[MONTOZON, Stéphane (1837-1891) ?] Notice sur la fondation de la Rosière à Château-Gontier Avec fac-simile d’un dessin à la plume par un Castrogontérien.- Château-Gontier (Rue Sainte-Anne) : Imprimerie-Librairie H.Leclerc, 1879.- 42 p.- [1] f. de pl. ; 20 cm.
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NOTICE SUR LA FONDATION
DE LA
ROSIÈRE
A CHATEAU-GONTIER
Avec fac-simile d’un dessin à la plume
Par un Castrogontérien

La Rosière de château-gontier - 1879

CHATEAU-GONTIER
IMPRIMERIE-LIBRAIRIE H. LECLERC
Rue Sainte-Anne
-
1879


La Rosière de château-gontier - 1879


Au commencement du 6e siècle, le siège épiscopal de Noyon (1) était occupé par un Prélat d'une haute vertu et dont le nom brille au Martyrologe.
 
Nous voulons parler de SAINT-MÉDARD, onzième Evêque de Vermans, qui, après le sac de cette ville par une invasion de barbares, transféra sa résidence épiscopale à Noyon, près de ses domaines de Salency, où il était né et dont il était seigneur.

Parmi tous les bienfaits qu'il répandit à profusion dans le pays soumis à sa juridiction, il est une institution qui domine toutes les autres et dont l'influence, malgré les siècles, est parvenue jusqu'à nous, entourée de tout un cortège de gracieuses images et de pieux souvenirs.
 
C'est la Fête de la Rose, d'où est venu le nom de Rosière.
 
Désirant encourager les jeunes gens à la pratique de la vertu et leur famille à une conduite toujours exemplaire, Saint-Médard voulut que, tous les ans, une jeune fille du village de Salency désignée par les suffrages de tous les habitants, reçût en dot une somme de 25 livres et une couronne de roses. Cette couronne bénite et posée par la main du Pasteur devait être le prix d'une vie sans tache et, pour celle qui l'avait obtenue, un engagement de ne jamais s'écarter de la voie de la vertu.
 
 La première Rosière fut couronnée par Saint-Médard lui-même, à Salency, en 535.
 
Lorsque le pieux fondateur, après avoir promulgué les statuts de la Fête de la Rose, fit rassembler pour la première fois ses vassaux, afin de désigner les trois jeunes filles parmi lesquelles il devait choisir la Rosière, il fut étonné de voir que la députation ne lui apportait qu'un seul nom : celui de sa sœur. Il demanda que l'on désignât deux autres jeunes filles, pour que les conditions fussent remplies. Les Salenciens s'y refusèrent, trouvant que personne, en vertu et en dignité, ne pouvait marcher à côté de la sœur de leur évêque. C'est ainsi que pour une seule fois, le peuple imposa au choix du seigneur celle qu'il proclamait la plus digne de la couronne, symbole de la vertu (2).
 
Cette institution devint pour les jeunes filles de Salency un puissant motif d'émulation et de sagesse. Après avoir éprouvé son œuvre pendant quelques années, Saint-Médard voulut la perpétuer. C'est pourquoi il détacha de ses domaines plusieurs arpents de terre pour former ce qu'on appela longtemps le fief de la Rose : il en affecta le revenu au paiement de vingt-cinq livres et aux frais accessoires de la cérémonie, qui devait être très-solennelle, ainsi que le témoignent certains articles de l'acte d'institution.

Avant de parler des statuts de la fondation et des détails de la cérémonie du couronnement, il n'est pas sans intérêt de rappeler que les Salenciens, pleins de vénération pour leur évêque, eurent toujours à cœur de conserver, dans sa pureté primitive, l'œuvre instituée par Saint-Médard. Ils en donnèrent une preuve remarquable en 1773, lors d'un procès où ils montrèrent une résistance énergique qui fut couronnée de succès.

A cette époque, un sieur François-Laurent Danré, écuyer, seigneur de Salency, jaloux de de la prérogative que les habitants avaient de s'assembler pour choisir les trois jeunes filles, parmi lesquelles il était forcé de prendre la Rosière, voulut leur enlever ce privilège et s'arroger le droit de décerner la couronne à celle à qui il lui conviendrait de la donner. Ayant malheureusement trouvé un syndic assez faible pour entrer dans ses vues (ce syndic fut depuis destitué par l'Intendant de la Province), il parvint à empêcher la convocation annuelle des habitants, qui se réunissaient pour la nomination des trois Salenciennes, parmi 1lesquelles devait se faire le choix du seigneur. Alors, le sieur Danré prit sur lui de nommer Rosière la fille d'un des habitants, sans qu'il n'y eut ni assemblée, ni élection, ni présentations préalables. Pour plus de précautions, il fit placer, le jour du couronnement, des gardes à la porte de la Chapelle de Saint-Médard.
 
Les habitants de Salency comprirent que leur institution était perdue, s'ils ne se hâtaient de protester contre cet abus de pouvoir : sommation fut faite au seigneur de se présenter devant le bailly de Chaulny. Le seigneur dédaigna de répondre à cet acte vigoureux de ses vassaux et le bailly de Chaulny rendit, au profit des habitants de Salency, une sentence par défaut.
 
Le sieur Danré forma opposition et la cause s'engagea par devant MM. du Parlement.
 
Sans rendre compte de tous les incidents du procès, nous dirons seulement que M. l'avocat du Roi donna des conclusions favorables aux Salenciens et que M. Target, avocat au Parlement, qui soutenait la cause de la Rosière, après une plaidoirie remarquable, refusa les honoraires que les Salenciens lui offrirent, ce qui fut consigné au procès-verbal rédigé en assemblée des habitants, le 1er janvier 1775, sous la présidence du syndic.

La Cour du Parlement rendit, en décembre 1774, un arrêt en faveur des habitants de Salency rétablissant le couronnement de la Rosière, avec les us et coutumes établis par Saint-Médard.
 
C'était un hommage solennel rendu à cette institution vraiment moralisatrice, datant de onze siècles et dont les Salenciens avaient justement le droit d'être fiers.

C'est aussi la meilleure réponse à faire aux historiens qui rejettent l'origine si ancienne de cette institution, la regardant comme « une de ces Moralités du 15e ou 16e siècle, telles qu'il est encore d'usage d'en représenter dans quelques villages des Flandres ».
 
Mieux inspiré quand il décrit la cérémonie du couronnement de la Rosière, le coutumier Picard, Sauvigny, (3) sous le titre d'éclaircissements sur la Feste de la Rose, nous fournit la lettre suivante où les détails sont empreints d'une simplicité naïve et remplie de charme :

« Par le titre de la Fondation, il faut non seulement que la Rosiere ait une conduite irréprochable, mais que son Pere, sa Mere, ses Freres, ses Sœurs et autres Parents jusqu'à la quatrième génération, soient eux-mêmes irrépréhensibles ; la tache la plus légère, le moindre soupçon, le plus petit nuage dans la famille, seroit un titre d'exclusion. Il faut des« quatre, des huit, des seize quartiers de Noblesse pour entrer dans certains Ordres, dans certains Chapitres ; des quartiers de probité, de mérite réel, ne vaudroient-ils pas mieux que ces quartiers de Noblesse, mérite de préjugé ?

« Le Seigneur de Salency a toujours été en possession, et seul jouit encore du droit de choisir la Rosiere entre trois Filles natives du Village de Salency, qu'on lui présente un mois d'avance. Lorsqu'il l'a nommée, il est obligé de la faire annoncer au Prône de la Paroisse, afin que les autres Filles, ses rivales, ayent le tems d'examiner ce choix, et de le contredire, s'il n'étoit pas conforme à la justice la plus rigoureuse. Cet examen se fait avec l'impartialité la plus sévère ; ce n'est qu'après cette épreuve que le choix du Seigneur est confirmé.

« Le 8 Juin, jour de la Fête de Saint-Médard, vers les deux heures après midi, la Rosiere vêtue de blanc, frisée, poudrée, les cheveux flottans en grosses boucles sur les épaules, accompagnée de sa Famille et de douze Filles aussi vêtues de blanc, avec un large ruban bleu en baudrier, auxquelles douze Garçons du Village donnent la main, se rend au château de Salency au son des Tambours, des Violons, des Musettes, etc. Le Seigneur, ou son Préposé, va la recevoir lui-même ; elle lui fait un petit compliment pour le remercier de la préférence qu'il lui a donnée ; ensuite le Seigneur, ou celui qui le représente, et son Bailli, lui donnent chacun la main, et précédés des Instruments, suivis d'un nombreux cortège, ils la mènent à la Paroisse, où elle entend les Vêpres sur un Prie-Dieu placé au milieu du Choeur.

« Les Vêpres finies, le Clergé sort processionnellement avec le Peuple, pour aller à la Chapelle de Saint-Médard : c'est là que le Curé, ou l'officiant bénit la Couronne, ou Chapeau de Rose, qui est sur l'autel ; ce Chapeau est entouré d'un ruban bleu (4) et garni sur le devant d'un Anneau d'argent. Après la Bénédiction et un Discours analogue au sujet, le Célébrant pose la Couronne sur la tête de la Rosiere qui est à genoux, et lui remet, en même tems, les 25 livres en présence du Seigneur et des Officiers de sa justice.

« La Rosiere ainsi couronnée est reconduite de nouveau par le Seigneur ou son Fiscal, et toute sa suite, jusqu'à la Paroisse où l'on chante le Te Deum et une Antienne à Saint-Médard, au bruit de la mousqueterie des jeunes gens du Village.

« Au sortir de l'Eglise, le Seigneur, ou son Représentant, mène la Rosiere jusqu'au milieu de la grande rue de Salency, où des Censitaires de la Seigneurie ont fait dresser une Table garnie d'une nappe, de six serviettes, de six assiettes, de deux couteaux, d'une salière pleine de Sel, d'un lot de Vin clairet en deux pots, (environ deux pintes et demie de Paris) de deux verres, d'un demi lot d'eau fraîche, de deux pains blancs d'un sol, d'un demi cent de Noix, et d'un Fromage de trois sols. On donne encore à la Rosiere, par forme d'hommage, une flèche, deux balles de paume, et un sifflet de corne, avec lequel l'un des Censitaires siffle trois fois avant que de l'offrir ; ils sont obligés de satisfaire exactement à toutes ces servitudes, sous peine de soixante sols d'amende.

« De là toute l'assemblée se rend dans la Cour du Château sous un gros arbre où le Seigneur danse le premier branle avec la Rosiere ; ce Bal champêtre finit au coucher du Soleil. Le lendemain, dans l'après-midi, la Rosiere invite chez elle toutes les filles du Village, et leur donne une grande collation, suivie de tous les divertissements ordinaires en pareil cas.

« Voilà, Monsieur, l'origine et les détails de la fête de la Rose ; le récit seul vous aura sans doute intéressé. Il est donc encore un endroit sur la terre ou un Chapeau de Rose est regardé comme le prix le plus honorable et le plus flatteur qu'on puisse donner à la Vertu ! Vous ne sauriez croire, Monsieur, combien cet établissement excite à Salency l'émulation des Mœurs et de la Sagesse. Tous les Habitants de ce Village, composé de cent quarante-huit feux, sont doux, honnêtes, sobres, laborieux. Ils sont environ cinq cents, ils n'ont point de Charrue ; chacun bêche sa portion de terre, et tout le monde y vit satisfait de son sort. On m'assure qu'il n'y a pas un seul exemple, pas un seul, dans toute la rigueur du terme, je ne dis pas d'un crime commis à Salency par un naturel du lieu, mais même d'un vice grossier, encore moins d'une foiblesse de la part du Sexe, tandis que tous les paysans des environs sont aussi brutaux, aussi vicieux qu'ailleurs. Quel bien produit un seul établissement sage ! Eh ! que ne feroit-on pas des hommes en attachant de l'honneur et de la gloire au mérite et à la vertu ? Il ne manqueroit plus à notre corruption que de jeter du ridicule sur la Fête de la Rose, et sur le plaisir pur qu'elle doit faire aux âmes honnêtes et sensibles. »
  
Dans un recueil de 1820, le Genlisiana, par Cousin d'Avalon, nous trouvons également une citation des œuvres si nombreuses de Stéphanie Ducrest de Saint-Aubin, Comtesse de Genlis, qui a trait au sujet qui nous occupe. C'est un récit de l'écrivain :

« Cette explication n'était pas romanesque ; cependant elle ne m'en inspira pas moins le plus ardent désir de voir couronner la Rosière de Salency.

« Quelques jours après, M. Lepelletier de Morfontaine, intendant de la province, vint nous voir ; il avait l'âme noble et bienfaisante ; je lui parlai de la Rosière, et il fut décidé que nous irions présider à son couronnement. En effet, nous allâmes à Salency ; nous couronnâmes la jeune Rosière dans la chapelle de Saint-Médard, fondateur de cette fête. J'entendis un discours aussi touchant que religieux prononcé par le curé ; je vis la mère et le vieillard vénérable, père de la Rosière, fondre en larmes pendant toute la cérémonie. Je dînai dans une feuillée toute recouverte de guirlandes de roses. Au dessert, nous chantâmes de charmants couplets faits par M. de G... et par quelques gens de lettres qui étaient avec nous, MM. de Sauvigny, Dorat et Feutry. Le soir, je dansai jusqu'à minuit au son des musettes sur des tapis de gazon, avec les bons Salenciens, et je passai la plus délicieuse journée.

« La Rosière fut comblée de présents. Mais ceux de M. de Morfontaine effacèrent tous les autres : en outre, il fonda une rente perpétuelle de deux cents livres pour la Rosière de Salency. Ce bienfait ne me plut pas ; il me semblait qu'il flétrissait un peu la rose, il ôtait la délicatesse de l'hommage, il diminuait la pureté de la joie inspirée par le don. Sur la fin de l'automne, nous retournâmes à Salency pour marier notre Rosière, ce qui donna lieu à de nouvelles fêtes champêtres, dont le Mercure rendit compte, en rapportant les couplets chantés à cette occasion. »
 
Telle était la faveur dont jouissait cette institution que les feuilles du temps ne dédaignaient pas d'en occuper tout Paris. On répandait des fleurs sur les pas de la Rosière, on chantait ses louanges, on vantait ses vertus et la poésie avait, non moins que la vérité, une large part dans ces éloges qu'ont remplacés aujourd'hui les froids comptes-rendus des journalistes du XIXe siècle.
 
Notre époque serait-elle plus matérialiste ou ne jugerait-elle pas aussi favorablement ces institutions dont la forme gracieuse et symbolique cache un but évidemment moral et civilisateur ? On serait tenté de le croire, si l'on ne voyait partout surgir des imitateurs du passé. Loin d'être abandonné, le culte des Rosières semble trouver de nos jours de plus nombreux adeptes, tant la vertu unie à la jeunesse chez la femme répand autour d'elle de charme et de parfum et s'impose à ceux-là même qui seraient enclins à la raillerie ou à l'indifférence.
 
Que de localités se sont inscrites, même de nos jours, sur la liste des respectueux copistes de la Rose du bon vieux temps !
 
Après Salency, où la fête de la Rosière n'a point encore perdu ses antiques prérogatives, il faut citer Nanterre — une des plus célèbres — Puteaux, Suresnes, Enghien, Montreuil, Neuilly et tout récemment, un arrondissement suburbain de Paris, Batignolles.
 
A côté de ces institutions fondées à perpétuité ou pour une série d'années plus ou moins longue, il fut, en plus d'un pays, couronné exceptionnellement des Rosières.
 
Un opuscule(5) imprimé à Caen en 1787, nous en fournit un exemple d'autant plus intéressant que la cérémonie eût lieu près de nous, dans l'ancienne province du Maine.
 
Le Curé, les ecclésiastiques, le syndic et les habitants de la paroisse de la Conception en Passais, Election de Domfront, attestèrent en 1785 que Jeanne Closier, âgée de 28 ans, chargée de soigner et de nourrir sa mère, grabataire et absolument infirme, s'était acquittée de ce devoir pendant 14 ans avec un tel courage et une telle piété que la paroisse de Salency, consultée sur les mérites et la conduite édifiante de cette jeune fille, répondit que si Jeanne Closier était née à Salency, la communauté des habitants se serait empressée de lui décerner les honneurs de la Rose.

Forts d'un tel témoignage, les habitants de Passais la proclamèrent Rosière ; Mgrs le Duc de Chartres, le Duc de Montpensier, et Mademoiselle d'Orléans, informés de la bonne conduite de Jeanne Closier et de la justice que lui avaient rendue les habitants de Salency, eurent à cœur non seulement de la doter, mais de lui trouver un parti avantageux.
 
Ils se firent représenter à son couronnement qui eût lieu à Passais, en Août 1786, avec toute la solennité d'usage.
 
Dans ces fondations modernes, on ne s'en tient plus, il est vrai, aux détails féodaux de la cérémonie, à l'idéal, au printanier chaperon de roses : le temps a marché et notre siècle positif ne se contente plus de faveurs platoniques. Une bourse, parfois assez rondelette, est mise à la disposition de la jeune fille proclamée Rosière. Qui pourrait s'en plaindre ? N'est-ce pas la dot de la vertu, car le couronnement sert presque toujours de prélude au mariage ?
 
Mais si les formes vieillies et surannées ont disparu, elles n'ont point emporté du moins le caractère et le but fondamental de l'œuvre :
 
Nous y retrouvons partout et toujours un hommage solennel rendu à la vertu, un encouragement officiel et public, que consacre la Religion, donné à la jeune fille qui, par son travail et des mœurs irréprochables, a mérité de devenir pour les siens un sujet d'orgueil, pour ses compagnes un motif d'émulation et de sagesse, pour tous enfin, un modèle et un exemple à suivre.

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* *

LES ROSIÈRES D'AUTREFOIS A CHATEAU-GONTIER

CES fêtes du couronnement d'une Rosière ne sont point chez nous de création récente, comme on pourrait le croire : sous le premier Empire, cette cérémonie avait déjà existé, mais elle n'avait point le même caractère et ne revêtait point ces formes symboliques qui en sont un des plus gracieux attraits.
 
Tout, à cette époque, était tourné vers l'esprit militaire et il n'est point étonnant que les fondations du temps en aient porté l'empreinte. C'est ainsi que l'on devine la pensée qui avait présidé à l'institution de 1807, pensée que les Municipalités ne faisaient que mettre à exécution, chaque année, le jour anniversaire du couronnement de l'Empereur. Il s'agissait moins, alors, de rendre hommage à la sagesse et de couronner la vertu, que de récompenser les services militaires. La dot accordée à la Rosière — choisie toujours, il est vrai, parmi les plus sages et les plus honnêtes, — était en réalité bien plus celle du militaire qui la conduisait à l'autel.

Ces glorieux débris de nos armées n'en devenaient pas moins de bons maris et d'excellents pères de famille.

C'est en 1807 que fut couronnée, à Château-Gontier, la première Rosière.

Les délibérations du Conseil Municipal de notre Ville nous fourniront l'historique de ces différentes cérémonies.

Nous mettrons presque en entier, sous les yeux du lecteur la première de toutes, la délibération à la date du 21 novembre 1807 : …….

Les membres composant le Conseil municipal de la ville de Château-Gontier, assemblés au lieu ordinaire de leurs séances, ès-personnes de MM. Allard, J. Thoreau, Baudoin, Durozet , Chevron, Chevallier, Brillet, Martin, Maumousseau,

Et présidés par M. Mahier, maire de la dite ville, en conséquence de la lettre à lui adressée le 18 du courant par M. le Préfet de la Mayenne, portant qu'aux termes de l'art. 6 du Titre II du Décret du 19 Février 1806, la fête de l'anniversaire du couronnement de l'Empereur et de la victoire d'Austerlitz doit être célébrée le Dimanche 6 Décembre dans toute l'étendue de l'Empire.

En conséquence, il vous invite à prendre toutes les dispositions propres à en relever l'éclat par un acte de bienfaisance dont la sollicitude Impériale fait un devoir aux Communes ayant plus de 10,000 fr. de revenus.

L'intention de l'Empereur est qu’on vous manifeste que chaque commune, ayant plus de 10,000 fr. de revenus, doit doter, le jour de l'anniversaire du couronnement, une fille sage qui soit mariée à un homme ayant fait la guerre et dont le choix sera fait par le Conseil municipal.

Le Maire a dit que c'est en vertu de cette lettre qu'il a invité le Conseil municipal a s'assembler pour régler la quotité de cette dot ; cette délibération devra être adressée de suite à M. le Préfet pour qu'il fixe la dépense tant en ce qui concerne la dot que les autres frais de la fête, et de prendre pour règle de la proposition à faire pour la dot et les autres frais la situation financière de la Commune, en conciliant, autant que possible, une noble décence avec une sage économie.

Les fonds qui sont mis à votre disposition pour les Fêtes publiques et, en cas d'insuffisance, une partie de ceux réservés annuellement pour les dépenses imprévues vous fourniront les moyens nécessaires de pourvoir aux frais de cette solennité. ….

Pourquoi, le Maire a remis sur le bureau la lettre de M. le Préfet et a invité le Conseil à délibérer sur icelle, en lui observant que notre ville n'a aucun bien-fonds ; que, si on considère le revenu de l'octroi comme une propriété, la vérité est que nous n'avons, d'après notre budget, aucuns fonds disponibles ; que les fonds destinés pour les fêtes publiques sont fixés à 300 francs.

Sur quoi délibérant, le Conseil, considérant le peu de revenu de la ville,

Arrête :

Que la dot sera de 300 fr., et quant au choix du militaire, le Conseil ayant voté par bulletins, il en est résulté que Jean Taunay, ex-fusilier de la 5e compagnie du 1er bataillon de la 38e demi-brigade, natif de Château-Gontier, entré au service le 11 Août 1792 et ayant fait les campagnes de 1792 à 1799, après avoir produit un congé absolu et des certificats honorables de son corps, a obtenu la majorité, et que la fille avec laquelle il se propose de se marier, nommée Anne Naveau, âgée de 34 ans, native de Château-Gontier, a paru un parti sortable, et que cette fille s'est toujours bien comportée et a mérité l'estime des honnêtes gens ;

Que la ville n'ayant aucun fonds à sa disposition, le Conseil est d'avis que les époux seront conduits avec pompe à l'église paroissiale de la ville où ils recevront la bénédiction nuptiale le 6 Décembre prochain.

La dépense des Fêtes publiques ayant été fixée par le budget à 300 fr. et ayant coûté 332 fr. 65 (6), la ville se trouve dans l'impossibilité de pourvoir à aucune autre dépense, pourquoi le Conseil invite M. le Préfet, à accorder le surplus des dépenses faites pour les Fêtes etc...

Fait et arrêté en séance, les jour et an que
dessus.    (Suivent les signatures.) ….

En 1808 et 1809, il n'y eut point chez nous de couronnement de Rosière. Pourquoi la fête fit-elle défaut ces deux années là ? — nous aimons mieux croire qu'il ne se présenta personne pour épouser et que, faute de mari, plus d'une jeune fille sage dût renoncer à la couronne de roses et coiffer la redoutable Sainte Catherine.

En 1810, l'institution reparaît, et comme compensation, nous présente deux Rosières, qui toutes les deux prennent époux.

Dans sa séance du 6 Avril 1810, le Conseil municipal de la ville de Château-Gontier, sous la présidence de M. Hilaire Bourdon-Gramont, 1er adjoint, appelé à voter sur le choix de deux militaires, retirés du service, ayant fait au moins une campagne dans les armées Françaises, destinés à être mariés,

Arrête :

Que le sieur Louis Angot, ayant obtenu 13 voix sur 15, serait marié le 22 du présent mois avec Marie Baraise et le sieur Jean Le Brec, ayant obtenu 11 voix, épouserait Jeanne Dugast ; que les demoiselles Baraise et Dugast, toutes les deux de très-bonne conduite, seront dotées chacune de 600 francs, conformément à l'art. 5 du Titre 4 du Décret Impérial du 25 Mars 1810.

En 1811, le Conseil municipal sous la présidence de M. Dean, maire, délibérant sur le même objet dans la séance du 7 Mai, fixe son choix à l'unanimité sur Jean Legay, âgé de 29 ans, canonnier au 2e régiment d'artillerie de la marine, domicilié à Château-Gontier, lequel se propose d'épouser Mlle Marie Marsollier qui réunit toutes les qualités morales qui sont à désirer, et décide en conséquence qu'il leur sera accordé la dotation de 600 fr., portée au budget, et que la cérémonie de leur mariage se fera le Dimanche 2 Juin, jour où doit se célébrer la fête à l'occasion de la naissance de S. M. le Roi de Rome, Prince Impérial.

Il n'est pas sans intérêt pour les lecteurs de détacher du programme des Fêtes, qui eurent lieu à Château-Gontier à cette époque, les articles qui concernent le mariage de la Rosière.

ARTICLE I

Le Samedi 1er Juin à 7 heures du soir et le lendemain à 6 heures du matin, il sera tiré 21 coups de canon et toutes les cloches de la Commune seront sonnées pour annoncer la Fête.

ARTICLE II

Il sera doté par la Ville une fille pauvre de cette Commune pour être mariée le 2 Juin prochain, avec un militaire retiré qui aura servi avec honneur.

ARTICLE III

Les Autorités civiles et militaires se réuniront le 2 juin à l'Hôtel de Ville pour assister à la célébration du mariage de la Rosière, auquel M. le Sous-Préfet sera invité. Le cortège en partira à 10 heures précises du matin, accompagné d'une escorte, et se rendra en l'église Saint-Jean pour assister à la Grand'messe et à la bénédiction nuptiale de la Rosière. Après le Service divin, M. le Sous-Préfet et l'autorité Municipale s'en retourneront dans le même ordre.

ARTICLE IV

Messieurs les amateurs de musique seront invités d'assister à la cérémonie (7).

ARTICLE VI

A 6 heures du soir, des danses publiques commenceront, si le temps le permet ; elles auront lieu sur les Promenades dites des Platanes et dureront jusqu'à 11 heures du soir. La musique et l’éclairage seront fournis par la Mairie. ….


Cela se terminait toujours par le traditionnel feu d'artifice.

La dernière Rosière couronnée à Château-Gantier date de 1812.

La délibération du Conseil municipal du 20 Novembre porte que le sieur Joncheray, voltigeur, habitant Saint-Remi, entré au service le 30 Nivôse An XII, réformé le 11 Octobre 1811 pour cause de trois coups de feu et autres infirmités contractées au service, et sans pension, a remporté la majorité des suffrages, et qu'il doit épouser Marie Chalumeau, jeune fille domiciliée en la Ville depuis quinze ans, et dont la bonne conduite mérite l'estime générale.

La même dot de 600 francs, inscrite au budget de la commune, devra leur être donnée le 6 Décembre suivant.

La délibération qui porte trace de la dernière Rosière couronnée en nos murs est, coïncidence singulière, toute entière transcrite sur le registre, de la main même de M. Quinefault, adjoint au Maire, président l'assemblée en l'absence du premier magistrat.

Il appartenait à un autre membre de cette famille de faire revivre, deux tiers de siècle plus tard, cette même Institution, mais en lui rendant, avec l'éclat accoutumé, son véritable but et son gracieux caractère.

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LA ROSIÈRE DE 1879

L'INSTITUTION d'une Rosière, à Château-Gontier, ne doit vraiment dater que du 15 Août 1879.

Ces Fêtes du couronnement de la Vertu, si suivies aux environs de Paris, sont à peine connues de la Province où elles n'ont point encore pénétré et où elles ne manqueront pas de piquer vivement la curiosité. C'est à un de nos compatriotes, M. Paul-Romain QUINEFAULT que nous sommes redevables de cette innovation décentralisatrice, dont la ville de Château-Gontier profitera à tous égards et gardera longtemps un renom particulier.

C'est dans les dernières volontés de M. Quinefault que nous trouvons la fondation de la Rosière Castrogontérienne.

M. Paul-Romain Quinefault, ancien vérificateur de l'Enregistrement et des Domaines, décédé à Laval le 24 décembre 1878, a laissé un testament olographe en date à Château-Gontier du 8 septembre 1875, déposé en l'étude de Me Sesboüé, notaire, aux termes duquel il a fait les dispositions suivantes, que nous transcrivons littéralement : ….


Je, soussigné, Paul-Romain Quinefault, domicilié à Château-Gontier, déclare par le présent, mon testament olographe, instituer pour ma légataire universelle la Commune de Château-Gontier ; pour par elle pouvoir disposer en toute propriété et comme bon lui semblera, à partir du jour de mon décès, de tout ce qui composera ou dépendra de ma succession ;

A la charge de :    1° Couronner une Rosière, tous les ans, pendant 60 années consécutives, de lui verser ou remettre mille francs un an après le couronnement qui aura lieu le 25 Août : si elle se marie dans le courant de l'année, elle recevra deux mille francs ;

Cette Rosière sera choisie parmi les filles d'ouvriers nécessiteux, si elle n'a également pour vivre que le travail de simple ouvrière ; elle devra être bien constituée, saine et laborieuse, avoir au moins 21 ans et 30 ans au plus.

Le Futur devra avoir au moins 25 ans et 35 au plus, simple ouvrier ou manœuvre, d'une bonne santé, robuste, sobre, laborieux et pas de mauvais antécédents.

Dans le cas où la Rosière ne devrait recevoir que mille francs, les autres mille seraient reportés à l'année suivante, soit quinze cents francs et trois mille francs.

La Commission chargée de l'exécution de ces conditions sera composée : du Curé de la Paroisse où résidera la Rosière, du Maire, du Président du Tribunal civil, du Procureur de la République ou Royal ou Impérial, et d'un Médecin.

2° De payer mes dettes, si j'en laisse, et les frais funéraires ;

De faire élever, sur ma tombe, un mausolée en granit avec une plaque en bronze sur laquelle sera gravé ce qui suit : Paul-Romain Quinefault, né le 18 mai 1805, décédé le..... instituteur d'une Rosière : ce mausolée devra être entretenu en bon état.

3° Un service annuel pour le repos de mon âme, le lendemain du couronnement ;

4° Le plus de solennité possible à la fête du couronnement :
Je désire que mon nom soit donné à la Place de l'Ecu de France. ….


Un arrêté préfectoral du 20 Mars 1879 autorisa la ville de Château-Gontier à accepter, aux clauses et conditions imposées, le legs universel qui lui était fait par M. Paul Quinefault.

Deux mois plus tard, M. le Maire de Château-Gontier prenait, à la date du 10 Mai, un arrêté fixant la date du couronnement et nommant la Commission chargée de désigner la Rosière.

Cet arrêté fait d'une façon précise l'historique de la fondation et relate toutes les phases successives par lesquelles a passé l'instruction de cette affaire ; aussi le citerons-nous en entier :

« Nous, Maire de Château-Gontier,

« Vu:

« 1° Le testament olographe, en date du 8 septembre 1875, dûment constaté et enregistré, par lequel M. Paul-Romain Quinefault, ancien vérificateur de l'enregistrement, décédé à Laval le 24 Décembre 1878, a institué la ville de Château-Gontier, où il était né le 18 Mai 1805, pour sa légataire universelle, sous l'obligation de couronner une Rosière pendant 60 années consécutives, à la date du 15 Août, et détermine la composition de la Commission qui doit être appelée à choisir cette Rosière.

« 2° La délibération prise par le Conseil municipal de Château-Gontier, le 10 Février 1879, et portant qu'il y avait lieu d'accepter, avec reconnaissance le legs fait par M. Quinefault, ainsi qu'il vient d'être dit.

« 3° L'acte au rapport de Me Sesboüé et de son collègue, notaires à Chàteau-Gontier, en date du 17 Février dernier, contenant acquiescement, par les héritiers naturels de M. Quinefault, à l'exécution de son testament prédaté.

« 4° L'arrêté du 20 Mars 1879, aux termes duquel M. le Préfet de la Mayenne a autorisé la ville à accepter le legs dont il s'agit, aux charges et conditions qui l'accompagnent.

« 5° L'acte passé en l'étude de Me Sesboüé, sus-nommé, assisté de son collègue, le 28 Avril dernier, enregistré le 30 du même mois, contenant acceptation par nous, Maire soussigné, au nom de la ville, des dispositions testamentaires de M. Quinefault.

« 6° Et l'ordonnance, en date du 1er Mai, présent mois, enregistrée, par laquelle M. le Président du Tribunal civil de Laval a envoyé la ville de Château-Gontier en possession du legs fait à son profit suivant ces dispositions testamentaires.

« Considérant qu'il nous appartient de provoquer l'accomplissement des formalités nécessaires et de prendre les mesures exigées pour arriver à l'exécution des volontés de M. Quinefault, notamment en ce qui concerne le couronnement d'une Rosière qui forme la principale des obligations imposées à la ville.

« Avons arrêté ce qui suit :

« ARTICLE I. — Il sera, conformément au testament ci-dessus visé, procédé le 15 Août prochain au couronnement d'une Rosière.

« ART. II. — Cette cérémonie aura lieu avec le plus de solennité possible et d'après un programme qui sera ultérieurement adopté.

« ART. III. — Sont appelés à composer avec nous, Maire soussigné, la Commission chargée d'élire la Rosière : MM. Monguillon, Archiprêtre de Saint-Jean, Trebous, Président du Tribunal civil, Lemare, Procureur de la République, et Jousselin, Médecin en chef de l'hospice Saint-Joseph.

« ART. IV. — Dans le cas où la Commission aurait à apprécier le mérite d'une jeune fille étrangère à la paroisse de Saint-Jean, M. Monguillon serait, pour cette délibération, remplacé par M. le Curé de la paroisse dans laquelle la jeune fille aurait sa résidence.

« ART V. — La Commission se réunira à l'hôtel de la Mairie, sur une convocation de notre part. Elle nommera son Président et son Secrétaire.

« ART. VI. — Pour permettre, s'il y a lieu, l'exécution de l'art. IV ci-dessus, MM. Betton, curé de Saint-Remi, et Piednoir, curé de la Trinité, seront convoqués à la réunion.

« ART. VII. — Dès que la Commission aura fixé son choix, la décision intervenue sera par nos soins portée à la connaissance de la Rosière qui, à moins d'empêchement légiti« me, devra dans les cinq jours au plus tard, nous adresser son acceptation.

« Fait à Château-Gontier, à l'hôtel de la Mairie, le 10 mai 1879.

Le Maire de la ville,

A. FOURNIER.

Pour compléter ces renseignements, nous donnerons également le procès - verbal de la réunion de la Commission, instituée par testament olographe de M. Paul-Romain Quinefault, en date du 8 Septembre 1875, à l'effet de désigner une Rosière pour l'année 1879.

« L'an 1879, le 16 Mai, à 2 heures de l'après-midi,

« En exécution de l'arrêté pris par M. le Maire de Château-Gontier, à la date du 10 Mai courant, et, sur convocation spéciale de ce magistrat, s'est réunie, à l'Hôtel-de-Ville, la Commission instituée par M. Quinefault, dans son testament, et composée conformément à l'art. III de l'arrêté précité de :

« MM. Fournier, Maire de Château-Gontier ; Monguillon, Archiprêtre de St-Jean ; MM.Trebous, Président du Tribunal civil ; Lemare, Procureur de la République ; Jousselin, Médecin en chef de l'hospice Saint-Joseph.
 
« Sur l'invitation de M. le Maire, cette Commission a été invitée à désigner son Président et son Secrétaire.
 
« M. Fournier a été nommé Président ; M. Lemare, Secrétaire.
 
« Le Bureau ainsi constitué, M. le Président a donné lecture du testament de M. Quinefault instituant une Rosière et de l'arrêté Municipal du 10 mai 1879, destiné à provoquer l'accomplissement de toutes les formalités nécessaires pour assurer l'exécution des volontés du testateur, notamment en ce qui concerne le couronnement de la Rosière.
 
« Après examen des titres que pouvaient avoir plusieurs jeunes filles de Château-Gontier à être désignées comme Rosières, la Commission a désigné, à l'unanimité, la jeune Louise-Rosalie Rezé, comme Rosière pour l'année 18e79, pour sa conduite exemplaire, son application au travail et une touchante piété filiale.

« Louise-Rosalie Rezé, née à Château-Gontier, en la paroisse de la Trinité, le 30 janvier 1857, de Louis Rezé et de Jeanne Beaumier, décédés, habite actuellement la rue des Quatre-Vents, paroisse de Saint-Jean, et exerce la profession de ravaudeuse. D'une grande modestie, d'une conduite sans tache et d'un rare dévouement, cette jeune fille est digne à tous égards de l'honneur qui lui est fait : la ville entière ratifiera, nous en sommes convaincu, le choix de la Commission.

« Pour répondre au vœu formel du Fondateur, la Municipalité et M. l'Archiprêtre de Saint-Jean, chacun en ce qui le concerne, sont dans l'intention de donner à la fête toute la solennité possible. La Société Philharmonique de Château-Gontier, la Compagnie de Sapeurs-Pompiers de la Ville et les Compagnies subdivisionnaires des Communes environnantes viendront, par leur présence, en rehausser l'éclat.

« Le Couronnement de la Rosière se composera de deux parties distinctes :

« La cérémonie civile qui aura lieu place de la Mairie, sur une estrade adossée contre l'Hôtel-de-Ville et recouverte d'un velum aux couleurs de la Rosière, blanc et bleu. C'est là que M. le Maire prononcera le discours d'usage et que, devant toutes les Autorités réunies, en présence de ses Marraines, choisies parmi les Dames de la ville, Mademoiselle Louis-Rosalie Rezé recevra solennellement la Couronne de Roses et les cadeaux qu'on est dans l'habitude d'offrir en pareil cas.

« La cérémonie religieuse qui se passera en l'église Saint-Jean, où la Rosière, accompagnée d'un nombreux cortège, fera bénir par la Religion la couronne de Saint-Médard, prix de la sagesse et de la vertu.

« Les nombreux préparatifs que l'on fait, la pompe que l'on veut déployer, l'intérêt qui s'attache toujours à une innovation, la curiosité publique vivement surexcitée, tout, jusqu'à la coïncidence d'un brillant Concours Musical organisé pour le lendemain par la Société Philharmonique de notre ville nous font espérer une de ces Fêtes qui marqueront dans les annales de Château-Gontier. »


NOTES :
(1) Noyon est aujourd'hui un chef-lieu de canton de l'Oise.
(2)On voit encore aujourd'hui dans une Eglise de Paris, dans un ancien faubourg de la capitale et sous l'invocation de Saint-Médard, un tableau représentant le pieux évêque, dans ses habits pontificaux, déposant la couronne de roses sur la tête de sa sœur, que le peuple assemblé avait acclamée Rosière de Salency.
(3) Sauvigny, La Rose ou la Fête de Salency, Paris. 1760. Nous laissons l'orthographe du temps.
(4)« Louis XIII se trouvant, il y a cent cinquante ans, au château de Varennes, qui appartient aujourd'hui à M. le Marquis de Barbançon, près Salency, M. de Belloy, alors Seigneur de ce dernier Village, supplia ce monarque de faire donner, en son nom, cette récompense de la vertu. Louis XIII y consentit, et envoya M. le Marquis de Gordes, son premier Capitaine des Gardes, qui fit la cérémonie de la Rose pour Sa Majesté, et qui, par ses ordres, ajouta aux Fleurs une bague d'argent et un Cordon bleu. C'est depuis cette époque que la Rosière reçoit cette bague, et qu'elle et ses compagnes sont décorées de ce ruban. Tous ces faits sont constatés par les titres les plus authentiques. » (Note de 1766.) (Extrait de la Rosière de Salency, par LÉON DE LABESSADE, 1878. Paris).
(5) Rosière de Passais ou piété filiale de Jeanne Closier.
(6) Il paraît que, dès ce temps là, on dépassait déjà le chiffre des sommes votées pour les réjouissances publiques.
(7) Dans le procès-verbal des Fêtes, dressé le 10 Juin, il est dit que MM. les amateurs de musique ont assisté â la Fête où ils ont exécuté des airs conformes à la cérémonie.

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