Courrier de Strasbourg (1792) - Propectus[Prospectus] : Courrier de Strasbourg : Journal politique et littéraire uniquement consacré au nouvelles des frontières & des pays étrangers, & particulièrement à celles des deux rives du Rhin.- Strasbourg : J.G. Treuttel, 1792.- 4 p. ; 27,5 cm.
Saisie du texte : O. Bogros pour la collection électronique de la Médiathèque André Malraux de Lisieux (15.VII.2016)
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PROSPECTUS
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COURRIER DE STRASBOURG.

JOURNAL politique & littéraire uniquement consacré aux nouvelles des frontières & des pays étrangers,
& particulièrement à celles des deux rives du Rhin.

AUJOURD'HUI que la révolution françoise est achevée, aujourd'hui que la nation est rentrée dans ses droits, qu'elle a glorieusement fini  sa Constitution, & donné à l'Europe un grand & sublime exemple ; tous les regards se tournent avec une douloureuse inquiétude, vers nos frères rassemblés au - delà du Rhin, qui égarés par des préjugés antiques, ou retenus par des espérances coupables, méconnoissent leur mère-patrie, l'affligent par une désobéissance opiniâtre, & cherchent à lui plonger le poignard dans le sein. Les mouvemens que font leurs chefs les troupes qu'ils rassemblent, les projets qu'ils forgent, leurs démarches auprès des cours étrangères, les dispositions favorables ou défavorables de ces cours, leur politique, leurs ruses, leurs craintes, leurs refus, leurs promesses vraies ou simulées, tous ces objets intéressent vivement tous les François, & méritent bien un Journal destiné particulièrement à en rendre un compte exact & fidèle.

D'un autre côté, quel spectacle plus intéressant, que les progrès des lumières dans toutes les contrées de l'Europe ! Sur la France,se lève majestueusement le sleil de la liberté ; son éclat a frappé tout-à-coup les esclaves & les tyrans, les oppresseurs & les opprimés. Par-tout il en est résulté une lutte publique ou secrette de la justice contre l'oppression, du droit contre l'injure, de la raison contre le préjugé, de l'homme contre le tyran par-tout il en résultera la sagesse des chefs des nations, le redressement des torts faits à l'humanité; l'abolition des coutumes barbares que l'on honoroit du nom de lois ; la régénération des mœurs ; celle de l'agriculture, du commerce, des sciences & des arts : le bonheur de tous les peuples, fondé fur les bases inébranlables de la justice & de la raison.

Observer la marche & les progrès de toutes ces choses ; faire connoître à nos concitoyens toutes les machinations de la politique étrangère, pour rétablir le despotisme en France, & le maintenir ailleurs ; peindre les opinions publiques & secrettes des peuples ; les espérances, les craintes, la force ou la foiblesse des gouvernemens ; rendre compte des meilleurs ouvrages étrangers sur la politique, & particulièrement de ceux qui ont quelque rapport aux principes de notre Constitution ; offrir enfin aux étrangers amis des François & de leur liberté, un point de réunion, où ils pourront développer librement leurs connoissances & leurs opinions , tel est le but & le nouveau plan de notre Journal connu jusqu'ici sous le titre de Courrier politique & littéraire des deux nations, Département des hauts- & bas-Rhin.

Jusqu'ici le plan trop resserré de ce Journal, qui embrassoit également les nouvelles de France & celles de l'étranger, nous avoit empêchés de faire usage d'une multitude de matériaux intéressants que nous fournissoient notre position & notre correspondance étendue. L'usage continuel que plusieurs journalistes de Paris font des articles que nous y insérons ; les instances réitérées qui viennent ici de toutes parts, pour obtenir des nouvelles certaines de l'état de nos frontières, & des dispositions des gouvernemens voisins ; les facilités que nous avons pour satisfaire complètement, à cet égard, les désirs du public ; nous avoient fait concevoir depuis long-temps le projet de consacrer une feuille entiere aux nouvelles de nos frontières & à celles des pays étrangers. Mais faute d'un rédacteur instruit dans le droit public de l'Europe, & capable de rédiger un Journal de ce genre, nous nous sommes vus obligés d'en retarder l'exécution. Aujourd'hui que nous avons trouvé ce rédacteur dans la personne de M. Laveaux, nous annonçons notre entreprise avec confiance, persuadés que le public de la France aura lieu d'être satisfait de notre célérité, de notre exactitude, de l'importance des objets que nous lui ferons connoître.

Le Courrier de Strasbourg composé de 4 pages in-4to paroîtra tous les jours, excepté le dimanche ; le prix de la souscription sera de 27 Livres par an pris à Strasbourg & 33 Livres, franc de port par tout le royaume, par toute la Suisse, & en Allemagne en deça de Francfort , de Nuremberg & d'Augsbourg ; plus loin les souscripteurs s'arrangeront avec les bureaux des postes pour le surplus du port. On s'abonne aussi pour six mois & trois mois. Les personnes qui voudront se procurer en même tems le Courrier de Paris & des Départemens à Strasbourg, dont il sera fait mention ci-après, ne payeront l'un & l'autre que 33 Liv, à Strasbourg & 42 Liv. franc de port dans tous les endroits ci-dessus indiqués. Dans tous les cas, il faut affranchir les lettres & l'argent. Le Bureau principal de la rédaction & de la distribution est à Strasbourg chez J. G. TREUTTEL, libraire, grand'rue Nro. 15, auquel on voudra bien adresser tout ce qui est relatif à ces deux Journaux. On s'abonne à Paris chez ONFROY, libr. rue St. Victor Nro. 11 & dans tous les bureaux des postes de la France, de l'Allemagne & de la Suisse &c. item à Bâle chez Serini, à Berne chez Ochs, à Zuric chez Foesi, à Genève chez Didier.



COURRIER DE PARIS ET DES DÉPARTEMENS A STRASBOURG.
Journal politique et littéraire uniquement consacré aux nouvelles françoises, et servant de Supplément au Courrier de Strasbourg annoncé ci-dessus.


SI NOS souscripteurs françois ont paru souhaiter la division de notre Journal, connu jusqu'ici sous le titre de COURRIER POLITIQUE ET LITTÉRAIRE DES DEUX NATIONS, afin de recevoir, au lieu des nouvelles françoises, un plus grand nombre de nouvelles étrangères ; nos souscripteurs étrangers ont manifesté le même désir, pour se procurer avec plus de détail, & dans un plus grand ordre, les travaux de l'Assemblée Nationale, & les nouvelles des différens Départemens que l'espace de notre feuille, & le grand nombre de nouvelles étrangères nous obligeoient souvent d'abréger & de restreindre. Nous remplirons le désir des uns, par le plan adopté pour le Courrier de Strasbourg ; nous satisferons les autres en leur donnant, dans le Courrier de Paris & des Départemens à Strasbourg, sous le titre d'Assemblée Nationale, un tableau raisonné & suivi des discussions, débats & opérations de nos législateurs ; sous celui de nouvelles des Départemens, tous les évènemens intéressans qui y auront lieu ; & sous celui de Variétés, des anecdotes & traits remarquables, les découvertes & inventions nouvelles, une analyse des ouvrages de littérature les plus importants ; enfin tout ce qui peut piquer la curiosité des étrangers, & même celle des François qui, ne lisant pas un grand nombre de feuilles publiques, ne sont pas à même de tout connoître.

Afin de mettre nos nouveaux abonnés au courant des opérations de la législature actuelle, on remontera à ses premières séances, & on donnera un précis de ses opérations depuis le moment où elle est entrée en fonctions.
Quoique nous ayons séparé cette partie, du corps du journal, par les raisons que nous venons de dire, & afin de ne pas présenter à nos abonnés de France la répétition de ce qu'ils auroient déjà lu dans les feuilles de Paris ; nous espérons cependant que l'ordre que nous aurons le tems de mettre dans les rapports des séances de l’Assemblée Nat., les tables dont nous les accompagnerons d'époque en époque, & les nouvelles ou anecdotes originales que nous sommes à même de nous procurer de l'intérieur de la France, lui donneront, même pour plusieurs François, un attrait nouveau, qu'on ne sauroit trouver ni exiger dans les rédactions journalières & souvent précipitées des feuilles de Paris.

Quant aux étrangers, nous osons croire qu'ils nous sauront gré de leur offrir, à peu de frais & aussi promptement que possible, ce qu'il y a de plus intéressant dans cette multitude de journaux françois, qu'ils ne pourroient se procurer qu'avec de très-grandes dépenses, & que plusieurs n'auroient pas même le tems de parcourir.

Le Courrier de Paris & des départemens à Strasbourg composé de 4 pages in-4to paroîtra les lundi, mercredi, samedi. Le prix de la souscription sera de 15 Liv. pour Strasbourg & 18 Liv. franc de port. Les personnes qui s'abonneront en même temps pour le Courrier de Strasbourg ne payeront les deux Journaux que 33 Liv. pris à Strasbourg & 42 Liv, franc de port par tout le royaume &c. On est prié d'affranchir les lettres & l'argent. Les bureaux de souscription sont les mêmes que pour le Courrier de Strasbourg.

Les circonstances critiques où se trouvent les frontières, nous font une loi de presser l'exécution dece Journal ; en conséquence nous le commencerons entre le 15 & le 20 du mois de Décembre.

Les auteurs étrangers qui écriront sur la révolution françoise & qui voudront faire insérer dans notre Journal des extraits de leurs ouvrages, pourront nous les envoyer franc de port, poste restante à Kehl, pour l'Allemagne. Nous recevrons aussi avec plaisir aux mêmes conditions, & pour le même usage, les manuscrits que les auteurs ne voudroient ou ne pourroient pas faire imprimer.

On publie aussi dans le même bureau une gazette allemande intitulée Politisch Litterarischer Kurier, qui est écrite dans les mêmes principes & pour laquelle les susdits bureaux prennent la souscription.

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Jean Charles LAVEAUX, au Public de la France & des pays étrangers.

ELOIGNÉ de ma patrie dans un temps où l'homme de bien n'osoit y élever la voix, j'ai cherché & trouvé, sous un gouvernement arbitraire, la liberté de penser & d'écrire que l'ancien gouvernement de la France avoit proscrite. Pendant un séjour de six années en Prusse, sous le règne de Frédéric II, j'ai vu exécuter par, un seul homme de génie, une partie des grandes choses que nos immortels législateurs viennent de poser sur des bases inébranlables. Homme vraiment grand, quoiqu'en disent ses détracteurs qui estimoit les François & méprisoit leur gouvernement (*) ; philosophe dont l'exemple a propagé les lumières qui nous éclairent ; Roi citoyen & ami du peuple, qui n'auroit aspiré qu'à des couronnes civiques, sans l'opinion barbare qui couronnoit encore les conquérants , sans la rage menaçante de deux femmes acharnées à sa perte ; assez juste pour cimenter le bonheur de sa nation, si les circonstances lui eussent ouvert cette brillante carrière, si le pouvoir absolu d'un seul pouvoit jamais cimenter le bonheur des nations.

Sa mort m'a éloigné de ses états : appellé au midi de l’Allemagne, j'y ai rassemblé & publié des matériaux sur sa vie & sur son règne (**),  & j'ai étudié un autre peuple aussi intéressant par la franchise & la bonté de son caractère, que les Prussiens par leurs lumières & leur énergie.

Je vivois dans le Virtemberg lorsque la sublime révolution françoise m'a fait tourner les yeux vers ma patrie. Plein d'enthousiasme pour la liberté qu'elle m'offroit, j'ai repoussé loin de moi l'intérêt avili par le joug , & je me fuis jetté dans les bras de mes frères & de mes concitoyens, pour me livrer, au milieu d'eux ,si non au bonheur, du moins à l'espoir de servir ma patrie.

Fixé maintenant à Strasbourg, attaché par l’estime & la reconnoissance à la saine partie de la nation que je viens de quitter, lié dans les différentes parties de l'Empire germanique, avec plusieurs personnes de mérite qui m'honorent de leur amitié & de leur correspondance, j'ai pensé que par cette position & ces rapports, je pourrois me rendre utile à mes concitoyens ; & je n'ai pas balancé d'accepter les propositions que m'a faites le citoyen Treuttel, pour la rédaction & la direction entière des deux parties qui formeront désormais son Journal, connu jusqu'ici sous le titre de Courrier politique & littéraire des deux nations &c.
D'après nos conventions, ces deux parties porteront mon nom, au moment où j'en commencerai la rédaction, & paroîtront, l'une sous le titre de Courrier de Strasbourg ; l'autre sous celui de Courrier de Paris & des Départemens à Strasbourg.

Le Courrier de Strasbourg uniquement consacré aux nouvelles de nos frontières & des pays étrangers offrira :

1°. Des nouvelles exactes de l'état de nos frontières & tous les évènemens importants qui s'y passent.
2°. Les objets les plus intéressants qui font discutés dans les séances de la société des amis de la Constitution établie à Strasbourg ; & les avis susceptibles de publicité qui sont donnés à cette société pars ses correspondants étrangers.
3°. Des détails suffisants sur tout ce qui concerne les émigrants, leur retraite, leur situation, leurs projets, leurs espérance, leurs craintes, leurs ressources, leurs démarches, leurs forces &c.
4°. La conduite des puissances étrangères à l'égard des émigrants, l'état exact de leurs moyens d'attaque & de détente, les mouvemens de leurs troupes, leur politique, les motifs qu'ils pourroient avoir d'agir ou de ne pas agir contre la France, & autres choses de cette espèce.
5°. Les opinions des divers peuples étrangers sur la révolution françoise ; les efforts des gouvernemens pour resserrer les nœuds du despotisme, ou les opérations prudentes des princes, qui sentent enfin les abus & les dangers de la tyrannie.
6°. Des analyses raisonnées des meilleurs ouvrages étrangers relatifs à la révolution françoise, & aux droits sacrés des nations.
7°. Enfin les nouvelles politiques étrangères qui intéressent l'Europe entière.

Le Courrier de Paris & des Départemens à Strasbourg, uniquement consacré aux nouvelles de l'intérieur de la France offrira :

1°. Un tableau raisonné des discussions, débats & autres opérations de nos législateurs.
2°. Toutes les autres nouvelles intéressantes de Paris & des départemens de l'intérieur, extraites de tous les papiers françois, ou de nos correspondances particulières.
3°. Les analyses raisonnées des meilleurs ouvrages françois relatifs à la politique & au bonheur des peuples.
4°. Toutes les découvertes, inventions & nouveaux arrangemens de l'intérieur de la France.

Je contracte ici l'engagement solennel d'employer toutes mes forces à l'exécution de ce plan ; & de ne jamais m'écarter de ce que me dicteront la vérité, ma conscience &l'amour de la patrie. Heureux si je puis, par mes travaux, mériter l'estime & la confiance du public ; & donner à mes concitoyens d'utiles avis sur les ténébreux complots des ennemis de notre liberté !

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LIVRES NOUVEAUX
chez JEAN GEORGE TREUTTEL Libraire à Strasbourg.

OEUVRES COMPLETTES DU DUC DE ST.-SIMON, édition véritable, contenant les Mémoires d'état  & militaires du regne de Louis XIV, les Mémoires de la regence, le Dictionnaire des hommes illustres, & les Mémoires relatifs au droit public de la France. XIII Voll. gr. in-8°. 39 Liv.
— dit — édition sur papier commun 24 Liv.
OEUVRES POSTHUMES DE FRÉDÉRIC II. ROI DE PRUSSE, en 15 vol. in-8. & un volume de Supplément. Seconde édition originale, imprimée sur beau papier en caractères imités de Baskerville, & ornée du portrait de l'auteur. Prix des 16 vol. 32 liv. & fur papier vélin, dont il n'a été tiré que peu d'exemplaires, 90 liv.
OEUVRES DU ROI DE PRUSSE, PUBLIÉES DU VIVANT DE L'AUTEUR, servant à compléter la collection de ses Œuvres. 4. gros vol. in-8 16 l.
OEUVRES COMPLETES DE FRÉDÉRIC II. ROI DE PRUSSE, 20 vol. in-8 avec son portr. ; 48 liv.
VIE DE FRÉDÉRIC II, ROI DE PRUSSE, TOME V, VI & VII, in-8. 12 liv.  & in-12 ou pt. in-8. 7 liv. 11 s.
L'ouvrage complet en 7 vol. in-8. 24 liv.
— L’édition-12. 16 liv. 10 s.
TABLEAU DES GUERRES DE FRÉDÉRIC LE GRAND, avec une grande planche supérieurement gravée, représentant 26 batailles ; par Mr. Müller ingénieur Prussien. Ouvrage qui peut servir à l'intelligence de la partie militaire de la VIE & des OEUVRES DE FRÉDÉRIC, in-4. 10 liv. fur pap. ordinaire.
GÉOGRAPHIE DE BÜSCHING, traduit de l’allemand sur la dernière édition. in-8. XIV Tom. en 16 vol. Edition originale. 60 liv.
Nous avons mis sous presse un Supplément aux deux volumes sur la France, pour adapter la nouvelle division de ce royaume à l'ancienne description suivant la méthode de l'auteur.
TABLES GÉNÉALOGIQUES DES MAISONS SOUVERAINES DE L'EUROPE, par M. KOCH, un vol. in-4. grand format. 13 liv. 10 s.
TABLEAU DES RÉVOLUTIONS DE L'EUROPE DANS LE MOYEN AGE, enrichi de Tablettes chronologiques & généalogiques, par M. KOCH, Député actuel à l'Assemblée Nationale. 2 vol. in-8. 7 liv 10 s.
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Ouvrages sous presse qui paroîtront dans le courant de ce mois.

Almanach historique sur la Révolution Françoise pour l'année 1792, rédigé par M. Rabaud de Saint-Etienne, & orné de gravures en taille-douce,
d'après les dessins de M. Moreau ; on y a joint l'Acte constitutionnel des François avec le Discours du Roi ; petit volume in-18. de l'imprimerie de Didot l'aîné à Paris.

La plupart des François verront sans doute la présente annonce avec un vif plaisir. En effet quel sujet plus intéressant pourroit-on présenter à une grande nation, que l'histoire exacte d'une révolution qui l'a rendue libre, & dans laquelle chacun de ceux qui la composent, a joué son rôle.

Convaincu de la nécessité de présenter enfin cette histoire dans son vrai jour, M. Rabaud de St. Etienne, député à l’assemblée nationale constituante & témoin lui-même de tous les grands événemens, a bien voulu se charger d'en faire la rédaction ; mais pour donner de la capitale, une histoire de la révolution françoise digne de l'attention de ses concitoyens & des étrangers, le récit seul des événemens lui a paru insuffisant, il veut aussi en faire connoître les véritables causes, & en cela son ouvrage devient précieux à toutes les classes de la société. Il lui fera précéder un tableau rapide de l'état du royaume sous les deux regnes & sous les différens ministres & autres agens secrets ; des guerres & du luxe de la cour de Louis XIV, il passe à la dépravation des mœurs de celle de Louis XV ;  la déprédation des finances sous le regne de Louis XVI le conduira enfin à la convocation des états généraux qui après s'être constitués en assemblée nationale commencent leurs travaux & opèrent dans les hommes & dans les choses cette étonnante révolution dont il  donne ensuite l'histoire.

Pour rendre cet almanach aussi agréable qu'il peut l'être & lui donner un degré d'utilité de plus, nous avons cru devoir y joindre :

1°. Un calendrier des années 1789, 1790 & 1791, où à côté de chaque jour seront notés les principaux décrets qui ont été rendus & les événemens qui l'ont signalé. Ce calendrier sera mis à la tête de l’ouvrage, & suivra immédiatement le calendrier ordinaire pour l'année 1792.
2°. Six estampes gravées par les plus habiles artistes d'après les dessins du célèbre Moreau, qui représenteront les événemens les plus remarquables de la révolution, & en accompagneront l'histoire.
3°. L'acte constitutionnel des François, avec le Discours d'acceptation du roi, & qui comme but & fin de la révolution terminera l'ouvrage.

Il sera imprimé par les presses & avec les caractères de M, Didot l'aîné sur beau papier de France. On en fera tirer un petit nombre d'exemplaires sur papier velin, dont les gravures seront des épreuves avant la lettre. On se fait inscrire pour cet almanach dès à présent à Paris chez Onfroi libraire rue St. Victor & à Strasbourg chez Treuttel, & l'expédition en sera faite dans les dernières semaines de l'année, par les voies qu'on voudra bien indiquer.

Les Délassemens du pere Gerard ou la Poule de Henri IV mise au pot en 1792.
Jeu National.

Nous annonçons ous ce titre un petit jeu très-simple & à la portée des femmes & des enfants de toutes les classes. On ne peut qu'être agréablement surpris de la manière ingénieuse avec laquelle l'inventeur fait presque sans frais exciter par ce jeu l'amour de la patrie & de la Constitution, & l'alimenter par le désir si naturel à l'homme de se divertir. Il n'y a point eu d'homme d'esprit, qui après avoir vu ce jeu, n'ait dit : je voudrois l'avoir inventé.

Un paquet de 20 de ces jeux conte un assignat de 5 Liv. & 6 Liv. quand on veut le recevoir franc de port par la poste ; il faut affranchir sa demande & la remise de l'argent. Il n'y a pas de municipalité toute petite ou peu éclairée qu'elle fois qui ne puisse en faire le plus utile usage, & nous recommandons d'engager les chefs de famille de l'employer pour Etrennes de nouvel an. Il ne sera prêt que vers ce temps-là, mais il faut donner sa commission au moins huit jours d'avance.


NOTES :
(*) Voyez les Lettres de Frédéric à Voltaire & à d’Alembert, dans ses Œuvres posthumes, Tom. VIII & suivants.
(**) Outre la Vie de Frédéric II. en 7 Volumes dont M. Laveaux est l'auteur, il a composé les Nuits champêtres, ouvrage traduit dans presque toutes les langues de l'Europe ; il a traduit l'Eloge de la folie du latin d'Erasme , l'Histoire des Allemands de l'allemand de Schmidt, la Musarion de Wieland, plusieurs autres ouvrages allemands : & a fait par ordre de Frédéric II un ouvrage didactique & critique sous le titre de Cours de langue & de littérature françoise, qu'il publioit à Berlin par cahiers périodiques, & qu'il a cru devoir discontinuer après la mort de ce prince. M. Laveaux a composé encore quelques autres ouvrages qui ne portent point son nom, & feu Mirabeau l'avait choisi pour être un de ses collaborateurs à la feuille périodique qu’il vouloit publier fous le titre de Conservateur. Note de l'éditeur.

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