DINGREMONT, A.-J.-L.: Notice sur Guillaume de Hautemer, seigneur de Fervaques, Maréchal de France.- A Lisieux : chez P. C. Tissot, imprimeur-libraire-relieur, 5 rue Pont-Mortain, 1824.-II-35 p ; 21 cm.
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Notice sur Guillaume de Hautemer,
seigneur de Fervaques, Maréchal de France
par
A.-J.-L.Dingremont
 

L'auteur de cette Notice possédait depuis quelque temps des notes assez intéressantes sur le Maréchal de Fervaques ; le désir de connaître plus particulièrement les différentes circonstances de la vie de ce Seigneur, que la tradition représente comme un brigand forcené (1), lui a fait faire des recherches qui lui ont prouvé que cette tradition n'a pas été bien fidèle à son égard ; que l'amour du changement, la soif du pouvoir, l'appât des richesses, lui firent commettre des fautes graves et peut-être des crimes ; mais aussi qu'il fut un brave guerrier, qui, surtout lorsqu'il se fut attaché à Henri IV, rendit des services éminens à son prince et à sa patrie.

Anquetil, dans son histoire de l'Esprit de la Ligue, dit qu'il fut "un de ces hommes que l'appât de la fortune mène au crime comme à la vertu". On trouve dans le procès-verbal du pillage de la Cathédrale, dressé le 13 août 1562 : "Item. Ledit de Fervaques a fait plusieurs outrages et excès en ladite ville, non-seulement depuis l'ouverture de ladite église nouvelle, (église protestante) mais de tout temps de sa vie, et durant qu'il a fait résidence en cette ville, a toujours été autheur des séditions et émeutes qui se sont faites en cette ville." Mais aucun des ouvrages que l'auteur a consultés, ne font mention de ces bruits populaires qui sont assez accrédités à Lisieux et dans les environs, et qui lui imputent des crimes atroces. Il y a lieu de croire que ces bruits sont le fruit de la haine qu'on lui portait, à cause des sacrilèges dont il se rendit coupable, en dévastant les églises, dans un temps, surtout, où la religion avait une grande influence ; peut-être aussi, commit-il quelques uns des excès dont on l'accuse.

Cette notice n'avait d'abord été destinée qu'à paraître par parties, dans la feuille d'annonces de l'arrondissement ; mais quelques personnes ayant manifesté le désir de l'avoir dans un seul recueil, on en a tiré un petit nombre d'exemplaires.

Les ouvrages consulltés sont :

L'Histoire de la maison de Harcourt, par M. de la Roque.
Les Additions aux Mémoires de Castelnau, par le Laboureur.
Les Mémoires de Sully.
L'Esprit de la Ligue, par Anquetil.
L'Histoire de France, par Mézerai.
L'Histoire de Normandie, par Masseville.
L'Histoire de la ville de Rouen, par Farin (Chapitre des Gouverneurs).
Le Procès-verbal du pillage de la cathédrale de Lisieux, dressé par le Scribe du Chapitre, le 13 août 1562.
Le Procès-verbal de la visite des Reliques de cette église, par Jean Hennuyer, le 10 juin 1564.
Les Registres de l'Hôtel de ville de Lisieux.
Et quelques notes particulières.

 
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GUILLAUME DE HAUTEMER, chevalier, comte de Châteauvillain, baron de Grancei, seigneur de Fervaques, descendait des anciens seigneurs de ce lieu. Son père était Jean de Hautemer, seigneur de Fervaques, du Fournet et du Mesnil-Tison, et sa mère Anne de la Baume. Il nâquit en 1538, sous le règne de François 1er, et vêcut sous ceux de Henri II, François II, Charles IX, Henri III, Henri IV et Louis XIII. Dès sa tendre jeunesse, il embrassa l'état militaire et donna dans toutes les occasions des preuves de sa valeur. Il se trouva à la bataille de Renti, gagnée le 13 août 1554, par Henri II, ayant sous ses ordres Gaspard de Saulx de Tavannes et François 1er, duc de Guise, sur les troupes impériales commandées par Charles-Quint et Emmanuel Philibert, duc de Savoie ; à celle de Saint-Quentin, perdue le 10 août 1557, par les Français, commandés par le connétable Anne de Montmorency ; les troupes espagnoles avaient pour chef Emmanuel Philibert, duc de Savoie et le comte d'Egmont ; Philippe II, roi d'Espagne, était présent ; il se trouva également à celle de Gravelines, qui eut lieu le 13 juillet 1558 ; le comte d'Egmont favorisé par douze navires anglais, y battit les Françaiss commandés par le maréchal de Thermes (Paul de la Barthe de Thermes), qui y fut fait prisonnier.

En 1560, pendant les guerres civiles qui désolaient la France, la Normandie, dont les habitans étaient divisés, contenait trois partis, celui des catholiques, celui des protestans et un troisième parti composé de protestans et de catholiques, qui avait pour lui plusieurs villes, et dont le chef était Henri-Robert de la Marck, duc de Bouillon, alors gouverneur de cette province. Le seigneur de Fervaques était du nombre des derniers.

Le 5 mai 1562, des partisans de cette faction étant entrés dans Lisieux, il s'empara, dans le courant du même mois, du gouvernement de la ville, au préjudice de Gui de Longchamp, seigneur de Fumichon, qui y commandait en l'absence et pour le duc de Bellegarde, qui en état capitaine-gouverneur pour le roi. Le sieur de Fervaques se disait commis à cette place par le duc de Bouillon, et il fut l'un des chefs des factieux qui pillèrent l'église cathédrale. Il répondit aux chanoines, qui se plaignaient à lui des excès auxquels on se livrait, que l'Eglise nouvelle (les protestans) ayant décidé qu'il ne resterait ni chanoines ni prêtres à Lisieux, ils n'avaient rien de mieux à faire que de se retirer, et que la ville ne serait en repos que lorsque la vermine de prêtraille (ce sont ses termes) en serait dehors. Ces ecclésiastiques ayant été forcés d'abandonner leurs maisons, le sieur de Fervaques y fit loger ses partisans, et lui-même prit pour logement la maison de l'official.

Les 1er, 9, 23 de juin et 3 de juillet de la même année, il se fit remettre les armes et les munitions déposées à la maison commune ; les reçus sont signé De Hautemer. Il intitulait ainsi ses actes : "Guillaume de Hautemer, chevalier, comte de Châteauvillain, baron de Grancey en Thy en l'Ossoys, seigneur de Fervaques, et commis au gouvernement de la ville de Lisieux, par monseigneur le duc de Bouillon, lieutenant duu roi, notre sire, et gouverneur en Normandie". Dans le commencement du mois de juin, il fit visiter les maisons des habitans, fit enlever les armes et les munitions qu'il trouva, et les remit à ceux de son parti. Pendant la foire de Saint-Ursin, il fit mettre en prison et fouetter aux carrefours deux malades, qui étaient venus pour implorer les secours de ce saint, et il s'appropria tous les droits que l'on percevait à cette foire, au profit des chanoines. Il fit également conduire en prison, revêtu de ses habits sacerdotaux, un prêtre que l'on avait trouvé célébrant la messe, dans une maison particulière.

Il fit faire l'ouverture du chapitre où l'on avait déposé la châsse de St.-Ursin et d'autres ; cette châsse était revêtue d'une lame d'argent doré, ornée de bas-reliefs représentant les apôtres et enrichie de pierres précieuses ; il dit en la voyant : "On dit que si j'avais fait ouvrir cette belle châsse, je ne vivrais pas deux ans ; quant je devrais mourir je la ferai ouvrir". Aussitôt il ordonna à un nommé Gaillard, serrurier, d'en faire l'ouverture. On y trouva trois sacs de cuir de cerf, scellés du sceau de M. d'Estouteville, évêque et comte de Lisieux. Fervaques ayant coupé, avec son épée, les cordes qui les liaient, dit en voyant ce qu'ils contenaient : "Ce sont des os de cheval" ; d'autres disaient : "ce sont des os de mouton ou de chien" et autres termes sembles. "Tenez, vos ossements, dit-il aux chanoines présens, ils vous ont servi à gagner de l'argent ; vous avez métier d'en gagner d'autre, car celui-ci est perdu pour vous ; si vous ne les emportez, ils seront brûlés et consumés en cendre". Mais Nicolas Sainctard, chanoine, se saisit de ces reliques et les emporta.

L'église de Saint-Pierre perdit dans cet affreux pillage, ses reliquaires, vases sacrés, croix, ensensoirs, ornements, linges, enfin, tout ce qui était exposé à la vénération publique, ou qui servait à l'exercice du culte.

Dans ce temps, le sieur de Fervaques fit venir à Lisieux un nommé Castel, moine apostat des Carmes de Rouen, avec une femme qu'il épousa ; Fervaques fit les frais du banquet de noces, et le nouveau ministre prêcha plusieurs fois en cette ville.

Ces séditieux, ayant appris que le duc d'Aumale (Claude de Lorraine), lieutenant général du roi en Normandie, approchait de notre ville, se livrèrent à de nouveaux excès ; ils tuèrent un nommé Hébert, catholique, et disaient qu'il en fallait faire autant à ceux qui tenaient le parti de l'église romaine. Le sieur de Fervaques dit même que, s'il ne pouvait conserver le commandement à Lisieux, il mettrait le feu aux quatre coins de la ville ; puis il ajouta : "Aumale m'en veut, mais, par le corps de Dieu, je lui marcherai sur le ventre, s'il prend son chemin vers Lisieux ; je serai toute ma vie de l'église nouvelle, en dépit de lui, et ne permettrai jamais qu'on dise la messe en cette ville, ni autres lieux où j'aurai puissance. S'il vient gens pour entrer en cette ville, je ferai un rempart de la prêtraille et des papaux". mais ces menaces et celles des autres factieux n'eurent point d'effet, car s'étant réunis dans le faubourg de Saint-Désir, ils prirent le chemin du Havre, et dévalisèrent, sur leur route, les gens de la campagne et les voyageurs qui venaient à Lisieux.

Dans le cours de la même année (1562), le seigneur de Fervaques se trouva à la bataille de Dreux, gagnée le 19 décembre, par les français-catholiques sur les français-protestans ; les premiers étaient commandés par le connétable de Montmorency, le duc de Guise et le maréchal de Saint-André (Jacques d'Albon, marquis de Fronsac) ; les seconds par Louis 1er, princce de Condé, l'amiral Gaspard de Coligny et François de Coligny, seigneur d'Andelot, son frère. Le corps municipal de Lisieux ignorait alors son absence, car le 18 du même mois, il chargea le sieur Denis de se transporter à Fervaques, et de lui porter des lettres, par lesquelles on lui redemandait les armes de la ville, dont il s'était emparé ; le jeudi 7 janvier suivant (1562) (2) le sieur Dénis rendit compte de sa mission et dit que le sieur de Fervaques lui avait répondu le jour précédent" qu'il attendroit le retour de monseigneur le duc de Bouillon, que lesdits habitans estoient ses ennemys, qu'il les tueroit, ou les envoiroit au heurt et qu'il ne seroit en ceste ville malgrey lesdits habitans avant qu'il fust quinzaine.

Après avoir servi dans les rangs des séditieux, il paraît qu'il revint pour un temps à de meilleurs sentimens, et s'étant fait remarquer à la bataillle de Saint-Denis, le 10 de novembre 1567, il fut créé chevalier de l'ordre du roi, qui était alors celui de Saint-Michel, et il obtint une compagnie d'ordonnance.

Mais son esprit naturellement turbulent et les prétentions qu'il avait de commander à Lisieux, lui firent solliciter et obtenir ce gouvernement. Par lettres-patentes données à Boulogne le 8 de juillet 1568, Charles IX le nomma pour s'y transporter avec sa compagnie et y commander ; ce prince et son frère, depuis Henri III, écrivirent à ce sujet aux habitans le 10, et le sieur de Farvaques (c'est ainsi qu'il signait alors) leur écrivit également le 16, sa lettre est datée de Farvacques. Les habitans qui savient à quels excès il pouvait se porter, reclamèrent auprès du roi pour faire révoquer cette nomination ; mais leurs demandes furent pendant quelque temps inutiles. Cependant ce seigneur employait tous les moyens qui étaient en son pouvoir, pour leur persuader qu'après avoir abandonné totalement le parti des protestans, il n'userait de son autorité que pour maintenir la paix dans la ville et la préserver de toute surprise ; il prit même contre les sectateurs de la nouvelle doctrine, des mesures qui pouvaieent alors paraître nécessaires ; le 10 août de la même année, il fit publier l'ordonnance suivante :

"Ordonnances lesquelles monseigneur de Farvaques, chevalier de l'ordre du roy, capitaine de cinquante hommes d'armes de ses ordonnances, gouverrneur et lieutenant pour Sa Majesté en la ville et bailliage de Lisieux, entend estre gardez et observez en lad. ville et publiez, à ce que aulcun n'y contrevienne et n'en pretende cause d'ignorance.

Premierement.

Qu'il ne sera admis ne reçeu aux gardes des portes de lad. ville aulcuns de la religion prétendue refformée, ains y seront mis pour eulx et à leurs despens personnes solvables et suffisans, aux jours que iceulx de ladicte religion seroient de garde, par les quarteniers ou caporaulx du jour ausquelz seront faictes deffences d'y admectre lesdictz de la religion, sur poenne d'estre pugnys de l'amende des deffaulx.

Qu'il ne sera permis et est inhibé et deffendu ausdictz de la religion porter aulcunes espées, dagues n'y aultres armes par lad. ville avecques deffence aux gardes des portes les laisser sortir avecques leursd. armes le toult sur poenne de confiscation desd. armes et de prison.

Qu'il ne leur sera permis et leur est inhibé faire aulcunes assembleez, estre n'y demeurer en dinés ou colocque plus de troys, sur poenne de prison.

Qu'il ne sera laissé entrer en ladicte ville aulcunes personnes portans aultres armes que l'espée et dague, et sans estre plus grand nombre que dix, et en cas qu'il se presenteroit aulcunes personnes portantes harcquebuses ou pistollés pour passer ou loger en ceste ville, seront tenus poser lesd. armes et à ce faire contrainctz avant que leur permectre entrer, et seront au cas desd. et s'y besoing est, les gardes renforcer selon l'exigence du cas et lesquelles armes seront gardez par ceulx de la garde desdictes portes, ou portées en la maison de mond. seigneur de Farvacques, ou celuy qui commandera en son absence.

Que tous les taverniers et hosteliers de la ville et faulxbourgs seront tenus à l'instant qu'il sera arrivé en leurs maisons aulcunes personnes portans aultres armes que espée et dague, ou personnes au nombre que dix ensemblement, ou l'un aprez l'aultre, en advertir mond. sieur le gouverneur et lieutenant pour le roi, ou celuy qui y commandera en son absence, sur poenne de pugnition corporelle et privation de leur taverne et hostellerye".

Signé FARVAQUES.

Le 29 du même mois, on fit part au corps municipal qu'il avait demandé toutes les clefs des portes de la ville ; mais on arrêta qu'il serait prié de se transporter à l'Hôtel commun, où on lui ferait voir les privilèges, d'après lesquels les habitans avaient la garde d'une partie de ces clefs.

Le dernier jour d'août, le sieur Gui de Longchamp, seigneur de Fumichon, qui, dès le 28 octobre 1562, d'après la démission de M. de Bellegarde, avait été nommé par le roi, capitaine-gouverneur de cette ville, fit présenter au corps municipal de nouvelles lettres-patentes données à Boulogne, le 19 août 1568, d'après lesquelles, le roi, vu ses anciens services, sa constante fidélité, et pour se rendre au voeu des habitans, mandait à M. de Carouges, son lieutenant-général en Normandie, de le remettre en possession de sa charge. Le sieur de Fervaques, auquel il en fut donné avis, leur écrivit qu'il prétendait garder le gouvernement de la ville, et que s'ils ne l'avaient pas pour agréable, ils n'auraient ni le sieur de Fumichon ni lui ; sa lettre est datée de Caen le premier de septembre, et le corps municipal décida le deux, que l'on donnerait avis de ces obstacles au sieur de Fumichon. Ce seigneur qui se regardait avec raison comme ayant seul le droit de commander à Lisieux, fit aux habitans les plus grands reproches de ce qu'ils lui refusaient l'entrée de leur ville, après les services signalés qu'il leur avait rendus, et il les menaça de les traiter en ennemis du roi, s'ils persistaient dans leurs dispositions à son égard ; sa lettre est datée du château de Courtonne, le jour de Notre-Dame de septembre (8 septembre) 1568. Il semble cependant qu'il aurait dû refléchir sur leur position ; maîtrisés par la compagnie du sieur de Fervaques, sous les ordres du sieur du Breuil, son lieutenant, qui assistait à presque toutes les assemblées du corps municipal, ils ne pouvaient se déclarer ouvertement pour lui, et la crainte d'un combat livré dans leurs murs entre ces deux concurrens, était bien capable de les retenir sous un joug qu'ils semblaient détester. L'opiniâtreté du sieur de Fervaques et l'instabilité qui présidait alors à toutes les actions du gouvernement, lui firent obtenir de nouvelles lettres datées de Saint-Maur-des-Fossés, le 10 septembre, par lesquelles le roi lui mandait qu'il ordonnait au sieur de Fumichon de lui obéir en ce qu'il lui commanderait pour son service, ainsi qu'il pouvait le voir par les lettres qu'il écrivait à ce dernier et qu'il lui envoyait ouvertes ; le frère du roi leur écrivit également le même jour. Ces nouvelles provisions furent présentées au corps municipal le 3 octobre, par le sieur du Breuil, qui, le 10, y fit également présenter celles qui lui avaient été délivrées par le sieur de Fervaques, le 20 août précédent, pour commander à Lisieux en son absence. Mais par d'autres lettres-patentes données à Paris le 16 octobre de la même année 1568, le roi, d'après l'assurance donnée par les principaux de son conseil, étant convaincu des éminens services qui lui avaient été rendus par le sieur de Fumichon, et désirant le récompenser d'une manière éclatante, lui rendit le commandement à Lisieux, et lui mandait entr'autres choses : "Nous vous avons donné et donnons, par ces présentes, plain pouvoir, puissance, authorité et mandement spécial, de vous transporter incontinent et mectre dedans icelle nostred. ville, avecques les douze harquebuziers que nous vous avons puys naguères ordonnez, pour y commander et ordonner seul, tant ausd. douze harquebuziers, manantz et habitantz, que aultres gentz de guerre qui y seront par nous ordonnez, sy besoing est".

Les mêmes lettres commandaient à M. de Carouges, gouverneur et lieutenant-général du roi, à Rouen, ou en son absence, à son lieutenant, de se transporter à Lisieux et d'ordonner, de par le roi, au sieur de Fervaques, ainsi qu'aux officiers et habitans, d'ouvrir les portes au sieur de Fumichon, de le laisser entrer avec ses douze harquebusiers ; révoquant et annullant tous titres qu'il aurait pu donner au sieur de Fervaques pour y commander ; défendant à toutes personnes de lui obéir, mais ordonnant d'exécuter les ordres du sieur de Fumichon. Le roi écrivit également aux habitans pour leur faire part de cette détermination ; ces pièces furent présentées au corps municipal le 24 octobre. Mais le sieur du Breuil fit tous ses efforts pour conserver l'autorité ; il refusa au sieur de Fumichon les clefs de la ville dont il était saisi, attendu, disait-il, qu'il ne voulait rien faire sans l'autorisation du sieur de Fervaques. Pour mettre fin à ces débats, M. de Carouges envoya en cette ville, Philippe de Suroys sieur de la Bonnevye, muni de ses pouvoirs ; le 8 de novembre, il fit réunir à l'hôtel de ville, les sieurs de Fumichon et du Breuil, le corps municipal et les quarteniers ; le sieur de Fumichon demandait que le sieur du Breuil lui fit la remise des clefs de la ville, qu'il le laissât exercer paisiblement les devoirs de sa charge et que les habitans le reconnussent pour leur gouverneur, sous peine de les prendre à partie et de les traduire devant les quatre Maréchaux de France. Le commissaire n'ayant pu les mettre d'accord, il fut arrêté que l'on donnerait connaissance de ces entraves à M. de Carouges et que l'on attendrait sa réponse. Le 16 du même mois, Guillaume le Goubey, sergent royal en la vicomté d'Orbec, signifia à l'évêque, aux chanoines, aux membres du corps municipal et aux quarteniers, à la requête du sieur de Fumichon, les différents titres qui l'établissaient capitaine-gouverneur de Lisieux.

Le 19, M. de Carouges répondit aux habitans qu'ils devaient exécuter les ordres du roi, et recevoir M. de Fumichon pour commander dans leur ville ; enfin le sieur de Fervaques parut abandonner, pour un temps, ses prétentions sur Lisieux.

Alors il retourna à l'armée et fut l'un de ceux qui défendirent Poitiers contre l'amiral de Coligny, qui fut obligé d'en lever le siège, le 7 de septembre 1569.

Le 3 octobre de la même année, il combattit sous le duc d'Anjou à Moncontour.

Lors de la Saint-Barthelemi, le 24 août 1572, il fit tous ses efforts pour sauver la vie au capitaine Moneins qui s'était caché, mais il fut obligé, pour sauver la sienne, de découvrir la retraite de cet officier.

Il était maréchal de camp du comte de Matignon (Jacques de Goyon), lorsque la reine mère, Catherine de Médicis, l'envoya en Normandie, en 1574, pour reprendre quelques villes sur les protestans, et il se trouva aux sièges de Saint-Lo, de Domfront, où il fut blessé, et de Carentan.

Au mois d'octobre 1575, sous les ordres du duc de Guise, il défit quatre-vingt-dix-neuf reîtres, près de Dormans ; et dans le courant de la même année, il empêcha l'effet d'une conspiration formée contre le roi, en la découvrant à ce prince, qui le fit maréchal de camp.

Lorsque le 3 de février 1576, le roi de Navarre, depuis Henri IV, se retira de la Cour, pour prendre la défense des protestans, il avait communiqué son projet au seigneur de Fervaques, qui, mécontent lui-même du gouvernement, approuva fortement cette résolution et s'offrit à l'accompagner partout. Mais son indiscrétion pensa être funeste à son maître ; car une femme à laquelle il confia son secret, l'ayant découvert à Henri III, ce prince le fit mander au Louvre et Fervaques lui découvrit tout. Il n'en persista pas moins dans ses dispositions, et le lendemain il rejoignit le roi de Navarre, probablement à Alençon. Ce prince l'envoya de Tours avec le duc de Sully, son parent et son ami, pour redemander à Henri III et à sa mère, Catherine de Bourbon, sa soeur, depuis duchesse de Bar. Dans la suite, ce seigneur, d'un esprit inquiet et inconstant, ayant conçu de la jalousie de ce que Henri marquait de la confiance et de la considération aux principaux protestans, et ayant réfléchi sur la démarche qu'il avait faite contre son souverain, quitta tout-à-coup le roi de Navarre et revint à la Cour, où Henri III voulut bien le recevoir et lui pardonner cette défection, en faveur de ses anciens services.

Il fut un des confidens de François, duc d'Anjou, premier gentilhomme de sa chambre, chef de ses finances et de son conseil, grand-maître de sa maison, et lieutenant-général de ses armées aux Pays-Bas. Ce prince l'envoya, en 1581, au secours de Cambrai que le duc de Parme bloquait, et sous ses ordres, il chassa les espagnols de tout le Cambrésis.

Le 19 de février 1582, il assista à la cérémonie du couronnement du duc d'Anjou, que les députés des provinces reconnurent et inaugurèrent à Anvers, duc de Brabant et marquis du saint empire.

Ce jeune Prince peu content de ces titres qui ne lui donnaient point une entière autorité sur ces provinces, traversé d'ailleurs par les intrigues de Guillaume de Nassau, prince d'Orange, résolut, d'après l'avis de quelques-uns des seigneurs de sa cour, dont Fervaques faisait partie, de se saisir en un seul jour (le 18 janvier 1583) de sept ou huit des meilleures places, et de faire entrer ses troupes dans Anvers. L'entreprise réussit sur quelques points ; Anvers même fut sur le point d'être subjugué ; mais les bourgeois ayant tendu des chaînes, dressé des baricades, placé des corps-de-garde aux carrefours, aidés même de leurs femmes, qui, de leurs fenêtres se préparaient à accabler de pierres et de pièces de bois les troupes du duc, empêchèrent cette surprise.

Fervaques, qui, avec cent chevaux, pensait se couler le long des remparts et s'emparer de la citadelle, trouva cinq cents hommes à la porte de St-Georges, qui l'arrêtèrent ; deux compagnies d'infanterie qu'il employa pour les forcer, furent repoussées ; le prince d'Orange étant sorti au bruit, vint droit à lui, l'enveloppa et l'emmena prisonnier, les mains liées derrière le dos. La prise de ce fameux capitaine jeta l'alarme dans l'armée du duc, qui, accablée par les bourgeois et les troupes du prince d'Orange, fut mise dans une déroute complète. Quinze cents militaires, dont trois cents gentilshommes, périrent dans cette affaire, et deux mille restèrent enfermés dans la ville ; mais quelques jours après, ils furent renvoyés au duc d'Anjou. Fervaques, dans cette circonstance, courut de grands dangers ; le peuple, qui le croyait l'auteur de cette perfidie, l'aurait mis en pièces, si le prince d'Orange, sous prétexte de le garder étroitement, ne l'eût fait enfermer au château, dans une chambre grillée, avec douze gardes à sa porte.

Après la mort du duc d'Anjou, arrivée le 10 de juin 1584, il s'attacha au roi de Navarre et le suivit dans toutes ses expéditions. Ce prince héritier du sceptre de saint Louis, étant parvenu au trône de France, le 2 août 1589, par la mort du dernier des Valois, eut à surmonter beaucoup d'obstacles, avant d'en devenir le paisible possesseur ; mais enfin le ciel couronna ses succès, la justice de sa cause prévalut et...

"Il fut de ses sujets le vainqueur et le père".

Lors de l'assaut qu'il donna aux faubourgs de Paris, au mois de juillet 1590, Fervaques s'empara de celui de Saint-Denis, et s'y retrancha.

Le 15 de juillet 1591, le roi étant à Mantes, écrivit au baron de Beuvron, pour lui faire part de ses bonnes intentions à son égard et dépêcha vers lui le sieur de Fervaques, chargé de lui faire connaître certaines particularités ; il lui mandait qu'il devait ajouter foi à ce qu'il lui dirait, comme à lui-même.

En 1592, lors du siège de Rouen, Henri IV étant allé, le 5 de février, avec deux cents chevaux, pour reconnaître les troupes qui arrivaient au secours de la ville, se vit tout à coup attaqué par un corps de quatre cents chevaux légers ; il fallut battre en retraite, il fut blessé et ne se dégagea des mains de ses ennemis, que parce que plusieurs gentilshommes normands dont Fervaques faisait partie, soutinrent la principale escarmouche pendant plus de deux heures.

Dans le cours de la même année, ce seigneur fit présenter aux bailliages d'Evreux et de Gisors, ses lettres de lieutenant-général du roi ; elles furent enregistrées, à condition qu'il comparaîtrait dans trois mois. Il se rendit au parlement, qui tenait alors ses séances à Caen, et demanda à prêter serment, ce qui lui fut accordé, quoique cette clause ne fut pas insérée dans ses lettres, et que ses prédécesseurs ne l'eussent point fait.

En 1593, il commandait à Lisieux ; à cette époque il fit refondre une partie des canons, pour en avoir d'un calibre plus gros ; il est probable qu'il avait été pourvu de nouveau de ce gouvernement, par Henri IV, à la place du sieur Jean de Longchamp de Fumichon, que Henri III ; avoit nommé capitaine gouverneur le 8 de juin 1585, et qui ne donna sa démission qu'en 1634.

Au mois d'avril 1594, lors du siège de Honfleur par le duc de Montpensier, le sieur de Fervaques était l'un des deux officiers généraux qui commandaient l'armée royale.

Henri IV l'honora toujours d'une amitié particulière, et avait beaucoup de confiance en lui ; il récompensa son zèle et ses services, en le créant chevalier de l'ordre du Saint-Esprit, le 7 de janvier 1595.

Anne d'Escars de Givry, évêque de Lisieux, ayant reçu en 1596, le chapeau de cardinal à l'insu du roi, indisposa fortement ce prince contre lui ; le seigneur de Fervaques en profita, pour s'emparer des biens de l'évêché, et il força notre prélat à donner sa démission, moyennant une pension de 3,000 liv. Guillaume du Vair obtint du roi, le 17 de janvier 1620, l'autorisation de poursuivre les détenteurs de ces biens ; cependant la tradition porte qu'avant de mourir, le seigneur de Fervaques répara, autant que possible, le mal qu'il avait fait. Toutes ces propriétés n'étaient pas encore rendues trente cinq après, car le 18 de mai 1655, M. Léonor 1er de Matignon, obtint encore des lettres du roi, pour poursuivre ceux qui les possédaient.

En 1597, il se signala au siège d'Amiens ; il repoussa, après un sanglant combat, le comte de Buquoy qui avait forcé un corps-de-garde de l'armée française, et contraignit les Espagnols à repasser la Somme. Ces troupes avaient surpris cette place le 10 de mars 1597 et Henri IV les força de capituler le 25 de septembre de la même année. Ce fut au camp devant cette ville, le lendemain de la capitulation, que le roi l'éleva à la dignité de Maréchal de France, il prêta serment le 2 de septembre 1598 et l'acte contenant cette promotion ne fut enregistré au parlement que le 16 avril 1601.

Par lettres-patentes du mois de mai 1599, Henri IV érigea la paroisse de Fervaques en titre de bourg et y établit des foires et marchés. La tradition porte que ce fut quelque temps avant cette époque, que ce Maréchal avait reçu ce prince dans son château ; l'on y voit encore la chambre où logea ce grand roi (qui porte toujours son nom) et l'on y conserve précieusement le lit qu'il occupa.

En 1605, il commandait encore à Lisieux ; car au mois d'août, les habitans s'adressèrent à lui, pour empêcher les rassemblemens séditieux, et le 7, il rendit en cette ville, une ordonnance à ce sujet. Il était alors lieutenant-général pour le roi, aux bailliages de Rouen, Caux, Caen, Evreux et Gisors.

Le roi le nomma gouverneur d'Henricarville (Quilleboeuf) d'après la démission de M. de Bellegarde, par provisions données à Paris le 11 de janvier 1607.

Il fut nommé lieutenant général au gouvernement de Normandie, le 3 de mai 1608 ; et sa nomination fut enregistrée le 28, au parlement de Rouen.

L'année suivante, Henri IV le désigna pour faire partie du conseil qui devait assister la reine son épouse, dans les fonctions de régente, dans le cas où ce prince viendrait à mourir avant la majorité de son fils.

En 1610, il rendit l'ordonnance suivante, pour interdire l'entrée de la ville aux personnes venant des lieux où la peste existait.

"De par le Roy Et Monseigneur le Mareschal de Farvacques, il est ordonné aux habitans de Lisieux qu'à chacune porte de lad. ville, l'un d'eux, à son rang, fera la garde, pour empescher que les personnes venans de lieux pestiferez n'entrent à lad. ville, ni mesmes les vagabonds et autres estrangers mendians, pour éviter par ce moyen aux maladies dont on est menacé, sur peine aux deffaillans de cinquante solz d'amende ordonnez estre paiez au recepveur du bureau des pauvres et dix solz pour le paiement de celluy qui sera commis au lieu du deffaillant. Mandant au premier huissier ou sergent de lad. ville, d'exécuter la présente ; de quoy faire luy est donné pouvoir. Donné à Farvacques le XVI d'apvril 1610.

Signé FARVAQUE.

En cette même année, un crime affreux lui ravit un bon maître, et la France perdit dans Henri IV, un roi qui faisait son bonheur et sa gloire ; ce prince fut assassiné le 14 de mai. Dès que le seigneur de Fervaques en fut averti, il se rendit au parlement de Rouen, pour en prendre avec cette compagnie les mesures nécessaires à la conservation de la tranquillité.

Après la mort de Charles de Bourbon, comte de Soissons, Marie de Médicis, régente du royaume pendant la minorité de Louis XIII son fils, prit le gouvernement de Normandie ; les lettres en furent lues au parlement le 29 de novembre 1612 et le sieur de Fervaques fut gouverneur de cette province, par commission de cette princesse.

L'âge avait alors amorti la violence de son caractère, et les remords que les mauvaises actions traînent toujours après elles, se faisaient sentir dans son âme. En repassant dans sa mémoire toutes les actions de sa vie, il en trouvait de bien coupables. Il crut pouvoir les expier, en fondant une communauté de religieux, chargés par leur institut de prêcher la foi et de répandre les vérités consolantes de la religion. Pour cet effet, après s'être concerté avec M. Rouxel de Medavy, alors évêque de Lisieux, il appela en cette ville, en 1612, des Capucins et contribua beaucoup à leur établissement ; leur couvent fut construit en partie à ses frais.

L'année précédente, au mois de décembre, il avait fait ériger le comté de Grancei en Duché-Pairie, mais les lettres-patentes ne furent point enregistrées.

Il fit constuire la grande façade et les deux pavillons du Château de Fervaques, tels qu'ils existent maintenant.

Ce seigneur, chargé de biens et de dignités, et surtout très-riche en argent comptant, mourut le 14 de novembre 1613, à l'âge de 75 ans ; son corps fut embaumé et déposé dans le caveau de la chapelle à la Vierge de la Cathédrale de Lisieux ; mais ses cendres furent profanées en 1793, ainsi que celles des évêques que cette église renfermait, et portées au cimetière commun.

Il avait épousé en premières noces Renée L'Evesque de Marconay, et en secondes Anne d'Alègre, comtesse douarière de Harcourt et de Laval, qui laissa dissiper ses richesses au duc de Chevreuse, dans la vaine espérance de l'épouser.

Ses enfants furent Louise de Hautemer, dame de Plannes, mariée à Aimar de Prie, baron de Toucy ; Charlotte de Hautemer, qui épousa le 22 de mai 1588, Pierre Rouxel, baron de Medavy, et à laquelle vint en partage le Comté de Grancei ; et Jeanne de Hautemer, baronne de Mauny, qui épousa d'abord Claude d'Estampes, baron de la Ferté-Imbaut, et depuis, François de Canouville baron de Raffetot.

Les armes de la Maison de Hautemer étaient d'or à trois fasces ondées d'azur. Le Maréchal de Hautemer portait écartelé au premier d'or, à trois fasces ondées d'azur ; au deuxième d'or à la bande vivrée d'azur qui est la Baume Montrevel ; au troisième de gueules à trois bandes d'argent qui est Montlandrin ; et au quatrième de gueules au lion d'or, l'écu semé de billettes de même, qui est Châteauvillain.

Nota. on trouve, dans un acte du 23 mars 1596, que Louise de Hautemer, était veuve de Jacques d'Aurilly.

 
GENEALOGIE DE GUILLAUME DE HAUTEMER,
Maréchal de France, tirée de l'histoire de la Maison de Harcourt,
par M. de la Roque, livre X, pages 960 et 961.
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1er. Jean DE HAUTEMER, seigneur du Fournet et du Mesnil-Tison, vivait en l'an 1300.

2. Robert DE HAUTEMER, seigneur des mêmes terres que son père. Son frère aîné nommé Jean, mourut sans postérité.

3. Guillaume DE HAUTEMER, cité dans deux titres des années 1350 et 1376, épousa Jeanne de Mandetour.

4. Girard DE HAUTEMER, seigneur du Fournet, du Mesnil-Tison et de Mannveille, épousa Jeanne Bardou.

5. Jean DE HAUTEMER, seigneur du Fournet et de Fervaques. Son père, d'après le consentement de son épouse, le partagea d'avec ses frères Marguerin et Guillaume, le 20 janvier 1414. Il épousa Blanche de Grengnes ou de Greugnes.

6. Guillaume DE HAUTEMER, seigneur du Fournet et de Fervaques, épousa Jeanne d'Annebaud.

7. Jean DE HAUTEMER, épousa Marie de Beteville. Il eut deux frères, Guillaume et Olivier, et une soeur nommée Marie.

8. Guillaume DE HAUTMER, seigneur de Fervaques et du Fournet, épousa Colette de Montlandrin, et mourut en 1519. Sa veuve obtint du Roi François 1er la garde noble de ses enfans.

9. Jean DE HAUTEMER, seigneur de Fervaques, du Fournet et du Mesnil-Tison, épousa en 1534, Anne de la Baume, fille de Marc de la Baume, comte de Montrevel et d'Anne de Châteauvillain, Dame de Grancei. Il fut tué à la bataille de Cérisoles en 1544. Il eut un frère nommé Claude, et une soeur nommée Françoise.

10. Guillaume DE HAUTEMER, seigneur de Fervaques, comte de Châteauvillain, baron de Grancei, maréchal de France, qui fait l'objet de cette Notice. Il eut trois soeurs, Charlotte, qui épousa Valeran Mallet, seigneur de Drubec, Anne, qui épousa François d'Aidie, vicomte de Guelinières ; et Barbe, qui fut dame de la Birardière.

FIN.
 
Notes :

(1) On dit de lui, entr'autres choses, qu'il tira sur des couvreurs qui réparaient des couvertures de maisons, afin d'avoir le plaisir barbare de les voir tomber ; qu'il entra à cheval dans l'église de Saint-Pierre, et qu'il convertit en écurie la chapelle à la Vierge. On ajoute, qu'il rencontra un jour deux Moines et qu'il dit à ceux qui l'accompagnaient, qu'il y en avait un pour Dieu et l'autre pour le Diable : "Renonce à ta foi, dit-il au premier, ou tu est mort ? non, répond le religieux, je mourrai dans la foi que je professe. Eh bien ! dit Fervaques, en lui tirant un coup de feu et en l'étendant mort à ses pieds, va-t-en à Dieu. Et toi, dit-il au second, y renonces-tu ? oui, répond l'autre en tremblant. Eh bien ! va-t-en au Diable, dit Fervaques, en le tuant d'un autre coup de feu". On dit encore qu'il usait dans ses domaines du droit dont quelques Seigneurs avaient joui jadis dans les leurs, et qu'il obligeait les nouvelles mariées à passer avec lui la première nuit de leurs noces. Enfin on le fait mourir bien misérablement, puisqu'on dit que ce fut d'une maladie pédiculaire, et que les poux dont il était couvert causèrent des ulcères à toutes les parties de son corps.

(2) L'année commençait alors à Pâques et ce ne fut que d'après une ordonnance de Charles IX, du mois de janvier 1563, que le commencement en fut fixé au 1er de janvier


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