée de l'apparition du puceron lanigère, Aphis Lachnus-Erisconia, sur les branches ou sur les racines du sujet.

2.    La présence du puceron lanigère, qui est presque toujours suivie, sur un sujet, de l'apparition du chancre quand il existe des chancres sur les arbres environnants, n'est pas, au contraire, suivie de cette apparition, s'il n'existe pas de pommiers chancreux dans les environs.

3.    L'apparition du chancre, à la suite de l'apparition du puceron lanigère, semble infaillible si le sujet envahi par le puceron est porteur d'une plaie et s'il se trouve dans un quartier contaminé.

4.    Tous les chancres examinés par nous sur le Malus communis étaient infectés de Nectria ditissima.

5.    Ces observations ont donné lieu à différentes expériences :

Une colonie de pucerons lanigères, provenant d'un arbre chancreux, a été amenée sur un sujet sain dans un quartier non contaminé ; la colonie, établie au voisinage de plaies intentionnelles, s'est portée, en partie, sur ces plaies. Les plaies sont devenues chancreuses.

Une colonie provenant d'un arbre sain dans un quartier sain a été amenée en contact avec des plaies intentionnelles sur un sujet sain dans un quartier sain. Les plaies en général ne sont pas devenues chancreuses.

Ces expériences ont été renouvelées.

Le puceron lanigère, qui est un agent actif de transmission du chancre sur le pommier, semble donc ne pas préparer seulement sa voie au Nectria ditissima, mais bien ensemencer lui-même, par l'apport de mycelium ou de spores de Nectria, les plaies faites par lui ou la plaie accidentelle sur laquelle il s'est établi.

B. — Il paraît intéressant de retenir ici, à propos du traitement du chancre, que :

La nicotine, le tannin et l'acide tannique ont été les remèdes le plus efficacement employés par nous. La solution était employée après ablation complète de la partie malade ; un pansement maintenait la plaie fraîche à l'abri de tout contact. L'emploi de l'acide tannique a donné des résultats particulièrement intéressants.

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QUELQUES ENEMIS DU FRAISIER

Par A. LOISELLE

Dans la première quinzaine du mois de Juin dernier, je remarquai dans mon jardin certaines fraises qui paraissaient saupoudrées d'une fine poussière blanche, notamment des fraises rouges sur lesquelles, sans doute à cause de la couleur, ce phénomène était plus visible ; les feuilles des fraisiers atteints se recourbaient par en haut, et la face inférieure, tout en prenant quelquefois une teinte violacée, était tapissée d'un lacis blanchâtre, peu apparent, qui examiné au microscope me parut appartenir à un champignon de la famille des Périsporiacées et du groupe des Erysiphe, dans lequel rentrent l'oïdium de la vigne et les divers blancs des plantes cultivées, lesquels ne sont, comme mon champignon du fraisier, que des formes conidiennes.

M. Prillieux, dans son savant ouvrage sur les maladies des plantes agricoles, ne faisant pas mention du blanc du fraisier, j'en fis un dessin, dont la planche ci-jointe donne la reproduction sous la fig. A, dans. l'intention de lui demander son avis, et M. Descours Desacres notre sympathique président, voulut bien se charger de le lui soumettre.

M. Prillieux eut l'obligeance de répondre qu'il serait intéressant de bien déterminer l'oïdium en question, ajoutant que Saccardo en indique un qui aurait, été trouvé sur les feuilles de plusieurs espèces de Verbascum et sur celles du fraisier en Angleterre et en Belgique, mais dont il ne donne pas la diagnose.

Il ajoutait que, comme je l'avais pensé, la fleur de soufre me débarrasserait très certainement de cette maladie, mais qu'auparavant il faudrait tâcher d'obtenir la forme parfaite de ce champignon.

Sur sa demande, j'envoyai au commencement de juillet quelques échantillons à la station de pathologie végétale où, en son absence, M. le docteur Delacroix les examina et me répondit qu'il s'agissait peut-être de Spbœrotheca pannosa (le même qui produit le blanc du rosier), mais qu'on ne pourrait le savoir que si les périthèces se développaient.

Ne les ayant pas encore trouvés, je ne puis être fixé à cet égard, mais au point de vue pratique, le seul qui intéresse nos horticulteurs, l'important à retenir est l'emploi de la fleur de soufre pour combattre cet oïdium dont le développement a sans doute été occasionné cette année par la persistance de la chaleur et de la sécheresse.

Quelques jours après, vers le 15 Juillet, je faisais une nouvelle remarque : d'autres fraisiers, surtout ceux à feuilles minces, d'abord, et ensuite presque tous, étaient criblés de petits trous, tantôt plus ou moins arrondis ou irréguliers, le plus souvent affectant des formes se rapprochant vaguement de carrés, de rectangles ou de triangles, suivant qu'ils étaient limités par deux nervures latérales ou par la nervure médiane et une nervure latérale (voir planche ci-jointe fig. B) ; allongées sous les feuilles se voyaient de petites larves, généralement d'un vert tendre, de la couleur des feuilles, quelquefois jaunâtres, à tête rousse, revêtues sur tout le corps de houppes de poils très fins et grisâtres, ressemblant à de petites chenilles de papillon, mais qu'à leur tête arrondie, dépourvue du sillon médian qu'on voit sur celle des chenilles, et marquée de chaque côté d'une tache noire où se trouvent les yeux, et à leurs vingt pattes, je reconnus être de fausses chenilles, c'est-à-dire des larves d'hyménoptères de la famille des tenthrédines ou mouches à scie.

Les divers ouvrages que je consultai n'indiquant pas de tenthrédines vivant aux dépens du fraisier, je résolus de les élever, et j'eus la satisfaction de les voir vers la fin de juillet se transformer en chrysalides dans un petit cocon jaunâtre, d'une consistance légère, qu'elles attachèrent aux feuilles, et enfin le 10 août suivant, me donner l'insecte parfait que je reconnus être la tenthrède difforme (Cladius difformis Panz.), que les auteurs n'accusent en général de manger que le rosier.

Tenant à ne publier que des renseignements absolument exacts et pour dissiper mes derniers doutes sur l'identité de l'espèce, à cause de la différence de plante nourricière, j'envoyai mes insectes à un spécialiste très compétent, M. André, notaire honoraire à Gray, qui voulut bien en confirmant ma détermination, m'apprendre que le Cladius difformis avait déjà été signalé sur le fraisier, notamment par Stein dans les Entomolog. Nachrichten en 1886.

Ce n'est donc pas à proprement parler un fait nouveau pour la science, mais j'ai cru devoir attirer l'attention des jardiniers sur un insecte d'autant plus nuisible qu'il peut passer du fraisier au rosier et vice versa, et que dans les nombreux élevages que j'en ai faits, je n'ai jamais obtenu aucun parasite qui vienne en restreindre la prolifération.

Il est à remarquer que sur le rosier dont, sans doute, les nervures offrent moins de résistance aux mandibules de la larve, les parties rongées par celle-ci sont moins nettement limitées et forment plutôt des trous irrégulièrement arrondis ou de simples échancrures ; il arrive même que la larve ronge tout le limbe en ne laissant que la nervure principale.

L'insecte parfait est une petite mouche à quatre ailes de 6 à 7 millimètres environ de longueur, entièrement noire à l'exception des pattes en partie blanchâtres, et dont le nom ne signifie pas qu'elle soit plus difforme qu'une autre, cette expression devant être comprise en ce sens que le mâle diffère de la femelle parce qu'il a les antennes pectinées, c'est-à-dire dentelées en forme de peigne, tandis qu'elle les a filiformes.

Certains auteurs disent qu'il y a deux générations par an : l'une, provenant de la ponte du mois de mai, se métamorphoserait en août, l'autre, provenant de la ponte de la génération éclose en août et dont les fausses chenilles rongeraient les feuilles en septembre et octobre, passerait l'hiver à l'état de chrysalide et éclorait au printemps.

C'est là certainement une erreur et les larves mettent beaucoup moins de temps à se développer ; j'en ai trouvé constamment, pendant les mois de juillet, août et septembre à tous les degrés de croissance, et indépendamment des premiers insectes que j'ai obtenus, comme je le dis plus haut, le 10 août, mes élevages subséquents m'ont donné de nouvelles tenthrédines presque journellement, depuis la fin d'août jusqu'au 18 septembre, alors que le 20 de ce dernier mois, de toutes jeunes larves se voyaient encore sous les fraisiers.

Il y a donc pendant tout le cours de la belle saison, une série ininterrompue de générations.

Enfin, vers le milieu de septembre, je trouvais d'autres larves également verdâtres avec les côtés et le dessous du corps plus pâles, différant des premières en ce que le corps est dépourvu de poils mais recouvert de petites protubérances blanches, la partie supérieure de la tête est marquée d'une tache longitudinale brune, qui s'élargit quelquefois au point d'envahir presque toute la tête ; ces larves ont 22 pattes et me paraissent appartenir à la, tenthrède zonée (Allantus zona Klug.), jolie mouche d'environ 'environ 8 millimètres de long, noire, avec quelques anneaux de l'abdomen jaunes ou bordés de jaune, également un ravageur du rosier ; toutefois ne l'ayant pas encore obtenue, je ne puis rien affirmer.

Les larves se tiennent indifféremment sur ou sous les feuilles ; quand elles mangent elles s'appliquent sur le bord qu'elles sont en train de ronger, et les trous qu'elles font dans les feuilles n'ont pas la régularité que j'ai indiquée plus haut. Au repos elles se roulent en spirale comme beaucoup de leurs congénères, ce que ne font pas les larves de Cladius citées plus haut.

Maintenant, dira-t-on, le remède ? car, en définitive, c'est là ce que le jardinier a surtout besoin de savoir. J'avoue que je n'en vois pas d'autre que d'enlever les feuilles aussitôt qu'on s'aperçoit qu'elles sont attaquées, et de les brûler avec les larves qui s'y trouvent.

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Note sur un hyménoptère parasite du rosier

M. Bernard, jardinier chez M. le Comte de Colbert-Laplace, me fit remettre vers la fin du mois d'Octobre dernier, des fruits d'une espèce de rosier cultivé, paraissant d'une grosseur au-dessus de la normale et présentant la forme d'un sphéroïde légèrement aplati ; le plus gros mesurait 28 millimètres de diamètre.

Presque tous les carpelles (vulgairement pépins) donnaient asile à une larve blanche de 2 millimètres 1/2 de longueur, Megastigmus dorsalis Boh., hyménoptère de la famille des Torymides, qui a été signalé comme vivant dans les fruits du rosier, sans le déformer.

Peut-être, toutefois, ne serait-il pas déraisonnable de penser que la précense de ces larves, qui sont nombreuses et malgré tout tiennent de la place, a pu contribuer à donner à ces fruits une grosseur inaccoutumée.

M. Bernard à dans tous les cas bien fait d'appeler l'attention sur un phénomène qui est intéressant.

A. LOISELLE.

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CULTURE EXPÉRIMENTALE
Réunion du Dimanche 1er Octobre 1901

Compte-rendu des résultats obtenus en 1901, au Champ d'expériences de l'école de Beuvillers
dans les cultures de blés, de maïs, de pommes de terre avec des semences
fournies par la Société et des engrais divers.
Par D. DESPLANQUES, Instituteur

MESSIEURS,

Votre honorable et très distingué Président, M. Descours-Desacres, m'ayant exprimé ses regrets de n'avoir pu venir en temps opportun visiter mes cultures, ce que j'ai aussi regretté, je viens aujourd'hui, sur sa demande, vous rendre compte des résultats obtenus.

Ces résultats sont d'autant plus intéressants que je serai le seul dans notre région à vous les donner, nos cultivateurs n'ayant pas répondu à l'appel de la Société d'Horticulture et n'ayant, soit par indifférence, — en tout cas, ce n'est pas par esprit de progrès — tenté d'expérimenter les semences qu'elle avait mises à leur disposition par la voie des journaux.

Cependant les expériences faites sur des étendues de terrain d'une certaine grandeur eussent été beaucoup plus concluantes que celles faites sur les espaces restreints dont je dispose. Et d'ailleurs elles auraient pu être très profitables aux agriculteurs qui les auraient tentées, en leur montrant les variétés de blé qui conviennent le mieux à la nature de leur terrain et aux engrais dont ils disposent ; ces essais auraient peut-être été pour eux une source de réels bénéfices qui ne sont pas à négliger aujourd'hui que la culture du blé est si peu rémunératrice, excepté cependant pour ceux qui savent par une culture intensive, remplacer le bas prix par une surabondance de récolte.

Ainsi, en lisant dans les journaux de la semaine dernière le tableau des récoltes de l'année, dressé par le Ministère de l'Agriculture, nous trouvons :

FROMENT. - Surfaces ensemencées 6,889,527 hectares qui ont produit 82,744,422 quintaux, soit 107,203 036 hectolitres : ce qui donne une moyenne de 15 hect. 5 à l'hectare, pesant 77 kilos l'hectolitre.

Voilà où nous en sommes encore en France quand d'autres pays produisent en moyenne 30 hectolitres à l'hectare, du poids de 78 à 80 kilos. On voit même en Amérique des cultivateurs atteindre une production de 40 hectolitres. Il faut convenir que notre routine française est loin de ce but. Est-ce à dire que nous ne puissions, en France, obtenir de meilleurs résultats. Je ne le crois pas. D'ailleurs, Messieurs, les expériences que j'ai faites au cours de cette année en sont la preuve : elles vont vous étonner, comme elles m'ont étonné moi-même, au point de vérifier plusieurs fois les données pour bien m'assurer que je ne faisais pas erreur.

Disposant d'un are de terrain et de quatre variétés de blé, j'ai fait quatre parcelles de chacune 25 mètres carrés qui ont reçu chacune une variété de semence.

Les semailles ont eu lieu le 14 Novembre ; c'était un peu tard, mais étant en terre saine, légèrement calcaire, l'inconvénient n'était pas grand.

Il est bon de dire en passant que le labour et la préparation du terrain ont été faits par les élèves ; il en est d'ailleurs de même de tous les travaux du champ d'expériences et du jardin auxquels ils sont toujours associés.

L'ensemencement s'est fait sur plantes sarclées : pommes de terre, rutabayas, betteraves, carottes.

Dans la première parcelle qui a reçu comme engrais un quart de mètre cube de bon fumier, ce qui constitue une très forte fumure de 100 mètres cubes à l'hectare, j'ai semé 1/2 kilogramme de blé « Hybride Champlan » ; soit 200 kilos à l'hectare.

La deuxième parcelle avec 1 kilo de scories contenant 18 à 20 pour cent d'acide phosphorique a reçu 1/2 kilo « d'Hybride Dattel ».

La troisième parcelle, avec 1 kilo de superphosphate, 13 à 15 % d'acide phosphorique a reçu 1/2 kilo « d'Hybride Bordier »

Enfin la quatrième parcelle, témoin sans engrais, a reçu 1/2 kilo de blé « Japhet ».

Pendant l'hiver et jusqu'au mois d'avril, les parcelles 2, 3 et 4 paraissaient chétives tandis que le n° 1 avec fumier donnait une végétation vigoureuse.

Il était évident que cette parcelle possédait un élément nutritif qui manquait aux autres et cet élément était l'azote. J'y remédiai en donnant en couverture au printemps, à la parcelle n° 2, 500 grammes, soit 200 kilos à l'hectare, de nitrate de soude, dosant 15 à 16 % d'azote ; et à la parcelle n° 3, 375 grammes, soit 150 kilos à l'hectare, de sulfate d'ammoniaque, dosant 20 à 22 % d'azote. Sous l'influence de quelques ondées, qui suivirent l'épandage, l'azote fut vite rendu assimilable, et quinze jours après l'opération, je vis reverdir la partie foliacée du blé sur ces deux parcelles et la végétation prit un tel essor que bientôt il n'y eut plus de différence avec la parcelle n° 1.

La parcelle n° 4 resta toujours sans engrais avec une végétation chétive.

Récolte

J'ai apporté ici, Messieurs, afin que vous puissiez mieux vous rendre compte des résultats, des échantillons en grain et en paille de chaque parcelle : c'est le revenu d'un mètre carré de chacune.

Tableau 1

Comme on le voit d'après ce tableau, c'est la parcelle n°1 engraissée en fumier qui a donné le plus de grain et un chiffre relati vement élevé : 33 hectolitres à l'hectare ; c'est un beau résultat, mais la fumure était forcée. Elle a donné moins de paille que le n° 2 quoique la tige fût plus haute et plus grosse ; — sur abondance d'azote ammoniacale du fumier — mais il y a eu moins de tallage : on ne comptait que 375 à 400 tiges par mètre carré, tandis que dans les parcelles n° 2 et 3 on en comptait de 425 à 450 ; résultat du tallage occasionné par la présence de l'acide phosporique qui faisait défaut dans le n° 1.

C'est aussi dans le n° 1 que le grain est le moins dense : cela tient à la maigreur des grains que nous ne saurions non plus atttribuer qu'à l'absence d'acide phosphorique.

Si la parcelle n° 2 a été notablement supérieure en grain et en paille n° 3, cela tient évidemment à la dose plus élevée d'acide phosphorique contenue dans les scories et aussi dans l'azote du nitrate de soude qui, très soluble, se laisse facilement entraîner, jusqu'au sous-sol, dans les années humides, tandis qu'il est d'une remarquable efficacité dans les années de sécheresse comme celles que nous venons de traverser, surtout sur les céréales qui ont les racines superficielles, parce que les principes azotés restent à la surface du sol.

Le sulfate d'ammoniaque a bien la propriété de remonter continuellement à la surface ; mais il a aussi besoin d'humidité continuelle pour assurer sa solubilité.

La parcelle n° 4 a donné un produit tout à fait inférieur aux autres parcelles, cela se conçoit et démontre la nécessité des engrais. La récolte a toujours été chétive ; il n'y a eu aucun taillage ; on ne comptait guère que 300 tiges par mètre carré. Cependant le grain a ceci de particulier qu'il est plus dense que les autres. Cela ne peut évidemment tenir qu'à la variété du blé, puisqu'il n'avait pas reçu d'engrais. Le blé Japhet n'est donc pas à négliger.

Maïs

Passons maintenant au maïs.

Disposant encore d'environ 25 mètres carrés de terrain neuf, d'assez médiocre qualité, que j'ai fait défricher par les élèves, je l'ai disposé en 7 parcelles de 3m50 chacune qui, à la mi-mai, ont été labourées et ensemencées comme il suit et ont donné les résultats consignés au tableau qui suit.

Les semailles ont été faites à raison de 30 pieds par mètre carré, au point de vue de la récolte en vert, car il ne faut guère compter récolter le maïs en grain dans notre région. Cependant j'ai réservé 6 pieds dans chaque parcelle, que l'on peut voir exposés ici, la plupart ont à peu près atteint le degré de maturité ; les variétés précoces sont même tout à fait mûres ; mais il est bon de remarquer que les chaleurs de la fin de l'été et la sécheresse ont fortement contribué à ce degré d'avancement et que par temps humide et gelées précoces le résultat n'aurait pas été le même, car le maïs ne supporte pas le froid.

Tableau 2

Ce tableau nous montre que sous le rapport de la production en fourrage vert, c'est surtout l'azote qu'il faut donner au maïs. L'acide phosphorique ne paraît pas jouer un grand rôle dans la culture de cette céréale, puisque les parcelles numéros 2 et 4 qui en ont reçu sont celles qui ont le moins produit. Il n'en serait peut-être pas de même si on cultivait le maïs au point de la récolte en grain. Ce qui semble le prouver, c'est qu'en examinant les épis, ceux des parcelles qui ont reçu du superphosphate paraissent mieux fournis que les épis des autres parcelles.

Pommes de terre

Voici maintenant deux variétés de pommes de terre cultivées avec divers engrais : l'Early-rose à grand rendement et la Cornette violette (pomme de terre à ragoût) à rendement moyen. La première cultivée sur deux planches de 7 m. car. 50 cnacune et la deuxième sur deux planches de chacune 4 mètres carrés. Les tableaux suivants établissent la proportion du rendement d'après la fumure.

Tableau 3

Lin

Ci-joint encore le produit d'un mètre carré de lin, semé pour faire connaître cette culture aux élèves :

Poids à l'état vert, 0 k. 9 au mètre carré ; à l'hectare 9,000 k.

Conclusion

Que conclure de ces divers essais, sinon qu'ils marquent partout l'efficacité des engrais chimiques Il ne peut être douteux aujourd'hui pour personne que les engrais minéraux sont appelés à rendre les plus grands services aussi bien dans la culture maraîchère que dans la culture des céréales.

Nous ne voulons pas dire par là qu'il faille en exclure le fumier qui pendant longtemps a été le seul engrais employé ; mais, nous ne devons plus le considérer comme une panacée, parce qu'il ne peut, tout en restant la base essentielle de l'agriculture, satisfaire qu'in-complètement aux lois d'épuisement et de restitution.

Ayant toujours à peu près la même composition, alors que les plantes ont des exigences différentes, le fumier ne donne au sol qu'une partie des substances utiles absorbées par certains végétaux.

Les éléments indispensables à la nourriture et au développement normal des plantes sont : l'azote, le phosphore, la potasse et la chaux. Si le fumier de ferme contient toujours — du moins chez le cultivateur qui sait lui donner les soins qu'il réclame, car nous ne craignons pas de le dire : la majorité des exploitants ne sait pas faire le fumier — de l'azote ammoniacal en assez grande quantité, il n'en est pas de même des autres éléments qui y sont souvent en proportion insuffisante. Et si un de ces éléments fait défaut à une plante, sa végétation s'arrête quand elle a épuisé la quantité assimilable contenue dans le sol de cet élément. Chaque végétal, d'ailleurs, absorbant les principes qui sont à sa convenance, il faut restituer au sol ce qui lui a été enlevé pour le maintenir dans un état permanent de fertilité. Or on ne peut arriver à ce résultat que par un complément d'engrais chimiques qui sont un véritable apport de richesse en éléments utilisables et assimilables. L'emploi de ces engrais s'impose donc, comme fumure complémentaire, à tous les cultivateurs soucieux de leurs intérêts. Aujourd'hui que la science agricole a fait tant de progrès et que de savants agronomes ont, par de nombreuses expériences, démontré l'importance et l'économie des engrais minéraux, ce serait faire acte de la plus grossière routine ou de la plus coupable ignorance que de ne pas les mettre à profit.

L'Instituteur de Beuvillers,
DESPLANQUES.


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