Jean Richepin


Jean RICHEPIN, écrivain français né à Médéa le 4 février 1849, décédé à Paris le 12 décembre 1926.
Oeuvres principales : La chanson des gueux (1876), La glu (1883), Nana Sahib (1883), Le chemineau (1897).
Les contes présentés içi ont été publiés de 1892 à 1900 dans la presse parisienne : Le Journal, Le Gaulois, Gil Blas.

Un legs : "Du diable si je pouvais m'attendre à être un jour légataire, pour si peu que ce fût, du vieux docteur Amable Cherpillaud !..."

Les autres yeux : "- Prenez garde, jeune homme, lui flûta doucement l'abbé Garuby. Vous avez tort, je vous affirme, de vouloir tenter cette expérience redoutable. Vous vous exposez à de sûres et douloureuses désillusions. Vous verrez des choses étranges, monstrueuses, à vous rendre fou, irrémédiablement fou, quand, après avoir clos ce que j'appelle les autres yeux..."

Le miroir : "Le vieil homme, chez qui se trouvait à vendre ce vieux miroir, n'avait rien d'étrange pouvant le distinguer de tant d'autres vieux hommes chez qui se trouvent à vendre de vieux miroirs..."

L'horloge : "Avec sa voix grave et un peu fêlée, au timbre mélancolique, dans l'air calme du soir qu'il déchirait d'un brusque sanglot, le premier coup de sept heures tinta au clocheton de l'Hôtel de Ville..."

Le peintre d'yeux : "Que Jacob van Hechtvaëre le vieux soit un grand peintre, c'est ce qu'il est impossible de ne pas proclamer, de ne pas crier, quand on voit son portrait peint par lui-même..."

Fezzan : "De ses innombrables voyages, tous entrepris pour son unique satisfaction, notre ami Henry de Brès a rapporté les photographies les plus curieuses et les souvenirs les plus intéressants qui soient. Il pourrait, s'il rédigeait ceux-ci en les illustrant de celles-là, y gagner argent et réputation..."

L'ennemi: "Le nom gravé sur cette carte de visite n'éveillait en moi aucun souvenir. En revanche, les quelques lignes tracées à la suite de ce nom me rendaient tout de suite et irrésistiblement sympathique le visiteur inconnu...."

Duel d'âmes : "Ce fut un universel sujet d'étonnement dans le monde judiciaire, quand M. Lionel de Vargnes quitta la magistrature, par une brusque et inexplicable démission. Il y était, en effet, comme on dit, appelé au plus brillant avenir..."

L'âme double : "- Vous le voyez, docteur, conclut le jeune homme, mon histoire, que je crois vous avoir contée d'une façon tout à fait raisonnable, est bien celle d'un fou. Et c'est pourquoi je viens vous consulter sur ce cas, en demander l'explication à vos lumières et le traitement à vos soins..."

Booglottisme : "Douze heures, dont dix de nuit, pour voir Smyrne, évidemment c'était peu ! Mais quoi ! Le bateau n'y faisait escale que ces douze heures, de six du soir à six du matin. Pierre Brignolles n'avait ni le temps, ni l'argent qu'il aurait fallu pour s'y offrir un plus long séjour, en attendant un autre bateau ; il ne prévoyait pas non plus retrouver jamais l'occasion d'y revenir ; il profita donc, quand même, de l'occasion qui se présentait, telle quelle, et descendit à terre, se promettant de jouir, le plus et le mieux qu'il pourrait, de sa brève et sommaire aubaine..."

La cité des gemmes : "- Soit ! fit le docteur, puisque vous y tenez tant ! Mais n'oubliez pas qu'il est archifou, que sa folie est communicable, qu'il a déjà détraqué deux..."

Le coffre rouge : "Voici pourquoi j'ai volé le fameux coffre rouge du comte Boris Zagoureff, de quelle façon je l'ai volé sans le voler, comment j'ai cru d'abord avoir été volé en le volant, et comment je n'ai pas été volé tout de même en ne le volant pas..."

L'homme-peste : "Je dirai la chose aussi simplement que possible, sans chercher, par un trop artistique mise en oeuvre, à faire paraître plus singulière encore cette singulière aventure. Je fournirai les détails précis, les noms et les dates, qui pour moi en authentiquent le souvenir et qui pour autrui rendent bon témoignage de ma véracité..."

Le cabri : "Pour ne pas s'apercevoir de l'impression soudaine, profonde, en réel coup de foudre, produite par lui sur la comtesse Maroussia, il eût fallu, malgré son peu de fatuité, qu'Yves de Guirnec fût absolument, comme on dit dans son pays de Bretagne, aveugle des trois yeux, les deux du corps et celui de l'âme..."

Le masque : "- Eh bien ! me dit Harry Sloughby, toutes nos imaginations étaient pauvres, auprès de la réalité. "

Le nouvel explosif: "Etant à peu près incompétent en la matière spéciale dont il s'agit, ayant assisté tout seul à l'effroyable expérience, dans des conditions, au reste, que je ne puis pas ne pas trouver étranges et troublantes, force m'est bien d'avouer loyalement que mon témoignage n'offre aucune des garanties nécessaires à un témoignage scientifique..."

L'autre sens : "Voici toutes les lettres que m'a écrites, et (comme on le verra) les seules qu'ait dû écrire, pendant les cinq dernières années de sa vie, mon ami le philosophe Pierre Brûlast..."

Le regard : "Devant cette porte close, l'aliéniste avait passé d'un pas plus rapide, et en détournant la tête d'un air distrait comme s'il pensait fortement à autre chose. Mais je ne m'y étais pas trompé : à la brusque décision de son mouvement, j'avais compris qu'il ne voulait pas me parler de celui-là..."

En robe blanche : "Souriant et bonhomme dans sa barbe hirsute de patriarche, mais avec des fusées, ici et là, de petits éclairs narquois sous le cristal de ses lunettes à fines branches d'or, le vieux philosophe de la rédaction avait religieusement écouté, sans interruptions ni commentaires, toutes les histoires d'amour racontées par ces jeunes gens..."

Les soeurs Moche : "- Pourquoi je ne suis pas resté à Paris ? Pourquoi je n'ai pas cherché, comme les autres camarades de la bande, à y faire mon trou ? Parce que j'ai senti que, dans ce trou, je m'y enterrerais. Parce que je me suis aperçu, un beau jour, que j'avais et que j'aurais de plus en plus Paris en horreur, à cause de son écoeurante et annihilante banalité..."

Les deux portraits : "On sait que les Orientaux n'aiment pas faire faire leur portrait. Ils ont la superstition de croire qu'il faut prendre au modèle un peu de son âme pour animer l'image, et qu'ainsi le portrait devient comme un double du portraituré, lui survivant, et soumis encore aux aventures, aux dangers, aux souffrances et aux passions de l'existence terrestre..."


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