LE FORT, Victor :  Lottin de Laval, le père du flan (1914).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (20.I.2007)
Texte relu par : A. Guézou
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Orthographe et graphie conservées.
Texte établi sur l'exemplaire de la Médiathèque (Bm Lx : Norm 31 bis GF) du numéro d'avril 1914 de La Revue illustrée du Calvados, publiée à Lisieux par l'Imprimerie Morière.
 
Lottin de Laval, le père du flan
par
Victor Le Fort

~*~

LE flan ! Quel flan ? Celui qu'on achète par triangles aigus, flasques et sucrés, aux entractes du Cirque et à l'éventaire des pâtissiers de la foire de Pâques ? Non. Et cette machine énorme qui appuie de sa masse surprenante ce titre singulier n'est pas davantage quelqu'une de ces inventions saugrenues et pratiques qui transforment par exemple un couteau à jambon en microtome perfectionné et un grilloir à café en une usine miniature. Ce n'est pas une machine à faire du flan.

C'est la dernière et la plus importante création des établissements Marinoni, une machine rotative à imprimer, la plus grande qui ait été construite à ce jour.

Elle est formée de 2 machines quadruples accouplées pouvant fonctionner ensemble ou séparément. Elle imprime les journaux de 4 à 16 pages à raison de 40 à 60.000 à l'heure et ceux de 16 à 32 pages à une vitesse moitié moindre.

Les exemplaires sortent de la machine avec les pages intérieures encartées et collées et par paquets pliés et comptés.

Deux de ces machines ont été fournies au Journal « La Nacion » à Buenos-Ayres et une autre au Journal « O Estado de Sao-Paulo » : ce sont d'ailleurs sur des machines de même principe, sinon de même puissance ou de même type, que sont tirés les grands quotidiens français.

Très bien, mais le flan ! le flan ! Nous y voilà. Le flan est tout simplement le procédé de moulage instantané des formes typographiques ordinaires, planes, lourdes et fragiles, qui permet de les reproduire avec leurs caractères sans qu'il y manque une virgule et avec leurs clichés d'illustration, sous forme de feuilles de plomb cylindriques, légères et homogènes, feuilles qui, fixées sur les rouleaux des machines rotatives, impriment aux vitesses folles que nous venons d'indiquer le journal ami que nous lisons en déjeunant chaque matin.

Enfin, nous justifions notre enseigne et c'est cela qui nous importe le plus ! Celui qui imagina ce procédé, mis d'abord au service de l'archéologie épigraphique et que l'imprimerie adopta et a continué d'employer sans y avoir rien changé, est un savant et un artiste de chez nous, Pierre-Victorien Lottin, dit Victor Lottin de Laval, né à Orbec, le 19 septembre 1810, et mort à Menneval (Eure), le 23 février 1903.

Il se peut au surplus que la définition sommaire que nous venons de donner du « flan » soit demeurée malgré notre bonne volonté, aussi peu claire que les plus mystérieuses des inscriptions rapportées par Lottin de Laval du fond de l'Arabie Pétrée.

Nous y suppléerons plus tard en examinant la technique du procédé. Voyons pour l'instant la vie et les travaux de notre grand homme.

Image agrandie (479 ko)Machine rotative octuple, tirant les journaux de 4 à 16 pages, à raison de 40.000 à 60.000 à l'heure : la machine la plus puissante construite à  ce jour par les établissements Marinoni.


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* *

Pierre-Victorien Lottin était fils de Tranquille-Victorien-Constant Lottin et de Marie-Victoire Delaval. Le nom sous lequel il est connu n'est donc pas absolument authentique ; c'est cependant beaucoup plus qu'un pseudonyme.

M. Lottin père était établi marchand chapelier à l'angle de la rue Guillonnnière et de la rue Grande, dans une étroite maison à pignon qui portait le numéro 28 de la rue principale.

Pierre-Victorien fut un enfant de l'amour. Il vint au monde dix mois à peine après le mariage de ses parents qui avait eu lieu le 3 décembre 1809.

Lorsqu'il naquit sa mère n'avait que dix-sept ans et demi ; son père, ancien soldat de Sambre-et-Meuse, auquel les besognes de la guerre n'avaient pas laissé le loisir de se marier plus tôt, en avait quarante.

Deux années plus tard, en 1812, le ménage avait un second enfant, une fille.

Le jeune Lottin aurait pu avoir comme les autres une enfance heureuse, embellie et protégée en tout cas par la tendresse de sa mère. Mais il avait sept ans et demi, lorsque celle-ci mourut, le 8 avril 1818.

Il est à penser que vers cette époque, son père, n'ayant guère le temps de s'occuper de lui, le confia aux demoiselles Asselin, qui tenaient à Orbec une école mixte.

Image agrandie (200 ko)Pierre-Victorien LOTTIN, dit Victor LOTTIN de LAVAL. Romancier, Historien, Orientaliste, Archéologue, Peintre el Modeleur, Inventeur du montage au papier, Né à Orbec, le 19 Septembre 1810, Mort Manneval (Eure), le 23 Février 1903.

A 10 ans, il passa des mains des deux bonnes filles en celles d’un certain Châtel qui venait de fonder un pensionnat dans le bourg.

Un ami intime de Lottin, M. Etienne Deville, auquel nous enprunterons quelques détails biographiques, a consigné dans un petit livre consacré au savant le souvenir assez mauvais que celui-ci avait garde de l'éducateur près de qui il commença ses humanités moyennant une rétribution de quarante sous par mois.

image agrandie (272 ko)Orbec, où naquit de Lottin de Laval. — A droite, la croix indique la maison à pignon aigu qui fait l'angle de la rue Grande et de la rue Guillonnière et ou naquit Lottin de Laval. C'était autrefois le n°28 de la rue Grande mais la numération a changé. La famille du savant possède toujours plusieurs immeubles de ce quartier.

Comme il était d'usage dans toutes les écoles de ce temps-là chaque enfant apportait l'hiver sa bûche pour contribuer au chauffage collectif, mais il paraît que le maître 'école était beaucoup lus préoccupé de remplir son bûcher que de chauffer sa classe. En revanche, il se montrait prodigue de coups de règle sur les doigts. Chauffage économique.

Hors de portée de sa férule, les gamins d'Orbec se dédommageaient en se livrant à des jeux interminables et bruyants autour des vieilles halles à présent démolies. L'été, par manière d'amusement, ils reconduisaient à coups de pierres leurs camarades de Saint-Gernain-la-Campagne.

Au retour de ces belles équipées et lorsque tous ses petits amis avaient regagné la demeure familiale, le jeune Lottin, demeuré seul, s'en allait retrouver à l'auberge son père qui lisait le Constitutionnel en compagnie de quelques-uns de ses anciens compagnons d'armes.
   
Rien dans tout cela ne laissait prévoir l'esprit organisé, l'artiste et le savant qui devaient cependant bientôt se révéler.

A 13 ans et demi, Victor Lottin arrivait à Paris et se logeait chez un de ses oncles. Occupé tout le jour à d'ingrates besognes manuelles, l'enfant se réfugiait le soir dans la poésie des livres. Dans sa mansarde, à la lueur parcimonieuse d'une chandelle, il parfaisait ainsi son instruction, grâce aux volumes empruntés aux cabinets de lecture.

La protection de Guizot, alors ministre, le fit entrer en qualité de secrétaire chez le comte d'Avesnes.

Il touchait 50 francs par mois pour deux à trois heures de travail par jour. Ce passage chez un homme instruit et qui possédait une superbe bibliothèque fut des plus profitables au jeune Lottin.

Peu après, toujours sur la recommandation de Guizot, il est nommé expéditionnaire à l'Hôtel-de-Ville, aux appointements de 1.200 francs par an.

Assuré de l'existence, il commence à taquiner la Muse, il s'essaye au théâtre, Jules Janin, lui consacre dans une gazette quelques lignes bienveillantes. Lottin de Laval s'est montré dans ses oeuvres et vis-à-vis même de ses intimes, d'une discrétion rare en ce qui touche cette période de son existence ; période de début, de demi-succès, d'illusions, et d'amertumes. Cependant, petit à petit, le jeune homme faisait son chemin. A 20 ans, il était déjà mêlé au monde littéraire et avait peu après, sa place dans le cénacle romantique.

Image agrandieUn portrait de Lottin de Laval
alors qu'il n’était qu’un littérateur romantique
déjà apprécié


Des artistes comme Eugène Delacroix, Alfred et Tony Johannot, des poètes et écrivains comme Lamartine, Dumas et Georges Sand, des musiciens, Meyerbeer, Rossini, Berlioz, Chopin, Liszt, vivaient avec lui en complète amitié ; il allait parler littérature et art dans l'atelier de Daguerre encore décorateur, mais qui pensait déjà à sa plaque d'argent poli qui devait révolutionner le monde ; en 1832, deux sémillants jeunes hommes costumés en abbés de cour se rendaient à un bal masqué chez Alexandre Dumas, c'était, bras dessus bras dessous, Ernest Legouvé et Lottin de Laval.

Ce fut dans ce bouillon de culture de choix, peut-on dire, que se développa de la plus heureuse manière, l'âme et l'esprit du gamin d'Orbec.

Ce fut aussi au contact de ces talents si variés que Lottin dut cet éclectisme ébloui qui le fit aborder avec toute la fougue de sa généreuse nature, les genres les plus divers et qui lui permit de devenir remarquable dans chacun.
A la musique seule, il resta étranger.
    
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* *

Il serait extrêmement intéressant de suivre l'évolution complète de ce curieux esprit à travers ses oeuvres et l'épanouissement complet de la chrysalide.

L'opuscule que M. Etienne Deville a pieusement consacré à son ami, résume au moins les caractéristiques d'ensemble de l'œuvre de Lottin de Laval et indique utilement les sources où ceux qui souhaiteraient le mieux connaître, pourraient trouver à se satisfaire. Quant à nous dans le cadre bref de cet article, il nous faudra rendre un hommage rapide au savant, à l'explorateur, à l'artiste et à l'inventeur et nous en tenir, comme nous nous le sommes proposé, à l'historique du procédé de moulage qu'il inventa et qui, simple moyen créé par l'égyptologue, est devenu aujourd'hui le plus grand et le plus incontestable de ses titres à l'immortalité.

C'est de sa propre bouche et d'après les documents officiels qui indiquèrent et contrôlèrent son invention que nous allons à présent en connaître la genèse et l'application.

Il l'a exposée lui-même, avec la clarté qu'il apportait en toutes choses, dans un tout petit livre qu'il appela « Manuel complet de Lottinoplastique » et en exergue duquel il plaça cette devise – « Simplifier, simplifier, vulgariser. Rendre les chefs-d'oeuvre de l'art accessible à tous ».

Image agrandie 100 ko)Le Buste de Lottin de Laval.
Terre cuite par Carrier-Belleuse, exécutée en 1867

Il y a plus de vingt ans écrivait-il en 1857, j'étais à Ravenne, frappé de l'originalité d'une ornementation de l'époque florissante des Amales, j'essayai de la reproduire à l'aide de substances légères et en même temps solides, ma tentative ne réussit que médiocrement. Je la renouvelai à Gênes en 1836 et j'obtins des résultats meilleurs, je fis même quelques moulages en plâtre par mon procédé, de sculptures d'un mince relief, et de médailles pisanes. Revenu en France et forcé de me livrer à des travaux de littérature et d'art très actifs, je n'y songeai plus.
    
« Quelques années plus tard, ayant renoncé à la poésie et aux oeuvres d'imagination pour suivre la route plus ardue de la Science, je fus chargé par le gouvernement d'une mission historique et archéologique en Asie… »

Ce voyage commencé en 1843 dura près de quatre ans, c'est au cours de cette longue pérégrination à travers le Kurdistan, la Médie, la Haute-Assyrie, la Chaldée, la Syrie, la Palestine et l'Égypte, qu'il expérimenta pratiquement et sur une vaste échelle, sans aucun jeu de mots, son procédé de moulage au papier auquel le hasard d'un accident lui révéla le moyen de donner la rigidité et l'imperméabilité indispensables.

Parti avec de vagues données sans aucun résultat probant, il était au cours de cette mission sûr à ce point de sa découverte qu'il avait conçu le projet de mouler en entier les grandes sculptures de Persépolis et leurs inscriptions, celles de Van et les bas-reliefs de Schapour. La modicité de ses ressources — ressources personnelles sans le moindre concours de l'État — l'en empêcha.
    
Lottin de Laval savait d'après les indications de Peiresc, le vieil antiquaire provençal que le papier gris non collé était propre à faire des estampes d'inscriptions ou d'objets d'un relief peu sensible, mais l'empreinte ainsi obtenue était molle et instable et il ignorait d'ailleurs tout de cette manipulation.

Les premiers essais qu'il fit eurent lieu en Asie à Vaïcham et à Varhezom, dans la Haute-Arménie. Ils furent vite couronnés de succès.
    
Lottin de Laval employait pour ses moulages des papiers bulle très légèrement collés dont il trouva à s'approvisionner partout à Bagdad et à Ispahan comme en Egypte. Il couvrait les inscriptions à reproduire en commençant par en haut de deux épaisseurs de ces feuilles ramollies dans l'eau et devenues de ce fait très plastiques, enfonçant avec une spatule cette pâte dans les grands creux et renforçant l'ensemble par d'autres feuilles collées d'abord avec de la colle de farine, puis ensuite avec de la gélatine ou de la colle de Givet. Cet emplâtre pressé sur le sujet à mouler séchait rapidement et donnait en quelques minutes des empreintes d'une fidélité et d'une légèreté extraordinaires.
    
Malheureusement, tels quels, ces moules n'étaient pas imperméables et il n'était possible d'en tirer qu'une seule épreuve en plâtre. Après ce tirage la matrice était hors d'usage. De plus, la pluie, un accident pendant le transport en bateau sur les fleuves ou en mer pouvaient anéantir les précieuses estampes. Il fallait trouver autre chose.

Lottin essaya de rendre imperméables ses moules en les enduisant d'huile de sézame et plus tard lorsque celle-ci vint à lui manquer, de suif de mouton fondu qui donnait le même résultat. Enfin, après de longs jours de marche, sous un soleil torride, Lottin de Laval arriva un soir à Cheik-abd-ul-Azim et harassé s'endormit, laissant la caisse contenant ses moulages dans la cour d'un caravansérail.

L'archéologue fut soudain éveillé par les cris de son domestique. Le feu venait de prendre à la caisse. Lottin de Laval se précipita et s'employa à sauver une partie de son trésor. Hélas, la moitié des moulages était brûlée ou brisée, le reste jauni, noirci et en piteux état.

Le désespoir du savant fut immense. Il voyait, anéanti en quelques minutes, presque tout le fruit de trois années de travail exécuté à ses frais, dans des contrées inhospitalières et au prix de mille fatigues.

Mais un peu plus tard, en essayant les moulages que le feu avait épargnés, il remarqua avec étonnement qu'en sortant le plâtre du moule, celui-ci n'était nullement altéré par l'opération, et avait conservé sa forme et sa rigidité primitive ; il offrit la même résistance après le coulage d'un grand nombre d'épreuves. L'incendie désastreux avait fourni à Lottin de Laval ce qui manquait à sa formule pour être parfaite, la cuisson. De ce voyage, notre compatriote rapporta néanmoins plus de deux cents bas-reliefs qu'il moula lui-même à son retour à Paris et qui stupéfièrent le monde savant par leur beauté, leur netteté et leur importance.

Le gouvernement royal voulut s'en assurer la possession en même temps que la jouissance du procédé. Des démarches furent faites dans ce but par M. de Salvandy, ministre de l'Instruction publique. Deux commissaires, ignares et peu généreux estimèrent le prix de la collection rapportée par M. Lottin de Laval de 15 à 1.800 francs. Ce n'était même pas la valeur du transport d'un seul des bas-reliefs, d'Égypte à Paris.
    
La Révolution de 1848 survint. Sur le rapport élogieux de M. de Parieu, le nouveau ministre de l'Instruction publique, le prince Louis-Napoléon Bonaparte, président de la République signait le 16 Mars 1850, le décret achetant la collection plastique et épigraphique rapportée par Lottin de Laval d'Asie centrale et d'Asie mineure, pour être déposée au Musée du Louvre et y faire suite à la galerie assyrienne. La description du procédé de moulage fut déposée à l'Académie des Sciences.
    
Faute de fonds, cette collection fut payée bien peu cher au savant et l'indemnisa à peine de ses débours, Mais, si grand était son désintéressement et son amour de la science qu'il accepta une seconde mission officielle moyennant 1.500 francs, pris sur les indemnités annuelles aux savants et aux gens de lettres, plus quelques milliers de francs pour un double voyage en Egypte et dans la presqu'île du Sinaï.

Lottin de Laval rapporta de cette seconde expédition, 669 pièces graphiques dont 282 moulages. La relation de son voyage fit l'objet d'un magnifique ouvrage édité sous les auspices du ministère de l'Instruction publique, et du plus haut intérêt.

La récompense nationale promise à Lottin de Laval fut tardive et l'efficacité de son procédé donna lieu dans les milieux académiques à des attaques dont la jalousie était le plus certain mobile. Des expériences publiques démontrèrent la facilité et la sécurité de la Lottinoplastie. La paternité de la découverte du clichage typographique au papier fut officiellement reconnue à M. Lottin de Laval par deux lettres de M. Léon Roger, professeur à l'Ecole Estienne et par M. E. Desormes, directeur de l'Ecole Gutenberg. Livré le plus souvent tout préparé aux imprimeurs, l'assemblage de feuilles de papier destiné au moulage typographique est connu aujourd'hui sous le nom de flan. Il est appliqué humide sur la composition, sur les formes s'il s'agit d'un journal, et l'adhérence est obtenue à l'aide d'une brosse de crin. Le flan est porté à l'étuve ou s'opère la dessication et la cuisson, on possède alors une pellicule mince et souple reproduisant les plus fins détails des caractères et pouvant être placée dans un moule plat ou cylindrique suivant que le cliché désiré doit être utilisé sur une presse à mouvement alternatif ou sur une presse rotative.
    
Il nous resterait à parler du peintre qui fut souventes fois heureusement inspiré par le ciel de l'Orient, ainsi qu'en témoigne par exemple une toile prise au milieu de cent autres : Le champ des morts à Hissar sur le Bosphore ; de l'artiste et du collectionneur qui avait fait de son château des Trois-Vals à Menneval, près Bernay, où il était venu en 1839, un musée des plus curieux ; de l'historien de Bernay et de son arrondissement. A ces différents titres de nombreux hommages ont déjà été rendus.
    
Le lundi 23 février, M. Lottin de Laval, chevalier de la Légion d'honneur, officier de l'Instruction publique, commandeur du Lion et du Soleil de Perse, allait rejoindre dans la tombe sa femme, née Marguerite Grellet de Combredet, décédée le 20 avril 1901, dans sa 80me année.
    
La longévité robuste du savant eût sans doute pu se prolonger encore ; sa mort fut la conséquence d'un accident ; monté sur une chaise pour décrocher un tableau, M. Lottin tomba et se brisa la cuisse. Après sa mort, ses belles collections furent dispersées au feu des enchères. Néanmoins, une grande quantité de souvenirs le concernant avaient été pieusement conservés par Mme Breavoine, cousine de M. Lottin, et qui vient de mourir elle-même, il y a quelques semaines, à Orbec, léguant ces souvenirs à son neveu, M. Hesse, qui a bien voulu, ainsi que sa famille, nous communiquer avec une extrême bonne grâce dont nous le remercions, et mettre à notre disposition les bustes et tableaux qui illustrent ces pages.

V[ictor] L[e] F[ort]


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