Hôtel de Ville : Lisieux.- Lisieux : Mairie de Lisieux, 2007.- n.p. : ill. en noir et en coul., couv. ill. en coul. ; 30 cm.
Numérisation du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (23.IV.2008)
Relecture : R. Raveaux (15.VII.2008).
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Hôtel de Ville
Lisieux

 Couverture

1771 - 2007....

Si la Nation française est riche de symboles, le premier d'entre eux, le plus significatif aussi, est incontestablement l'Hôtel de Ville. C'est en effet le premier maillon de la chaîne républicaine, où se prennent les décisions qui concernent la vie locale, et qui intéressent directement les habitants d'une commune. C'est là aussi que s'administrent au quotidien, les enjeux d'une politique nationale.

L'Hôtel de Ville de Lisieux constitue également un ensemble architectural et historique d'autant plus remarquable qu'il a été préservé des destructions massives dont notre ville a souffert en 1944, lors des opérations de libération de la France. Il était donc important d'engager les travaux nécessaires à la sauvegarde de ce patrimoine. A travers ces travaux de restauration menés durant deux ans par des acteurs d'un grand professionnalisme, c'est une double volonté qui a animé notre municipalité : redonner à cet hôtel particulier construit au 18e siècle son faste d'antan et permettre au personnel municipal d'accomplir encore mieux ses missions de service public.

En nous attachant à respecter la construction d'origine, nous avons voulu témoigner notre volonté d'ancrer cet édifice au coeur de Lisieux et dans le coeur de nos concitoyens !

Bernard AUBRIL
Maire de Lisieux
Vice-Président du Conseil Général du Calvados 

Emplacement de l'ancien Hôtel de Ville Plan de situation de l'actuel Hôtel de Ville

HISTOIRE DE L'HÔTEL DE VILLE DE LISIEUX

Depuis 1771, les édiles de Lisieux se retrouvent quotidiennement et rencontrent leurs administrés dans un ancien hôtel particulier transformé en Hôtel de Ville.

Les Hôtels de Ville de Lisieux :

A Lisieux, le pouvoir temporel était de la charge de l'évêque, aussi celui-ci remplissait-il les fonctions civiles et militaires. Thomas Bazin, évêque de Lisieux de 1447 à 1474, accorda ou confirma, dans une charte du 30 mars 1448, aux habitants de Lisieux, la possibilité de nommer des conseillers pour qu'ils puissent s'assembler un jour de chaque semaine, sous la présidence de la justice de l'évêque, afin de traiter des affaires de la ville et recevoir les comptes des receveurs.

Escalier intérieur de l'ancien Hôtel de VilleAu Moyen-Age, le lieu des réunions des responsables municipaux n'est pas connu avec certitude. Une pièce est louée de 1445 à 1458 à un certain Vagnel. Elle était sans doute proche du palais épiscopal. En 1458, le siège du pouvoir municipal change de lieu. Un manoir, entre l'actuelle rue Henri Chéron et la rue du docteur Degrenne, permettra au corps municipal d'y tenir ses séances jusqu'en 1770. A cette date, le maire de Lisieux, Noël Lerat, constate que le manoir est en très mauvais état et qu'il faut le restaurer ou trouver un autre lieu.

Un hôtel particulier est à vendre. Le conseil décide de l'acheter, ce qui est fait le 1er février 1771. Le coût en était de 30 000 livres, montant moins élevé que celui, estimé, des travaux de restauration de l'ancien Hôtel de Ville.

L'objet de l'acquisition était une maison avec la cour, remise, bûcher,  écurie, pavillon de devant ladite maison et enclos comme le tout est, le droit de fontaine y attaché, le jardin étant derrière ladite maison et une place de terre vide étant à costé ledit jardin du costé de la rue Haute-Boucherie (Place Victor Hugo actuelle) ; le tout situé en cette dite ville, Grande-Rue de la Porte-de-Paris et rue au Char, paroisse Saint-Jacques (1) »...

Reste de l'ancien Hôtel de Ville : restitution du donjon Étaient comprises la tapisserie à personnages, placée et tendue dans la grande salle, et les sonnettes de métal attachées et scellées dans les différents appartements.

Le vendeur était messire Pierre-René de La Roque, chevalier, seigneur et patron du bourg et paroisse de Serquigny, demeurant en son château de Serquigny. PR. de La Roque l'avait lui-même acheté en 1753 à François-Claude Duval-Lenormand, écuyer, seigneur et patron de Victot, conseiller, secrétaire du roi, maison et couronne de France, demeurant à Lisieux, rue du Bouteiller.

En fait, l'hôtel avait été construit, en 1713, par Charles Le Bas (1663-1735), seigneur des Rivalles et de St-Sébastien de Préaux et ses héritiers le vendirent en 1740 à Duval-Lenormand. Charles Le Bas, né à Lisieux (paroisse de St-Germain), appartenait à l'une des familles les plus importantes de Lisieux au XVIIIe siècle. Elle compta des chanoines, des archidiacres, un conseiller au Parlement de Rouen, des receveurs des tailles à Lisieux et des officiers de justice. Riches, les Le Bas édifièrent, au XVIIIe siècle, les trois hôtels particuliers qui font encore l'ornement de la ville : le futur Hôtel de Ville en 1713 ; Le Haut-Doyenné en 1769 (Jean-Baptiste Rémi Le Bas de Fresne) ; l'Hôtel Lemercier (Boulevard Duchesne-Fournet actuel), construit, sous Louis XVI, par François Le Mercier, seigneur de Mesnil - Guillaume, petit-fils d'une Le Bas.

Les travaux dans le nouvel Hôtel de Ville :

Aile Est (gauche) de la cour. Aussitôt que l'hôtel est acheté, des travaux sont prévus. Ils concernent sa transformation en Hôtel de Ville, dont les fonctions étaient de recevoir l'administration municipale et d'autres activités. Le projet d'aménagement apporte ainsi des informations intéressantes sur l'évolution de l'hôtel :
 - exhaussement d'un étage de l'aile gauche (en bordure de la rue au Char) pour servir de corps de garde et de chambre de discipline pour les troupes et de logement pour les pompes et autres ustensiles pour les incendies et au concierge dudit hôtel de ville.
- construction neuve d'une aile droite dudit hôtel avec pavillon pour servir de logement à la brigade de maréchaussée.
- écurie pour les chevaux de ladite brigade.
- différents changements dans le grand bâtiment pour parvenir à sa location », etc...

Le montant des travaux s'élevait à 23 380 livres.

La lecture de ces documents explique pourquoi l'aile de l'Hôtel de Ville qui donne sur la rue au Char est hétérogène dans sa construction et dans sonAile Ouest (droite) de la cour. élévation.

 De la fin du XVIIIe siècle jusqu'au milieu du XIXe siècle, il ne semble pas qu'il y ait eu de travaux importants dans le bâtiment, si ce n'est la découverte d'une statue d'un évêque de Lisieux (Jean 1er, évêque de 1107 à 1141) réinstallée dans la cathédrale depuis (transept nord). Elle était utilisée comme paroi d'un petit lavoir situé dans la cour de l'Hôtel de Ville et c'est lors de sa destruction, en 1835, qu'on la découvrit.

Gisant de Jean 1er, évêque de Lisieux La lecture des délibérations du Conseil Municipal permet de comprendre que le musée et la bibliothèque y étaient mal installés (14 mai 1856), qu'une grille en fer fut posée dans le jardin (actuelle place Jean Massot), le long de la rue au Char (3 avril 1858) et que l'aile sur la rue au Char, celle qui avait été rehaussée en 1772, en ruines, fut restaurée (24 juin 1884).

L'année 1887 verra la concrétisation des projets municipaux : réfection des deux piliers servant d'appui à la porte principale de la cour, nouvelle salle des mariages, bureau des sergents de ville dans l'aile sur la rue au Char. Le commissariat de police sera installé là jusque dans les années 1960, date à laquelle il fut transféré boulevard Ste Anne, où il est toujours.

Le 14 juillet 1904, Henri Chéron, maire, dévoilait une plaque posée dans la cour d'honneur rappelant une phrase historique des édiles lexoviens au moment de la Révolution : Oui le Gouvernement républicain nous convient et c'est le seul régime qui convienne à un peuple libre.

La Revue Illustrée du Calvados de février 1909 décrit l'architecture de l'Hôtel de Ville et évoque le campanile avec ses cloches dont l'une provient d'un ancien couvent de Lisieux, les Mathurins : « Le timbre qui sonne les heures a été fondu en 1733. Il porte l'inscription suivante : L'an 1733, en l'honneur de la Sainte-Trinité, bénite parle R. P. Martin Leclerc, ministre ; frère Alexis Durand a donné cette cloche nommée Pierre, par Me Pierre Hanuel, prêtre chapelain en l'église Saint-Pierre de Lisieux et demoiselle Louise Chardey, de Lisieux. Refondue en 1733. Les deux autres timbres sont plus anciens. Le plus gros porte la date de 1517 ; le plus petit a été fondu en 1658 »

L'horloge de l'Hôtel de Ville et ses cloches d'opérette :

Le 17 janvier 1903, l'horloger, chargé de l'entretien des horloges et pendules de la ville de Lisieux, signale qu'il ne peut plus en assurer leur entretien.

Le 7 mars 1903, Pannier, maire-adjoint, expose avec beaucoup d'humour, la nouvelle situation de l'horloge : C'est une singulière histoire que celle des caprices dont fait preuve depuis quelque temps la vieille horloge de notre hôtel de ville. Les plus célèbres docteurs en horlogerie l'avaient condamnée. La presse locale avait enregistré son décès et votre commission des travaux publics s'apprêtait à vous faire voter ce soir la dépense nécessaire pour l'acquisition d'une nouvelle horloge, lorsque la moribonde revenant à la vie, et à la suite d'une simple réparation, s'est remise à fonctionner avec toute l'exactitude de la jeunesse. Même, il y a quelques jours, tout comme dans l'opérette fameuse, ces cloches, qu'on n'avait pas entendues depuis de longues années, ont fait entendre leur joyeux carillon.

Il est décidé que l'horloge, traitée, un peu plus loin, de vieille servante, sera réparée et sauvée. Elle assume encore sa fonction aujourd'hui. En 2005 - 2006, les cloches ont été restaurées ainsi que le système électrique qui met en marche le marteau qui les frappe et qui donne les heures à la population lexovienne.

D'importants travaux entre 1921 et 1923 :

Entrée de la cour En juin 1920, la municipalité décide d'entreprendre une révision complète des 33 immeubles communaux que la ville possède, dont la Mairie. Pour la réfection des couvertures, l'aménagement de nouveaux bureaux au premier étage, la remise en état des salons, le chauffage central, le ravalement des façades et l'éclairage électrique, le budget est de 78 650 francs (2).

Les bals de l'Hôtel de Ville :

Entre 1920 et 1960, il était d'usage que les salons de la Mairie soient mis à la disposition d'associations pour y organiser des bals, moyennant le règlement de l'électricité.

Pour exemples, la Société mixte de tir de Lisieux y organisa son bal le 17 janvier 1926, la Société de secours mutuels des employés du théâtre, en 1928, l'Association des anciens élèves des collèges de Lisieux, en 1929, Louis Bielman en fit la demande pour son Club athlétique lexovien le 21 mars 1930, le Judo-club Lexovien en 1956, l'Aéro-club de Lisieux en 1957.

La dernière rénovation :

C'est au mois de mai 2004 qu'ont été lancés les travaux de rénovation de la toiture et des façades, à l'issue d'une délibération du conseil municipal en date du 18 mai. Sous la maîtrise d'ouvrage du cabinet d'architecture caennais F. et F. Jacquemard, six entreprises, pour la plupart régionales, ont travaillé ensemble à la réalisation des travaux qui ont officiellement débuté le 3 janvier 2005 et se sont achevés au mois d'avril 2007. Un peu plus de deux ans au cours desquels trois corps de métiers sont intervenus et ont dû travailler en même temps. 85 mètres cubes de pierre ont été remplacés, les pierres massives de pays ont été changées au profit de pierres de Touraine et d'Anjou. Environ mille mètres carrés de joints et de briques ont été remplacés. Durant tout le chantier, une équipe de huit personnes était présente en permanence. Une mise en lumière de l'Hôtel de Ville sera réalisée pour le mois de septembre prochain et achèvera cette opération majeure d'embellissement. D'autres travaux se poursuivent également pour continuer de moderniser la qualité des services à la population, suite au rachat d'un immeuble mitoyen rue Victor Hugo. Ce nouvel espace qui devrait être achevé en fin d'année, permettra de regrouper les services accueil et information, état-civil, élections, objets trouvés. (3)

La rénovation qui s'est achevée au printemps dernier n'en finit pas de susciter l'admiration tant des Lexoviens que des visiteurs.

Daniel DESHAYES
Société historique de Lisieux
Juillet 2007

Plan de financement de la restauration 2005-2007 :

Le chantier de la restauration de l'Hôtel de Ville a été suivi par le cabinet Florence et François Jacquemard, architectes à Caen. Les travaux, pour le bâtiment central, ont débuté le 3 janvier 2005 et se sont terminés en avril 2006. Pour les ailes ouest et est, la cour et le portail, ils ont débuté en février 2006 et se sont achevés en avril 2007.

Le montant total de l'opération (restauration des façades, des toitures et de la cour de l'Hôtel de Ville) s'élève à 1 246 300, 42 € TTC (hors travaux en régie). Des subventions ont été sollicitées auprès du Conseil Général du Calvados et de la DRAC de Basse-Normandie. Leur montant s'élève à 500 722 €, soit 53,97 % de taux de subventions sur le montant hors taxe.


RESTAURATION DES FAÇADES & TOITURES DE L'HOTEL DE VILLE DE LISIEUX

L'hôtel de ville aurait été construit par Charles Le Bas en 1713 et vendu à la ville en 1771 par Pierre René de la Rocques, seigneur de Serquigny. Cet hôtel particulier précédé d'une cour pavée se compose d'un corps principal rectangulaire flanqué de deux ailes basses. Les bâtiments sont construits en brique avec des encadrements de baies, des corniches et des chaînes d'angle en pierre calcaire. Les couvertures sont, en tuiles plates sur le bâtiment principal, et en ardoise sur les pavillons. Les façades principales sont orientées Nord-Sud. Au Nord, la façade de cet hôtel particulier XVlllème, est ornée d'un fronton classique que surmonte un édicule construit au XIXème pour recevoir l'horloge ; disposition qui affirme le caractère d'édifice public de l'hôtel de ville. La disposition originale est conservée sur la façade Sud.

La pierre utilisée pour la restauration de l'Hôtel de ville est un Tuffeau de Bourrée (matériaux similaire à celui d'origine par sa granulométrie et sa teinte).Les pierres friables qui présentaient des dissolutions profondes comme les bandeaux de corniches, les bandeaux filants sous les fenêtres, les lucarnes, les chaînages verticaux des pignons et les piédroits de l'horloge ont été remplacées par de la pierre neuve. Les parties les moins altérées ont été poncées. Un nettoyage complet des façades et une patine d'harmonisation ont été réalisés. Les pierres fissurées qui ne présentaient pas de désordre structurel ont été conservées et reconstituées; les pierres cassées, ont été recollées et consolidées avec des gougeons inox. Les pierres de soubassement trop dégradées, ont été remplacées. Les enduits très dégradés ont été refaits au mortier de chaux grasse.

F. & F. JACQUEMART


ARCHITECTURE ET DECORATION DE L'HOTEL DE VILLE

Aile Est. Façade sur la rue au Char

L'architecture :

Façade sur cour C'est au coeur du centre de leur cité, non loin de l'ancienne porte de l'est, dite porte de Paris et au sud de l'abside de la cathédrale, que les édiles lexoviens achetèrent, en 1771, un hôtel particulier destiné à devenir l'Hôtel de Ville de leur cité.

Témoin de l'architecture colorée du Pays d'Auge, grâce à sa polychromie de brique rouge et de pierre blanche, cet hôtel comporte un bâtiment central entouré de deux ailes dont la lecture des archives a permis de confirmer qu'elles étaient un peu plus tardives que le bâtiment central, daté de 1713. Leur construction, agrandissant l'hôtel, confirmait ce dernier comme le symbole du pouvoir municipal.
 
Largement ouverte sur la rue Henri Chéron grâce à une grille en fer forgé, la cour est fermée sur ses deux côtés est et ouest par deux ailes ornées d'arcatures surbaissées en pierre blanche. Autant l'aile ouest est homogène dans sa conception, autant celle de l'est est hétérogène, signe qu'elle a été agrandie (en 1773, selon les archives) et le beau parement en briques du mur est sur la rue au char n'est que fictif : c'est un enduit qui cache les différentes pierres dues aux agrandissements successifs.


Détail du décor de la façade sur cour Comme tout hôtel particulier de quelque importance, le futur hôtel de ville était entre cour et jardin. Mais le jardin est devenu, au fil des ans, cour commune avec le théâtre et ce statut fut confirmé par la dénomination qui est désormais la sienne : Place Jean Massot, du nom d'un professeur de français du lycée Marcel Gambier de Lisieux, passionné de théâtre et qui avait oeuvré pour la renaissance d'un théâtre à Lisieux dans les années 1970 -1980.

La façade sur cour du bâtiment central est la plus décorée : la travée médiane, surmontée d'un fronton triangulaire, est ornée d'un balcon, posé un peu artificiellement sur la corniche de la porte centrale inférieure.

La façade sur le jardin (actuelle Place Jean Massot) est austère : elle présente une ligne continue d'ouvertures en arc surbaissé. La seule décoration est donnée par la polychromie due au rouge des briques et au blanc des pierres, aux clefs sobrement sculptées et aux lucarnes traitées soit en oeil de boeuf soit avec un tympan triangulaire.

Façade sur jardin. Décor du fronton Le décor des tympans de chaque façade est plus tardif. Celui de la façade sur cour mêle adroitement des symboles patriotiques comme des drapeaux, des feuilles de laurier et les armes de la Ville au-dessus d'un bandeau avec l'inscription République Française et 1884. Sur le fond, en arrière-plan, des inscriptions renseignent sur les protagonistes de cette restauration : le maire était Théodule Peulevey, l'architecte Lucas (celui du théâtre) et le sculpteur Lemainier. Le décor du fronton de la façade sur cour est tout aussi patriotique.



Les éléments décoratifs de l'Hôtel de Ville
:

Premier étage, dessus de cheminée XVIIIe s. Le décor intérieur de l'Hôtel de Ville suit l'évolution de ses fonctions. Seul, le premier étage a conservé des éléments sculptés en stuc du début du XVIIIe siècle : ce sont les dessus de cheminées, notamment celui qui se trouve dans le bureau du secrétariat de la Direction Générale des Services de la Mairie. Des trompettes, un violon, une palette avec ses pinceaux, un compas, une équerre, un rapporteur, le tout se détachant sur des drapeaux et des branches de chêne, glorifient les arts : musique, peinture, architecture et sans doute l'art militaire. L'ensemble manque un peu de vigueur qui peut sans doute s'expliquer par la présence de multiples couches de peinture superposées.

Il s'agit là du seul témoignage indiscutable du décor du XVIIIe siècle de la demeure de Charles Le Bas. L'adaptation au XIXème siècle aux fonctions de l'Hôtel de Ville a sans doute tout fait disparaître, la décorationDécor intérieur des Grands Salons (XIXe s.) comme la disposition intérieure des pièces.

 Quant au rez-de-chaussée, le décor est résolument du XIXe siècle. Les ors de la République se développent dans les grands salons, créés ou restaurés dans les années 1887 et restaurés en 2004 - 2005. Au bronze doré des lustres fin XIXe siècle (un lustre à six branches et sur chacune d'entre elles, huit ampoules et un autre lustre à six branches, mais avec six lumières pour chaque branche) s'ajoute celui des appliques à six ou huit branches.

Détail de deux candélabres Deux garnitures de cheminée, en bronze doré, complète le décor officiel. Un cartel dont le cadran est signé Sirard à Lisieux est encadré par deux chandeliers à six branches. L'autre horloge porte l'inscription Rollin à Paris. Elle est entourée de deux chandeliers à huit branches de style rocaille. Des rideaux de soie rouge complètent le décor officiel de ces salons. Au-dessus des glaces, les armoiries de la Ville de Lisieux ont été conservées : d'argent, à deux clefs de sable posées en sautoir, cantonnées de quatre étoiles du même ; au chef d'azur à trois fleurs de lys d'or posées en face. On les retrouve systématiquement dans les grands ensembles décoratifs ordonnés par les différentes municipalités lexoviennes.

La restauration du parquet des grands salons a été réalisée conformément au dessin existant auparavant. Il s'agit de celui que l'on trouve également dans un salon contigu, actuellement affecté au service de la régie de la Mairie, dont la restauration, en 2004 - 2005, a mis en évidence le beau travail de boiserie qui entoure et surmonte la cheminée du mur ouest.

Décor d'un dessus de cheminée Les plaques de marbre, dans la cour et dans les grands salons, illustrent, partiellement, la vie municipale. Dans la cour, la mémoire des grandes familles lexoviennes survit grâce au rappel, en doré sur marbre noir, de leurs gestes charitables effectués en faveur des plus déshérités de leurs concitoyens. Le premier date de 1888, le dernier de 1957. En un peu moins de cent ans, c'est à une lecture de toutes les préoccupations sociales de l'époque que nous sommes conviés : dons en faveur des plus pauvres, des ouvriers, des vieillards, des jeunes filles méritantes mariées dans l'année (1908), du collège de Lisieux et de ses élèves laborieux et sans fortune (1888), aux mères de famille nombreuse (1936), à l'hôpital-hospice, au bureau de bienfaisance, aux crèches et écoles maternelles municipales. Seul le don du château de St-Germain de Livet (1957) n'est pas destiné à une oeuvre sociale.

Dans les grands salons, les visites officielles s'égrènent au gré des lectures des plaques de marbre : Albert Lebrun (1932), Vincent Auriol (1948), de Gaulle (1960), Jean-Paul II (1980) et F Mitterrand (1982).

Dans l'entrée, une plaque de marbre évoque les fonctionnaires municipaux tués pendant la guerre de 1939-1945, vraisemblablement pendant les bombardements de juin 1944.

Aimable ville où les municipalités républicaines occupent un hôtel particulier d'Ancien Régime, construit au début du XVIIIe siècle, qu'elles ont transformé en y incluant les signes de leur pouvoir mais en gardant les armoiries médiévales de la cité, le tout étant rythmé par les sonneries des cloches qui proviennent d'un couvent aujourd'hui disparu.

Jean BERGERET
Conservateur en chef des musées de la Ville de Lisieux
Directeur du service culturel


LES MAIRES DE LISIEUX

On l'a vu plus haut, les fonctions civiles, judiciaires et de police étaient exercées par l'évêque de la ville de Lisieux. Thomas Bazin autorisa ou confirma la possibilité d'élire, chaque année, des conseillers au pouvoir restreint. C'est sous son épiscopat qu'une Chambre de Ville fut choisie. Les sénéchaux puis les vicomtes, à partir de 1523, présidèrent le corps municipal composé de quatre conseillers de ville. Le bailli succéda au vicomte dans cette charge et les échevins remplacèrent les conseillers de ville (sans doute au début du XVIIe siècle).

Le premier maire connu de Lisieux est Claude de Mongouin et le corps municipal était alors composé d'un maire, de deux échevins, d'un procureur du Roi, d'un substitut et de conseillers.

Sous-Sénéchaux

1426 Thomas Le Pourry    
1431 Cosme de Banery    
1437 Jean Vipart, écuyer    
1439 Robert le Perchié    
1442 Jean Le Aynet, vicomte d'Orbec    
1443 Jean de Louraille    
1444 Jean Vipart
1448 Jean Le Aynet
1454 Jean Vipart
1470 Simon de Conflans, écuyer
1483 Pierre Cardonel
1503 Roger Duval
1521 Guillaume Toutain
1522 Henri de Bernières

Vicomtes

1524 François Osmont, écuyer
1534 Germain Duval
1557 Pierre de la Porte.

Bailli vicomtal

En 1644, François Morin, sieur de la Desmarière, bailli vicomtal.

Après, la liste des maires s'établit de la manière suivante

Claude Mongouin, maire perpétuel, puis maire ancien et mi-triennal et bailli de l'évêque en 1705. Il exerça jusqu'en 1712.
Germain Rioult, maire alternatif et mi-triennal en 1707
Romain Cudorge, installé le 14 janvier 1708
Germain Rioult, réinstallé le 25 juin 1708
Pierre Levallois, installé en 1712. Achète sa charge.

Le corps municipal, conformément à un édit de Louis XV, fut constitué de trois échevins et fut présidé par le bailli vicomtal.

Bailli vicomtal

François-Joseph Paisant, connu comme maire à partir de 1717 jusqu'en 1742.

Maires nommés d'après l'arrêt du conseil d'Etat du 8 avril 1747

1747 Gabriel Desperrois
1750 Jean Pollin-Boislaurent
1753 Alexis Panthou
1756 Jean Lecesne
1759 Nicolas-Marie Vata
1765 Guillaume Poret, sieur Dulongval

Maires nommés d'après l'édit du mois de juillet 1766

1766   Jean-Armand-Antoine-Devoyne, sieur de Formanel
1770    Noël Lerat, échevin, lieutenant-général au bailliage vicomtal
           C'est sous son administration que fut acheté l'Hôtel de Ville actuel.
1779    André Maillet
1782    Louis-Jacques-Hippolyte du Boullay

Maires nommés d'après la loi du mois de décembre 1789

1790    François-Pierre Leroy-Beaulieu
1791    Thomas Gannel
1792    Michel Bloche

Maires nommés par les représentants du peuple envoyés dans les départements

1793    Louis-Jean-René Prieur
1794    Jean Coessin

Régime intérimaire

1795    Michel Bloche

Présidents de l'administration municipale (Loi du 5 septembre 1795)

1795    Jean-Baptiste Vergé
1796    Pierre Lerebours
1797    Guillaume-François Riquier
1798    Jean-Jacques Nasse

Maires nommés d'après la loi du 17 février 1800
1800    Jean-Jacques Nasse
1808    Louis-Jacques-Hippolyte Thillaye du Boullay
1813    Jean-Jacques Nasse
1816    Joseph-François de Bellemare

Maires nommés d'après la loi du 31 mars 1831

1832    François-Pierre Leroy-Beaulieu
            Nommé de nouveau en 1834, 1837 et 1840.
1842    Adrien-Benjamin Formeville
            Nommé de nouveau en 1843 et 1847.
1847    Jean-Lambert Fournet

Commission municipale provisoire 1848

Jean-Baptiste-François de Salles Cosnard-Labretonnière
Théodore Delaporte

Maires nommés d'après le décret de l'Assemblée nationale du 3 juillet 1848

1848    Victor Godefroy

Maires nommés par le préfet :

1853    François Fauque
1871    Jules Prat
1875    Léopold Frauque
1878    Louis Michel
1881    Théodule Peulevey

Maires élus à la suite de la loi du 28 mars 1882

1894    Henry Chéron
1908    Joseph Guillonneau
1909    Arthur Lesigne
1932    Henry Chéron
1936    Albert Degrenne
1945    Casimir Hue
1945    André Carles
1953    Robert Bisson
1977    André-Eugène Baugé
1989    Yvette Roudy
2001    Bernard Aubril

D'après A.-J.L. Dingremont, Du corps municipal de Lisieux, 1 vol. 40 p. Lisieux, J.J. Pigeon, 1849.


(1) Etienne Deville, L'hôtel de ville de Lisieux dans Journal de Rouen, 7 août 1923.
(2) Arch. Dep. Calvados, 2 MI DM 255. II convient de consulter les dossiers des Archives Départementales du Calvados pour l'ensemble des travaux de l'Hôtel de Ville de Lisieux.
(3) Lisieux Magazine, n°29 juin 2007.
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