CHENNEVIÈRES-POINTEL, Charles Philippe, Marquis de (1820-1889) : Quel souvenir de jeunesse eut un juré du Calvados (1845).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (13.X.2001)
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Texte établi sur un exemplaire (BmLx : norm 245) des Historiettes baguenaudières par un normand publiées en 1845 à Aix.
 
Quel souvenir de jeunesse eut un juré du Calvados
par
le marquis de Chennevières-Pointel

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Il est donc vrai que bien des justices échappent aux juges. Et quand m'est-il arrivé de le reconnaître ? Ce fut l'an passé, alors qu'on m'appela comme juré aux assises du Calvados. Le bruit et la cuisine d'auberge m'ont jeté trop souvent dans un ennui insurmontable, et ma conscience ne serait point en repos, si seulement je pouvais croire que j'apporte en justice une humeur sévère et mal intentionnée contre l'humanité. Une idée toute souriante me traversa l'esprit. Je me souvins de cette chambre où de si joyeuses, années s'étaient passées pour moi. Je trouvai l'écriteau : A louer présentement pendu sous ma fenêtre, et quand je frappai à cette porte oubliée depuis vingt-cinq ans, mon coeur se prit à battre comme à certains jours de jeunesse. Au bout d'un moment d'attente, une femme fit crier le verrou bien connu.

J'eus devant moi une créature maladive, vêtue de couleurs chagrines des pieds à la tête. Certainement cette figure de béguine n'était pas de ma connaissance, et cependant ces grands yeux d'un noir morne s'étaient, je ne savais quand, rencontrés avec les miens. Je montai dans mon ancienne chambre où je ne reconnus guère que les pavés et les poutres du plafond et la plaque de la cheminée où se voyaient en relief des moissonneurs. Ç'en était assez pour me retenir là, et je trouvai la loueuse tout-à-fait accommodante. Pendant que je me tournais et retournais en arpentant la chambre de l'alcôve à la fenêtre, rappelé tout entier à ma vie d'autrefois, cette femme, arrêtée sur le seuil, me suivait du regard avec une attention et un trouble évident. Je la priai de tenir la chambre prête à me recevoir le soir même, et j'ordonnai aussitôt qu'on y transportât mon bagage. Quand j'y revins à la nuit tombante, la même femme se trouva là qui m'attendait assise sur un degré. Elle posa la lumière sur ma table et se retira sans faire plus de bruit qu'une ombre.

Hélas ! je suis électeur et juré. Sentirai-je jamais plus dans ma vie une délicieuse douleur à celle-là comparable ? Les mêmes rideaux jaunâtres pendaient au ciel de mon lit. La même glace aux tourterelles se penchait sur la commode. Il était là dans son vieux cadre le portrait sur lequel couraient nos dominos, et sur la cheminée était aussi le même globe de verre, le bouquet et la couronne d'oranger, souvenir des noces de mon ancienne hébergeuse, qui en avait décoré mon réduit, et desquels dans nos soirs de folie je parais en riant ma pauvre maîtresse. Mon coeur éclata ; je fondis en larmes. Je tombai assis sur la chaise la plus proche, et je cachai ma tête dans mes mains. - Sophie ! Sophie ! m'écriai-je en sanglotant ; dans les soirées d'hiver elle m'arrivait ici les doigts glacés. Les enfants me l'annonçaient de là-haut. Son fauteuil vermoulu l'attendait près de mon feu. Nous approchions la table pour le souper. Les petites filles regardaient nos apprêts avec des yeux gourmands. - Je m'arrêtai dans mon souvenir pour écouter si je n'entendrais pas au plus haut sous le toit le métier grinçant du bonnetier. - Eh ! oui, vraiment, il grinçait encore, mais bien doucement, bien doucement. Je regardai vers la porte, je crus que Sophie et tous ces beaux rêves allaient la rouvrir. - Descends, ma pauvre Joséphine, ta mère n'est point à la maison ; voyons la marque des nouveaux coups qu'elle t'a donnés. - C'était pour la souffreteuse que Sophie gardait ses friandises. Tous les petits enfants elle les caressait.

Ma nuit entière se passa dans cette exaltation ; et les jours qui suivirent, ce charme de mes plus beaux temps évanouis, je ne voulus pas le rompre. Je ne cherchais point ma loueuse, ma fée aux jupons bruns, et elle se tenait à l'écart ; mais je l'apercevais souvent dans les escaliers supérieurs, qui me guettait monter et descendre, avec des regards d'extase, comme j'imagine que les patriarches guettaient Dieu qui passait dans un nuage. N'eût été l'étrange réparition de ces meubles d'autrefois dont chacun me ravivait une mémoire adorée, j'aurai pensé que cette femme nourrissait pour moi un tendre sentiment.

Un soir qu'à tâtons je cherchais la porte de mon gîte, j'entendis dans le galetas au-dessus de moi, un tapage effroyable, et des cris d'une voix aigre : Coquine ! coquine ! tu assassines ta mère ! - Ce mot me sonnait mal à moi juré. Je me précipitai en désordre dans l'appartement mal éclairé d'où on l'avait jeté, et je fus témoin d'une scène horrible. Cette femme qui m'avait loué la chambre que j'occupais, contenait sur sa chaise une vieille bossue toute ridée et crispée de rage : - cela ne sera point pour vos épaules, lui disait sa fille. L'hiver qui vient, vous reprendrez, s'il vous plaît, le tricot de l'hiver passé. Une douillette pour vous ! fit-elle en riant ; vraiment, quand la neige tombait, avais-je moi une chemise sous ma jaquette. - Ta soeur l'apprendra, répondait la vieille. - Ah ! ah ! Julie se soucie bien de notre ménage, repartait la fille, et ne sait-elle pas comment ici nous vivons ? et ne trouve-t-elle pas que tout va bien ? D'où vous arrive cette douillette, bonne mère ? C'est l'amant de Julie qui vous l'envoie croyant lui plaire. - Les yeux de la vieille flamboyaient et les rires de la fille me faisaient peur. J'étais là, elle m'avait aperçu ; et elle, qu'une secrète émotion rendait muette d'ordinaire devant moi, au lieu de se taire par honte, elle parlait plus haut et plus durement : - vous n'aurez pas cette douillette, et le premier pauvre de la rue la prendra. L'hiver, qui de nous toutes faisait-on coucher dans le cabinet glacé et sous un méchant couvre-pieds ? Mes belles petites soeurs dont vous tiriez tant d'orgueil, où sont-elles ? Dieu l'a voulu, bonne mère, Dieu l'a voulu. Vous les montriez à tout le monde, quand vous me défendiez de paraître. J'étais leur servante ; vous leur aviez appris à faire leurs jeux sans moi, et pendant qu'elles mangeaient assises à votre table, je sauçais moi debout mon pain dans les plats vides que vous posiez sur l'escabeau. C'est pour cela que vous mangez à cette heure la soupe sur vos genoux ; je ne veux plus à mon tour que vous dîniez sur ma table. - Un homme qui était assis derrière la cheminée et que je n'avais point vu, éleva la voix tout pesamment : Allons, ma fille, laisse-la donc, cette pauvre femme, laisse-la donc s'en aller en paix. - Ne me parlez jamais pour elle, dit la fille, vous me chérissiez bien, et qu'avez-vous pu pour moi auprès de ma mère ? Vous m'aviez pris sur vos genoux pendant un repas : votre dos tourné, elle me fouettait au sang. Restez tranquille, mon père, vous n'y pouvez rien, ce n'est pas votre affaire. - Le bonhomme fit un grognement dans son coin, et ne dit plus un mot. - Je ne t'ai pas assez maltraitée, misérable, cria la mère, en grinçant de ses dents ébréchées, pouquoi n'en es-tu pas morte ? - Justice ne se fût point faite, dit la fille sans colère. D'ailleurs, bonne mère, reprit-elle avec son rire, qui eût pris soin de vos dernières années ? Ne suis-je pas votre bâton de vieillesse ? Ah ! ah ! ajouta-t-elle avec de grands éclats, bâton pour battre. - Je ne devais pas en écouter plus long sans m'interposer. Je m'adressai à la fille, sur laquelle je me flattais d'avoir un certain pouvoir. - Madame, lui dis-je, c'est un crime de parler ainsi à sa mère. - N'est-il pas vrai, monsieur ? appuya la vieille, tendant la main vers moi, comme pour m'attirer à son secours ; le bon Dieu voit comme elle me tourmente. - Oui, monsieur, me répondit la fille avec une fermeté pieuse, Dieu a dit : tu honoreras ta mère ; Dieu a supposé qu'un enfant n'aimerait point sa mère, mais il n'est pas entré dans la pensée divine qu'une mère n'aimerait point son enfant. Elle m'a haï ; vous, monsieur, vous le savez. - Je demeurai assez interdit. Pourtant mes souvenirs en envisageant les deux vieillards avaient refait du chemin. Vingt-cinq années et un gros ventre m'ont quelque peu travesti. Josephine seule m'avait reconnu. - Celui-là a vu mon enfance, dit-elle à sa mère, qu'il voie votre vieillesse, et qu'il juge. - J'étais juré, et je gardais mon verdict pour d'autres coquins. Je m'esquivai, et regagnai ma chambre, où je n'eus garde de sitôt fermer l'oeil, tant je sentais le cauchemar proche de moi.

Dans mon esprit bouleversé par ce débat sinistre, repassa ce beau groupe de petits enfants courant, s'entr'appelant, à toute heure mangeant, et que je faisais sauter dans mes bras jusqu'au plafond ; et toujours se tenant derrière ses soeurs, loin de sa mère, la pauvre maigrette aux yeux creux, ses petits membres mal couverts par des guenilles, toujours tremblante dès qu'on le touchait ; et qui semblait abrutie de peur et de menaces, jamais n'osant souffler un libre cri de plaisir. Comme elle était sans force et presque paralytique, très souvent tombait-elle dans les escaliers, ou se heurtait-elle contre les armoires. Ses soeurs eussent assourdi la maison, elle ne poussait point un cri ; elle emportait à sa tête ou à son bras une large marque noire ; elle se traînait où elle pouvait, se sauvant de sa mère. Cette mère était une bossue bavarde, se complaisant bassement en ses autres enfants. Nous l'appelions la mère abominable.

Je m'endormis pourtant, mais dans le courant de la nuit je m'éveillai plus d'une fois en sursaut. Quand je sortis le lendemain pour me rendre au palais, j'aperçus Josephine assise dans la boutique du coquetier voisin. La coquetière qui me parut une femme fort respectable, s'entretenait avec elle amicalement. Il me semblait que dans le quartier, on devait fuir la compagnie d'une fille en apparence aussi impie. En retournant chez moi, j'entrai dans cette boutique sous le premier prétexte qui me vint à l'esprit, et je questionnai cette commère qui était réellement une femme de bien. - Mademoiselle Josephine, me dit-elle, y a-t-il jamais eu dans le monde une personne plus douce, plus discrète, plus empressée pour autrui, et qui craigne plus de nuire au prochain.- Mais, dis-je, j'ai entendu hier qu'elle maltraitait sa mère. - Ah ! monsieur, ce n'était pas sa mère qu'elle maltraitait, me répondit la brave dame, c'était sa plus implacable ennemie. Ceux qui n'étaient pas d'âge à remarquer ce qu'elle endura dans son enfance, l'ont appris de leurs parents ; car les villes de province ont cela de bon que toutes les familles y vivant à découvert, ce qui paraît hideux aux étrangers est pour les voisins chose équitable, et ce qui paraît juste aux gens du dehors nous le voyons comme une infamie. Josephine est la justice des mauvaises mères. Les meilleures vertus n'en sont pas moins en elle, et toute la ville l'honore.

Ainsi édifié, je rentrai dans mon logement où cette fille singulière se présenta presqu'aussitôt. L'habitude qu'à peine née elle avait prise de ne laisser paraître ni joie ni chagrin, car elle était châtiée pour l'un et pour l'autre, lui avait fait le visage aussi peu mobile qu'un masque ; mais ce masque avait dès le commencement exprimé inquiétude et tel il était resté. Hier c'était haine, aujourd'hui je ne savais ce qu'elle m'apportait, mais il y avait du violent dans tout cela, et sa figure demeurait la même, le teint blême, l'oeil terne, toute semblable à ce qu'elle était le matin chez le coquetier. Cependant ses genoux tremblaient, et je crus qu'elle ne pourrait pas parler. - Eh bien ! Josephine, lui dis-je, en frappant l'autre jour à la porte de cette maison, je n'espérais guères y trouver mes hôtes d'autrefois. - Les pauvres gens comme nous, monsieur, me répondit-elle, meurent dans les mêmes murs où ils sont nés. - Comment se peut-il qu'à première vue, lui demandai-je, mes traits qui sont tant changés, vous les ayez reconnus. - Moi, monsieur, j'aurais oublié votre figure ? De qui donc, Seigneur ! moi enfant, ai-je reçu une autre caresse ? Non, monsieur, me fit-elle, en secouant la tête et en s'efforçant de sourire, ma mémoire, il n'y en a pas une pareille. - Sa mémoire ! sa terrible mémoire ! Je songeai à ces peuples qui fouettaient leurs enfants pour leur mieux graver en tête chaque événement heureux ou néfaste. Josephine à ce compte pouvait n'avoir pas oublié une heure de toute sa jeunesse. - Moi, monsieur, reprenait-elle avec reproche, je ne me serais point rappelée votre figure ! je n'ai pas laissé perdre une des inventions cruelles de ma mère, mais je n'ai pas oublié un regard charitable de vous. Et cette bonne demoiselle qui arrivait chez vous avec la nuit ; je la vois encore avec ses rubans bleus ; qu'elle était belle ! Pourquoi n'est-elle pas venue ? Voyant que je me taisais, elle dit : Dieu la bénisse ! Elle me faisait tremper les lèvres dans le vin sucré, et elle m'apportait le mardi une galette de Cintheaux que l'on m'arrachait là-haut pour la partager entre mes soeurs. Dieu la bénisse, répéta-t-elle, en ce monde et dans l'autre. Bien longtemps, petites et grandes, nous n'avons parlé ici que de vous. Moi, j'étais folle, je vous ai adressé à vous deux, tous les jours de ma vie, une prière comme à deux anges. - Ange bouffi, pensai-je, en me frappant sur le ventre. - Ma bonne Josephine, lui demandai-je un peu embarrassé par ces paroles, d'où vient que je vous vois seule ici ? Où sont vos soeurs ? Clarisse, Honorine ? - Elles sont mortes les innocentes, et Alphonsine aussi que ma mère aimait la mieux, parce qu'elle était maligne et qu'elle était nouée et tordue comme elle. - Et Julie ? - Ah ! de celle-là ma mère était fière, et vous ne sauriez croire quelle mine charmante et quelle belle taille lui étaient venues. Mais ma mère l'avait fatiguée de bonne heure, et Julie ne l'écoutait plus volontiers. Un étudiant, qui occupait la chambre où nous voici, l'entraîna au mal ; quand il partit, elle courut après lui. - C'était donc ainsi que devait s'accomplir le voeu monstrueux que j'avais entendu sortir de la bouche de la mauvaise mère : que le bon Dieu me retire celle-là qui m'est à charge et me conserve les autres ! Je dis à Josephine : qui eût pensé que, chétive comme vous étiez, vous dussiez survivre à vos soeurs qui paraissaient si bien venues. - Eh ! monsieur, me répondit-elle, j'ai appris de bonne heure à veiller sur moi-même et à me garer de ce qui pouvait blesser ma pauvre enveloppe. Vous avez vu certainement quelle préférence mon père marquait pour moi justement à cause de mes souffrances. Quand il était là, je ne quittais point ses jambes. Je le suivais parfois dans le grenier où je jouais à l'entour de son métier. Un jour il a battu ma mère et il l'a fait pleurer bien souvent de honte et de rage. Sa famille à lui était de Louvigny, au bout de la prairie, et quand mes soeurs y allaient en fête, il me portait tout ce chemin là dans ses gros bras. Mais pour qu'il lui fût possible de vivre en paix à la maison, il a bien fallu qu'il m'abandonnât à ma mère. Dès lors je me tins renfermée en moi-même, et je comptai les coups que ma mère me donnait. Enfin, quand j'eus atteint l'âge de 22 ans, cette méchante femme essaya contre le repos de ma vie un dernier effort. Elle voulut me faire prendre pour mari un ouvrier qu'elle connaissait pour brutal et ivrogne. Mais déjà depuis six années j'avais mon dessein et j'en attendais l'heure ; je dis à ma mère que je ne me marierais pas. Ce fut quelques mois après, que Julie s'enfuit d'avec nous, et ma mère et moi nous trouvâmes seule à seule. Elle était vieille, et ses nombreuses couches lui avaient usé les forces. Je m'étais insensiblement, par les soins du ménage, emparée de la maison. Là, chaque marche de l'escalier, chaque vieille chaise, chaque encoignure lui devaient désormais répéter comme à moi les atroces misères de ma jeunesse. Dieu me la livrait : je m'emparai de ma mère. Depuis lors, elle vit sous ma main. Je ne lui aurai fait grâce ni d'une peine, ni d'une piqûre d'épingles, ni d'une faim trompée, ni d'un jouet jeté au feu. J'ai éloigné de la maison toutes les femmes de son âge dont elle recherchait la causerie. Elle ne voit plus que moi, et moi toujours vengeresse, et cette expiation de toutes les heures, sans fin et sans espérance, se joue entre nous deux seules. Il ne se passe point de journées sans que je lui redise : qu'il vous soit fait comme vous m'avez fait. J'étais faible, vous étiez forte ; je suis forte, vous êtes faible. Vous pouviez être bonne, et j'eusse été heureuse, et heureuse aussi eût été votre vieillesse. Votre haine m'a rendu le coeur trop chatouilleux. Vous commencez votre punition en terre, parce que l'enfer pour une mauvaise mère n'a pas d'éternité assez longue ; vous mourrez désespérée et enragée.

Je ne pouvais plus supporter les logiques rigueurs de cette odieuse frénésie. Je demandai à Josephine : elle en mourra vite votre mère ; et puis après, qu'aurez-vous fait et que ferez-vous ? - Je n'ose pas y songer, me répondit-elle, j'espère que Dieu me la laissera longtemps. Ma vie sera bien inutile ensuite ; j'en donnerai le restant à purifier et à sanctifier cette justice. Ma mère n'a pas voulu que j'apprisse à lire ; je panserai les malades dans les hôpitaux.

Quels dégoûts et quelles tragédies sous le toît riant de nos amourettes ! ma bonne Sophie, si tu voyais cela !


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