Journal de ce qui s’est passé au Canada depuis le mois d’Octobre 1755 jusqu’au mois de Juin 1756.- [sl : sn, sd].- 8 p. ; 23 cm.
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JOURNAL
DE CE QUI S’EST PASSÉ AU CANADA
Depuis le mois d’Octobre 1755 jusqu’au mois de Juin 1756.
 
 
OCTOBRE 1755

PAR une lettre du Détroit, en date du 18, tous les Sauvages de ce pays paraissent disposés à frapper sur les Anglais. Les Miamis & Poutoüamis sont dans les mêmes dispositions ; ces derniers ont toujours eu des partis en campagne, ils avoient tué, ou pris, lors de la date de cette lettre, 1[?]0 Anglais.

MONSIEUR de Dieskau a été transféré d’Orange à Baston ; il y a longtemps que l’on n’a eu de ses nouvelles.

ON a fait passer 120 familles acadiennes à l’Isle S. Jean, & 40 à la rivière du même nom, malgré les efforts des Anglais pour s’y opposer.

JANVIER 1756

ON a envoyé des espions aux Mines, & au Port Royal, qui ont rapporté qu’il y avait 400 hommes de troupes réglées à Chibouctou, dit Halifax, & 80 au Port Royal.

Les Anglais nous ont brûle une grange remplie de bled, près de Carillion, & ont fait un prisonnier.

FEVRIER

L’ON a appris que les Anglais font de grands préparatifs & des levées considérables dans toutes les Provinces de la nouvelle Angleterre : ils ont composé du côté d’Orange, une compagnie de partisans Flamans, & autres gens de la même espèce, accoutumés à courir les bois.

MARS

LE 18 on a été informé que M. du Mas, Commandant au Fort du Quesne, a battu les Anglais au même lieu qu’ils l’avoient été l’année dernière, & que les Sauvages ont fait de grands ravages sur les terres ennemies.

LE 20. 200 Bateaux destinés à transporter nos troupes pour les opérations de la campagne prochaine, viennent d’être finis.

AVRIL

LE 11. Quelques Anglais venus aux environs du Fort S. Fréderic, ont brûlé 4 granges. Un Sergent & un Soldat sortis du Fort de Carillion pour aller à la chasse, ont été attaqués par un parti de Sauvages Agniez : le Sergent a été tué, et la chevelure levée, le Soldat s’est échappé.

MAI

UN parti de Sauvages Iroquois a fait des prisonniers Anglais parmi lesquels il s’est trouvé un Major & un autre Officier ; le premier était porteur de lettres que l’on croyait importantes ; mais il n’a rien transpiré de ce qu’elles contenaient.

LE 3. On apprend par M. de Klerec, Gouverneur du Mississipi, que les Nations sauvages de son Gouvernement, sont dans le dessein de frapper sur les Anglais de la belle rivière, où nous avons fait des prisonniers en grand nombre on en compte 600 depuis l’action du Fort du Quesne, M. Braddok a été tué.

LE 6. On apprend par une lettre du pays des Wiatanons, que les Illinois ont frappé, à la rivière des Iroquois, sur les Kikapaux & Miamis de S. Joseph ; ils ont tué deux femmes, & fait cinq enfants prisonniers.

LE 23 nous avons fait trois prisonniers Anglais dans le Lac S. Sacrement.

ON apprend, dans le moment que trois Députés des cinq Nations sont venus à Mont-réal pour demander que le chemin de chez nous à Chouaguin, fût libre : ils ont été fort mal reçus par M. le Marquis de Vaudreüil ; & c’est en conséquence de cette proposition, que M. de Villiers à été détaché avec 1100 hommes Français et Sauvages, pour intercepter toutes communications aux Anglais, & empêcher les transport de leurs vivres munitions artillerie au dit Fort du Choüaguin. Le rapport de plusieurs prisonniers fait présumer qu’il est mal muni en tout genre.

DES Anglais en embuscade aux environs de Carillion, ont tué un Milicien, fait prisonnier un jeune Cadet qui avait été envoyé avec 10 hommes, pour couper des arbres qui avaient tombé dans le chemin : ce jeune Officier avait eu l’imprudence de laisser à quelque distance de lui, les fusils de son détachement.

LE 27 Mars dernier, il y a eu nue action près de Chouaguin, où M. de Léry, Officier de la Colonie, s’est distingué. Je joindrai la relation de cette affaire à la fin de ce Journal.

LES Vaisseaux du Roi, le Héros l’Illustre & le Léopard, avec les Frégates la Licorne, la Sauvage & la Sirène, partis de Brest le premier jour d’Avril en trois divisions, c'est-à-dire, un Vaisseau & une Frégate ensemble, sont arrivés à la fin de ce mois à Québec. Le Léopard avait un grand nombre de malades qui a encore augmenté depuis son arrivée. M. Gomain, commandant ce Vaisseau, & M. de Romainville, son premier Lieutenant, sont mort ainsi qu’un Officier des Troupes de terre. Le nombre de morts parmi les Soldats & Matelots n’est pas si considérable qu’on avait lieu de le craindre.

JUIN

LE 7 on apprend de Mont-réal que M. de la Colombière, Officier de la Colonie, parti depuis trois semaines avec 300 hommes, pour aller à la découverte, & brûler les canots des Anglais au Fort Lydius, distant du Fort S. Fréderic d’environ 20 lieues, destinés au transport de leurs vivres & munitions, a été découvert à quelques lieues de ce Fort par l’indiscrétion d’un Cadet pris aux environ du Fort Carillion, nommé aujourd’hui le Fort Vaudreüil : c’est par lui que les Anglais ont été informés que cet Officier était en marche : & sur cet avis, ont pris les mesures suivantes pour s’opposer à son projet, en renforçant la Garnison de Fort Lydius, en mettant leurs Canots sous le canon du Fort.

M. de la Colombière ayant été informé de ce que les Anglais avoient faits par les découvreurs qu’il avait envoyé, ne pensa plus qu’à faire des prisonniers dans le cas où les ennemis viendraient à sortir, ce qui ne manqua pas d’arriver.

ILS firent une sortie de 80 hommes, qui auraient tous péris sans la précipitation de nos Canadiens & de quelques Sauvages qui se découvrirent trop tôt : cependant on a défait une partie de ce détachement, & fait trois prisonniers. Cet Officier est retourné à peu près dans le même endroit avec 200 hommes.

UN détachement de Sauvages a tué 14 Charpentiers, & fait trois prisonniers aux environs de Chouaguin, du nombre de 40 qui y travaillaient.

LES Sauvages Mississaguès & Tsonnontouans ont tué près du Fort Cumberland, à la belle Rivière, 50 Anglais. L’épouvante est grande parmi les Anglais dans ce pays : & les nouvelles venues en France l’hiver dernier de la désolation de la Pennsilvanie, ne sont pas sans fondement : le pillage considérable, lors de la défaite du Général Braddok, a attiré vers le Fort du Quesne des Nations sauvages des pays fort éloignés.

LES Navires marchands la Renommée, le Robuste, la Reine des Anges, le Sagittaire, & deux Gouellettes partis de France au mois de Mars chargés de vivres pour la Colonie, & portant des troupes, sont arrivés dans le courant de Mai. On en attend plusieurs autres.

LES nouvelles que l’on a de l’ennemi, portent qu’ils ont rassemblé deux corps de troupes considérables, que l’on fait même monter jusqu’à 10000 hommes chacun : l’un à Orange, destiné à attaquer la partie du Fort S. Fréderic, & l’autre à Chouaguin, menaçant Niagara : mais on a peine à croire qu’il y ait réellement 20000 hommes assemblés.

NOS Troupes seront distribuées cette année suivant l’ordre ci-après.

LES Bataillons de la Reine & Languedoc sont déjà campés à Carillion, ou Fort de Vaudreüil avec un corps de Canadiens & Sauvages qui vont souvent en parti, lèvent souvent quelques chevelures.

BÉARN est en marche depuis les derniers jours de Mai, pour aller camper à Niagara, & Guyenne à Fontenac : la Sarre s’y joindra, & nos Ingénieurs y passent, cette partie ayant besoin de leur présence.

LA destination du Régiment Royal – Roussillon, qui ne peut être à Mont-réal qu’à la fin du mois, dépendra des nouvelles qu’on aura de l’Ennemi.

LA navigation du Lac Ontario est un objet de conséquence. Nous y avons 4 Bâtiments, dont les deux portent 14 canons et 12 livres de balles. Les Anglais en ont aussi : mais il y a lieu de penser que nous leur seront supérieurs, d’autant que les plus gros de leurs Navires n’a pu être mis à l’eau, à ce que l’on assure.

LES des dernières nouvelles du Fort du Quesne sont du 27 Avril. Les Ennemis ne paraissent faire aucun mouvement considérable de ce côté-là. Les Nations d’en haut paraissent bien disposés pour nous, l’on ne voit encore du côté des cinq Nations Iroquoise que la neutralité.

PRISE DU FORT BULL PAR M. LÉRY.

LE 27 Mars 1756, à 4 heures du matin, le détachement commandé par M. Léry, Lieutenant des Troupes de la Colonie, se mit en marche, très-affaibli par la fatigue qu’il essuyait depuis quinze jours qu’il était parti de Mont-réal, & perce qu’il manquait presque entièrement de vivres depuis deux jours. A 5 heures & demie il arriva au chemin du portage : & les découvreurs, qui étaient en avant, amenèrent deux Anglais qui venaient au Fort le plus proche de Chouaguin, à qui M. Léry fit dire qu’il leur ferait casser la tête par les Sauvages, s’il s’apercevait qu’il cherchassent à déguiser la vérité, & que s’il la lui accusaient, il ferait tous ses efforts pour les retirer de leurs mains.

CES prisonniers dirent que le Fort du côté de Chouaguin se nommait Bull, ayant pour Garnison 60 Soldats commandés par un Lieutenant. Qu’il y avait dans ce Fort une quantité considérable de munitions de guerre et de bouché : que le Fort était construit de gros pieux de 15 à 18 pieds hors de terre, redoublés en dedans jusqu’à hauteur d’hommes, ayant presque la forme d’une étoile, qu’il n’y avait point de canons, mais beaucoup de grenades, que le Colonel Johnson avait envoyées sur la nouvelle que les Sauvages lui avoient donnée de notre marche : que le Commandant de ce Fort s’appelait Bull : qu’il devait partir le soir 15 Bateaux pour Chouaguin : & que dans l’instant, les traîneaux arriveraient avec la charge de 9 Bateaux : que le Fort du côte de Corlac, à la tête du portage, était de pieux beaucoup plus grands & bien flanqué, ayant 4 pièces de canon, & 150 hommes de garnison commandés par le Capitaine Williams, dont le Fort portait le nom : qu’ils ne savaient pas s’il y avait des provisions dans le Fort, n’y étant point entrés.

A 10 heures, les Sauvages se saisirent de 10 hommes qui conduisaient les traîneaux chargés de vivres, qui confirmèrent ce que les prisonniers avoient dit, & ajoutèrent qu’il était arrivé la veille au soir, 100 hommes qui avaient annoncé être suivi de beaucoup de monde.

MONSIEUR de Léry s’étant occupé d’abord à faire distribuer à son détachement les vivres trouvés dans les traîneaux, on vint l’avertir qu’un Nègre qui accompagnait les chariots, s’était échappé, prenant le chemin du Fort Williams : sur quoi ne pouvant douter que l’on n’eût connaissance de lui à ce Fort , il dit à Monsieur de Montigny, son second, qu’il était déterminé à attaquer le Fort Bull, les prisonniers l’ayant assuré que la majorité des provisions & munitions y étaient. Aussi-tôt chaque Officier eut ordre de disposer sa Brigade, & Monsieur de Léry fit dire aux Sauvages qu’il allait attaquer le Bull ; mais ils lui représentèrent qu’il y avait des vivres pour conduire le Détachement à la Présentation, de la viande Anglaise que le maître de leur vie leur avait accordée, sans qu’il en coûtât personne : & que risquer une seconde affaire, serait aller contre sa volonté ; que si absolument il voulait périr, il était le maître des ses Français : ce Commandant répondit qu’il n’avait point envie de les exposer, & qu’il leur demandait seulement deux Sauvages pour les guider dans son expédition ; ce qu’ils accordèrent avec peine : une vingtaine ensuite se déterminèrent à le suivre, étant animés de quelques coups d’eau-de-vie : les Algonquins, Népissings, & ceux des Iroquois qui ne voulaient pas suivre, acceptèrent la proposition que Monsieur de Léry leur fit de garder le chemin, & les 12 prisonniers : ils assurèrent ce Commandant qu’ils pouvait attaquer, qu’ils allaient s’emparer du chemin, & observer les démarches des Anglais du Fort Williams.

LE Détachement s’étant mis en marche dans le grand chemin, à 15 arpents du Fort, les Soldats ayant la baïonnette au bout du fusil, Monsieur de Léry ordonna de marcher tout de suite sans tirer un seul coup, & de s’emparer des corps-de-gardes si-tôt que l’on serait dans le Fort : il en était encore à 5 arpents, lorsqu’il entendit le cri des Sauvages, malgré la défense qui leur en avait été faite, dans l’instant il ordonna d’avancer à toute jambe pour s’emparer de la Porte du Fort : mais les ennemis eurent le temps de la fermer, six Sauvages seulement suivirent les Français, les autres poursuivirent six Anglais qui n’ayant pu gagner le Fort, s’étaient jetés dans le bois.

MONSIEUR de Léry destina du monde, pour hacher la Porte du Fort, & fit sommer le Commandant de se rendre, en lui promettant la vie & à tout son monde : à quoi il ne répondit que par le feu de sa mousqueterie, & jetant quantité de grenades, nos Soldats & Canadiens qui avaient couru à toutes jambes depuis l’instant du cri des Sauvages, s’étaient emparés des créneaux, d’où ils tiraient sur les Anglais qu’ils pouvaient apercevoir, on travaillait à grandes forces pour abattre la Porte, & elle ne fût en morceaux qu’au bout d’une heure, alors tout le Détachement ayant crié VIVE LE ROI, entra dans le Fort & fit main-basse sur tout ce qui se trouva : il y eut seulement une femme & quelques Soldats assez heureux pour se soustraire à fureur de nos troupes, quelques personnes prétendent que l’on n’a fait qu’un seul prisonnier dans cette action.

LE Commandant & les Officiers se transporter aux magasins, & firent travailler en diligence à jeter les barils de poudre à la rivière, mais le feu ayant pris à un des magasins, & Monsieur de Léry jugeant qu’il ne pourrait le faire éteindre sans courir risque de faire sauter en l’air le monde qui y serait employé, donna l’ordre de s’éloigner au plus vîte, & l’on en eût à peine le temps, que le feu prit aux poudres qui s’enflammèrent en trois fois, & la commotion fût si grande, qu’un Soldat de Guyenne, & un Iroquois du Sault, furent blessés des débris du Fort, quoiqu’ils fussent déjà éloignés : le Sauvage sur-tout est en danger de mort de cette blessure.

CEPENDANT on envoya un détachement chercher les Bagages qui étaient restés dans le chemin, & un peu après un Sauvage vint avertir M. de Léry que les Anglais faisaient une sortie : ce qui lui fit rallier son Détachement, & s’étant placé sur le Bord de la Rivière, il fit néanmoins jeter à l’eau les bombes, grenades, boulets & toutes les munitions que l’on put trouver, il fis rompre les 15 Bateaux, puis se mit en marche pour s’opposer à la sortie qu’on lui avait annoncée, mais il apprit en chemin que les Sauvages l’avoient repoussée après avoir tué ou pris 17 hommes, cette sortie fut faite du Fort Williams, sur la nouvelle que le Nègre y porta, & les Sauvages qui ne voulant point attaquer le Fort Bull, s’étaient chargés de garder le chemin, s’en acquittèrent si bien, que ce Détachement s’en retourna au plus vite, après avoir perdu le nombre de 17 hommes : aussi les Sauvages venant quelques heures après, complimenter M. de Léry sur son heureux succès, ne manquèrent pas de lui faire valoir l’avantage qu’ils avoient remporté.

UN Chef lui demanda s’il allait attaquer l’autre Fort : ce qui ne pouvant être de la part de ce Sauvage qu’une fanfaronnade, M. de Léry répondit qu’il irait à l’instant même, si les Sauvages voulaient le suivre : ce propos fit éloigner ce Chef & tous ceux qui étaient avec lui, se mirent en route pour le suivre.

NOS Troupes en firent autant, & l’on campa dans les Bois à trois quart de lieue du Fort : on questionna les Prisonniers du Fort Bull, & l’on apprit que le Colonel Johnson ayant été informé de notre marche, avait fait avertir à toutes les postes, la regardant cependant comme impossible à cause de la rigueur de la saison. Le Fort Bull est situé auprès d’une petite rivière qui tombe dans celle de Chouaguin à 4 mille du Fort. Le Fort Williams est auprès de la Rivière Moak qui tombe dans celle de Corlac : le portage d’un Fort à l’autre est de la longueur de 4 milles, & se fait dans un Pays assez égal, mais marécageux en quelques endroits.

LE Détachement de M. Léry était de 15 Officiers, 2 Cadets, 10 Soldats du Régiment de la Reine, 17 de Guyenne, 22 de Béarn, & 27 de la Colonie, en tout 93 Soldats, 166 Canadiens, 33 Iroquois du Lac des deux Montagnes, 33 de la Présentation, 18 du Sault St. Louis, 3 de St. Bigin, 3 Abénakis de Missikouii, 2 Algonquins, & 11 Nepissings : total 362 hommes dont 265 ont attaqué le Fort, un Soldat de la Colonie & un sauvage de la Présentation ont été tués, un Soldat de la Reine, 2 Canadiens, & 2 Iroquois ont été blessés.

ON juge qu’il a été brûlé, ou jeté dans la Rivière, plus de 40 milliers de poudre, avec beaucoup de bombes, grenades, & boulets de différents calibres : on a pareillement jeté à l’eau beaucoup de vivres salés, du pain, beurre, chocolat, sucre & autres provisions, les Magasins étaient pleins de hardes & autres effets qui ont été pillés, le reste brûlé, cette journée coûte aux Anglais 90 hommes, dont 30 prisonniers, notre Détachement a tué, ou amené 30 chevaux.

LE 22 Juin, on a eu des nouvelles de plusieurs Navirs marchands en rivière entr’autres du Beauharnois, ils sont tous aux Bicqs, & ils arriveront à Québec dès qu’il fera du vent de Nord’est : il n’a pas été fréquent ce printemps, quoique ce soit la saison.

M. le Chevalier de Tourville, commandant la Frégate du Roi la Sauvage, ayant reçu les dépêches de M. le Marquis de Vaudreüil par deux courriers arrivés à Québec le 19 & le 20 de ce mois, a mis la voile le 22 pour aller en France.

LE 24 on a reçu des nouvelles de Mont-réal, qui nous apprennent que les Anglais ont bâti des Forts de deux lieues en deux lieues : depuis le Lac St. Sacrement, jusqu’à Orange : la distance est d’environ 30 lieues : on dit aussi qu’ils font marche pour attaquer le Fort S. Fréderic avec un corps de 10000 hommes : ce qui a déterminé la destination de Royal Roussillon pour cet endroit ou M. le Marquis de Vaudreuil a pareillement envoyé toutes les Milices qu’il a pu rassembler, j’ai marqué ci-dessus que les Bataillons de la Reine & Languedoc y étaient déjà avec un corps considérable de Canadiens & Sauvages : il sera bien facile d’y faire passer le Bataillon de la Sarre, si on le juge à propos, au lieu de le laisser à Fontenac avec celui de Guyenne.

MONSIEUR le Marquis de Mont-calm est resté à Mont-réal, afin de se porter plus aisément dans l’endroit qui demandera sa présence. M. le Chevalier de Lévi a parti de Mont-réal le 22. de ce mois, pour se rendre au Fort S. Fréderic. M. de Bourlamaque est destiné pour Frontenac ou Niagara.

DE L’ISLE ROYALE.

IL a paru 4 Vaisseaux Anglais devant Louisbourg le premier de mois, qui n(y ont point séjourné, on présume que ce sont ceux qui ont hiverné à Halifax, & qu’ils allaient en Europe, lorsqu’on les a vus. Louisbourg est d’autant plus tranquille, qu’il est bien pourvu des vivres & munitions de guerre.

LE 27 Juin, nous avons trouvé l’Outarde, Flûte de Rochefort, & l’Ascension, mouillées aux Bicqs, qui étaient chargées de troupes & de munitions de guerre pour Québec.

AVEC PERMISSION.

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