VASNIER, Louis-François. (1802-1861) : Petit dictionnaire du patois normand en usage dans l'arrondissement de Pont-Audemer.- Rouen : A. Lebrument, 1862.- IV-72 p. ; 22,5 cm.
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PETIT DICTIONNAIRE
DU
PATOIS NORMAND EN USAGE
DANS L'ARRONDISSEMENT DE PONT-AUDEMER.

Par L.-F. VASNIER.


A - M

A

ABAMIR, v. a. ; affadir, donner du dégoût ; au propre et au figuré. - Je suis tout abâmi ; cela m'abâmit le coeur.
ABITER, v. a. ; toucher. Voyez Biter.
ABRIER, v. a. ; abriter.
ACCAMAILLER, v. a. ; prendre au collet, lutter corps à corps. Pour exprimer qu'on a terrassé quelqu'un, on dit : « Je l'ai accamaillé sous moi. »
ACCOUPLE, ou ACCOUPLURE, s. f. ; menus linges accouplés ou disposés en faisceau pour la lessive.
ACCOUVER (s'), v. pron. ; s'accroupir comme l'oiseau qui couve ses neufs.
ACRE, s. f. ; ancienne mesure agraire, qui se divise en vergées et en perches.
ADIRER, v. a. ; égarer. Il a adiré son livre. On dit aussi s'adirer.
AFFAITEMENT, s. m. ; assaisonnement.
AFFAITER, v. a. ; assaisonner, mettre un vase neuf en état de servir.
AFFUTIAUX, s. m. ; menus objets de parure.
AGONIR, v. a. ; accabler d'injures. Ils m'ont agoni ; ou bien aussi : ils m'ont agoni d'injures.
AHAN, s. m. ; travail pénible, respiration gênée.
AHANER, v. n. ; faire un travail pénible, respirer avec précipitation à la suite de violents efforts. - Pour se donner beaucoup de peine, voltaire a dit : suer d'ahan.
AIGUCHER, v. a. ; aiguiser. Je vais aigucher man coutiau ; - Aiguchez-vous l'appétit.
AILETTES, s. f. ; ailes de rouet à filer le lin, garnies de petites dents en fer et servant à diriger le fil sur le fuseau.
AITEAUX, s. m. ; aileteaux, ailes naissantes. Ces poussins n'ont encore que des aiteaux. - Ce mot sert également pour désigner toutes les plumes qui commencent à sortir de la peau des oiseaux.
AÎTRE, s. m. ; du latin atrium ; compartiment d'une maison. Ce bâtiment consiste en cinq aîtres.
ALAUSER, v. a. ; donner des louanges. - Du latin laus ou laudare. - Kar bien éteit alosée. (Wace ; roman de Rou.)
ALLOU, s. m. travail à forfait, pour un prix convenu.
ALLOUER, v.    a. ; prendre ou donner du travail à forfait.
ALLOUVI, adj. ; affamé. Il mange comme un allouvi. - Je suis affamé et allouvi de bien faire. (Rabelais ; Pantagruel).
ALLUMELLE, s. f. ; lame de couteau.
ALLURE, s. f. ; marche d'un cheval qui n'est ni le trot ni l'amble. L'allure fait entendre quatre batteries. « Ce genre de locomotion, fort usité au moyen-âge, s'est conservé plus long-temps en Normandie qu'ailleurs, et parait même être spécial à cette contrée. » (Ephrem, Houel, inspecteur des haras.) - Un cheval d'allure.
AMONTER, v. a. ; monter, gravir. - Amonteir sus au grand mostier. (Guillaume de Saint-Pair, roman du Mont-Saint-Michel.)
AMORAUQUE, s. f. ; camomille romaine.
AMOUILLANT, adjectif qui s'applique aux vaches dans l'état de gestation. - Une vache amouillante est, à proprement parler, une vache dont la mamelle devient plus garnie de lait. - Aux Préaux, une source est appelée le Pot-Amouillant.
AMOURETTE, s. f. ; réséda.
ANDIER, s. m. ; landier. Dans la basse latinité anderius. « Une payelle et ung andier. » (Cartulaire de Corbie.) 
ANGOISSER, v. a. ; donner de l'angoisse, de la douleur, chagriner. - « Malade fut et angoissous. » (Roman du Mont-Saint-Michel.) - Il ne faut pas vous engoisser si fort.
ANNOUILLER, adjectif qui s'applique aux vaches qui n'ont' pas conçu et que l'on destine à la boucherie. - Une vache annouillère.
ANNUIT, adv. de temps ; aujourd'hui. Ce mot est-il conservé de l'ancien usage des Celtes qui comptaient par nuits et non par jours ? - Les trouvères normands Wace, Benoit et Guillaume de Saint-Pair écrivent anuitennuit ; Marot écrit : anuict. - N'est-ce pas plutôt la traduction du latin hodie, et ne conviendrait-il pas d'écrire anhui ? - Hui est l'ancienne traduction d'hodie et on la retrouve dans le mot aujourd'hui.
A QUANT ET, adv. ; avec, en même temps que. - « Mais allant quant et ly jusques à Notre-Dame. » (D. Ferrand, Muse normande.) - « Les marques du déplaisir que j'emporte quant et moy. » (Testam. de Gautier-Gaiguille), etc.
AQUEUTER, v. a. ; épuiser, abattre. Il aqueute ses gens à force de travail. - Je ne veux pas m'aqueuter faute de nourriture. - Ce verbe paraît avoir été appliqué principalement aux animaux qui, épuisés par la faim, la fatigue ou la maladie, ne peuvent se redresser et qu'on soulève par la queue pour leur venir en aide.
ARGANCHER, v. a. ; tracasser, tourmenter.
ARIAS, s. m. ; embarras, ennui, tracas.- Pur li grant arias kil reciet. (Wace, roman de Rou. )
ARURE, s. f. ; parcelle de terre labourée, traits de charrue.
ASSEGRIR, v. n. ; rester calme, se tenir en repos. Il n'assegrit point.
ASSOT, s. m. ; ennui, tourment. - On dit aussi assotement.
ASSOTER,. v. a. ; ennuyer quelqu'un au point de le rendre sot.
    Que voulez-vous que je vous die,
    Jeunes assotés amoureux.
            (Ch. d'Orléans.)

ATIGNOLE, s. f. ; boulettes de viande hachée que font les charcutiers.
ATOT, s. Mm. ; un sot, Un endormi. On dit aussi : Atot begin, ou beguin.
ATTENDIS, OU A L'ATTENDIS, conj. ; en attendant.
ATTRAITER, v. a. ; dresser, former, instruire. - Attraiter un cheval. - On ne l'emploie guère que dans ce cas.
AUGE, s. f. ; outre ses significations ordinaires, on l'emploie pour pétrin.
AVA , prep. ; à travers, le long. Ava la campagne. - Aval est le contraire d'amont, qui, cependant, signifie aussi à travers, le long. L'aval indique la descente ; l'amont indique la montée. Si un homme suit le cours de l'eau, il se dirige ava la vallée ; s'il en remonte le cours, il marche amont la vallée. -Amont et ava s'emploient aussi sans régime : il est allé amont, il est descendu ava. - Le vent d'amont est celui qui souffle des terres ; le vent d'ava est celui qui vient de la mer.
AVEINDRE, v. a. et v. n. ; bien faire une chose, parvenir, réussir. - Je n'y aveindrai pas ; voilà du linge qui est mal aveint, c.-a-d. mal blanchie…..
AVEINERIE, s. f. ; terre ensemencée en avoine.
AVOUER, v. a. ; consommer. - Elle m'a avoué deux morceaux de savon.
AVOUE-TOUT, s. m. ; bobèche disposée de manière à consommer entièrement les bouts de chandelle.
AV'OUS, contraction, pour : avez-vous.

 B

BAFRER, v. n. ; manger avec avidité. – « Y no faut sans baufrer par fois trousser nos quilles. » (Muse normande.)
BAGNOLE, s. f. ; charrette, voiture délabrée.
BAGOULIER, s. m. ; qui fait du bagout.
BAGOUT, s. m. ; loquacité, paroles stériles.
BAILLER, v. a. ; donner. Souvent le futur de ce verbe se contracte ; au lieu de : Je baillerai, on dit: Je bârai, etc.
BALLER v. n. ; pendre, être pendant. - Les bras lui ballent ; il a les bras ballants - « J'avois de biaux gartiers… qui me balloient ava les gambes. » (Vieilles chansons normandes)
BANNAU, s. m. ; tombereau. Au XVe siècle, on disait : Bennel ; - plus tard, Bannel. (Archives de Pont-Audemer).
BANQUE, BANQUÉE, s. f. ; terre relevée, sur le bord d'une gueule de fossé, pour servir de clôture.
BAR, s. m. ; établi incliné sur lequel on pose les troncs d'arbres destinés à être débités en planches.
BARRE, s. f. ; barrière. - Un villageois poli reconduit les visiteurs jusqu'à sa barre.
BARRRT, s. m. ; porte à claire voie que l'on place, comme supplément de fermeture, à l'entrée de la cuisine d'une maison rurale, pour empêcher l'invasion de la volaille.
BATS-TA-LESSIVE, BAT-A-LESSIVE, BATTE-LESSIVE, s. f. ; nom vulgaire donné à l'oiseau nommé hochequeue, bergeronnette ou lavandière.
BAUDET, s. m. ; lit de sangle.
BAVERETTE, ou BAVETTE, s. f. ; pièce d'estomac qui surmonte le tablier des paysannes.
BAvEUSE, s. f. ; tablier montant qu'on met aux enfants pour garantir leurs vêtements.
BÉATILLES, s. f. ; abats, fressures.
BÉCOT, s. m. ; baiser.
BÉCOTER, v. a. ; donner des baisers.
BÉDACHON, s. m. ; le dernier éclos d'une couvée de poussins. Par extension, l'enfant dernier né.
BEDAN, s. m. ; nom d'une variété de pommes à cidre.
BÉDIÈRE, s. f. ; lit. - En anglais, bed signifie lit.
BÉGUER, v. n . ; bégayer.
BEIGNE, ou BIGNE, s. f. ; bosse dans les chairs, provenant d'une contusion.
BEINDER, v. n. ; tirer au sort pour savoir qui jouera le premier.
BENNE, ou BINE, s. f. ; réservoir en paille, ayant la forme d'un grand baril, et destiné à conserver le grain. - On dit proverbialement : sas (saoul) comme une bine.
BER, s. m. ; berceau. - « Et maint enfez petis en ber envelupé. » (Roman de Rou.).- « Ce qui s'apprend au ber ne s'oublie qu'au ver. » (Prov. normand.).
BÈRE, ou plutôt BEIRE, s. m. ; cidre. - Du verbe boire, qui se prononce beire.
BESER, v. n. ; courir ça et là, être toujours hors de chez soi.
BESOT, s. m. ; même signification que bédachon.
BÉTOURE, ou BÉTOIRE, s. f. ; puisard ou perte d'eaux qu'on établit dans un champ. - Au figuré, un ivrogne.
BIBE, s. f. ; petit bouton ou tumeur à la peau.
BIBET, s. m. ; moucheron
L'araigne qui tous les ans
Faisoit son nid au dedans,
Avec mouches et bibets
Qu'elle prenoit dans ses rets.
(Vieilles chansons norm.)

BISC-EN-COIN (DE) ; de travers, en diagonale.
BITER, v. a. ; toucher. - « De moi je n'y bite tant que l'on m'assaille. » (Farce des Pates Ointes.)-- Voyez abiter.
BLAÎTE, ou BLÊTE, s. f. ; pelotte de neige, morceau de terre.
BLAÎTER, ou BLÊTER, v. a. ; jeter des blaîtes.
BLÈQUE, adj. ; blette, mou. - Une poire blèque. -D'un homme sans énergie, on dit proverbialement : il est mos comme une peire blèque.
BLÉRIE, s. f.; terre ensemencée en blé. - « Une belle campagne de blaerie ». (De Bras, antiquités de la Normandie.)
BLESSE, ou BLÈCHE, s. f. ; mal intérieur provenu à la suite d'une chute. – « Le médecin à l'urine déclara que l'enfant avait une blesse. » (Canel ; notice sur l'abbé Baston.)
BLIN, s. m. ; bélier..- « La toison du belin, en lieu de manteau Sébelin. » (Roman de la Rose.)
BLINGUER, v. n. ; regarder en clignant les paupières, prendre ses mesures pour toucher un but.
BLOT, s. m. ; lourdaud qu'on ne peut faire changer de place.
BLUETTE, s. f. ; petite plante des bois, nommée vaccinium myrtillus.
BOISE, s f. ; morceau de bois. - « La boise de Saint-Nicaise de Rouen était une poutre immense scellée avec des barres de fer dans le cimetière de l'église et qui servait de siège magistral. » (Floquet ; Revue de Rouen 1836.)
BOISETTE, s. f. ; petite boise.
BOQUETTE (Noix) ; noisette des bois.
BOTTE, s. f. ; tonneau de la contenance de 500 pots, plus court et plus ventru que ceux de l'arrondissement de Pont-Audemer, qui mesurent 600. La botte est plus spécialement en usage à Rouen.
BOUFFER, v. n. ; manger avidement, à pleine bouche. Un bouffe-la-balle est un gourmand.
BOURGUELÉE, s. f. ; feu de joie.
BOURRE, s. f. ; femelle du canard.
BOURRET, s. m. ; canard. - Il est goulu ment un bourret.
BOURRETTE, s. f. ; petite bourre.
BOUSIN, s. m. ; bruit, tumulte, et, par extension, un mauvais lieu.
BOUSTIFAILLE, s. f. ; grande chère.
BOUTER, v. a. ; mettre. - « Boute-les toujours chinc à chinc. » (Farce des Quiolards).
BRANGÉ, adj., que l'on emploie pour qualifier les bêtes bovines, dont le poil est nuancé en bandes verticales.
BRAUDÉ, adj. ; barbouillé, sali.
BBAUDÉE, s. f. ; femme de mauvaise vie.
BRAUDER, v. a. - Il est braudé jusqu'aux oreilles.
BRÉE, s. f. ; l'oiseau appelé rouge-gorge.
BRÈQUE-DENT, s. m. et f. ; une personne qui a des dents de moins.
BREUILLE, s. f. ; ventre, entrailles.
BREUILLU, adj. ; qui a un gros ventre.
BRICHET, s. m. ; pain que l'on fait pour les bergers.
BRIGNOTTER, v. n. ; manger du bout des dents, mangeotter, comme on dit vulgairement.
BRIN, s. m. et adv. ; peu. - Le brin de bien que j'ai. - Avec une négation, il signifie nullement : il ne lui en est brin resté.
BRINCHE ou BRINGE, s. f. ; menu branchage pour allumer le feu.
BROU, s. m. ; le gui (viscum album), plante parasite qui pousse sur les pommiers et autres arbres.
BROUS ou BRODÉE, s. f. ; mousse ou écume qui se développe à la bouche des chevaux, à la gueule des chiens enragés, etc.
BRUINER, v. impers. ; brouillasser.
BRUISSOUR. s. f. - « Un enfant s'esbattoit par soy d'un petit moulinet fait d'une noix. » (Rabelais.) Ce moulinet est fait dans notre contrée avec un noyau d'abricot et il a pris son nom du bruit sourd qu'on en tire.
BRUMENT, s. m. ; nouveau marié, le mari de la bru.
BUHOT, s. m. ; corne dans laquelle les faucheurs tiennent et humectent leur pierre à aiguiser.
BUNETTE, s. f. ; fauvette d'hiver.
BUSOQUER, v. n. ; s'occuper de peu de chose, passer son temps à des riens.
BUTER, v. n. ; chopper.
BUTTE, s. f. ; jeu qui se joue avec un bouchon sur lequel on empile des monnaies et que l'on vise à renverser avec d'autres monnaies.

C

CABINE, s. f. ; ravin profond, trou creusé par l'eau.
CACHE, s. f. ; c'est tout simplement le mot chasse. On l'emploie avec diverses significations ; ainsi : du cidre qui a de la cache est du cidre qui a de la force ; - une vache qui est en cache est celle qui bése, c'est-à-dire qui court dans le pré avec une sorte de frénésie, ce qui arrive notamment à l'époque du rut.
CACHETTE, s. f. ; mèche de fouet. En rectifiant la prononciation, ce mot donne : chassette.
CADŒIL au CADŒUIL, adv. ; louche, qui regarde de travers.
CAÏEU, s. m. ; moule, coquillage bivalve.
CAIMAND, VOy. QUAIMAND.
CALEUX, adj. ; indolent, paresseux, qui n'a pas de courage. - En style familier, caler ou caller la voile signifie baisser le ton, se soumettre. C'est de là que caleux doit venir.
CALIMOULETTES (A); à califourchon. - On dit aussi, tout simplement : à moulettes.
CALLOUET, s. m. ; petit caillou.
CAMBRETTE, s. f. - Ce mot, qui signifie petite chambre, est employé généralement pour désigner la laiterie, l'endroit où l'on dépose le lait.
CANE, s. f. ; cruche en fer blanc pour le lait, ou en terre cuite pour d'autres usages.
CANIR, v. a. et pron. ; chancir, moisir.
CANIVIEUX, s. m. ; chènevis.
CAPET-TEIGNEUX, s. m. ; la grande bardane.
CAPOGNER, v. a. ; froisser, pétrir, déchirer avec les mains. - Ils se sont rudement capognés l'un et l'autre.
CAPUFOS ou CAPIFOS , s. in. ; colin-maillard. ... ; jeu grec, selon Hesychius. « - Vous eussiez cru qu'ils fussent gens jouant au chapifou. ».(Rabelais.)
CARPELEUSE ou CHARPELEUSE, s. f. ; chenille. - Charpeleuse signifie littéralement chair velue.
CASSELOGNE, s. f. ; couverture servant à envelopper les enfants.
CASTABROUI, adj. ; à moitié ivre, entre deux vins.
CASTAFOUINE, s. f. ; matière fécale.
CATON (A), adv. ; en cachette, comme on dit ailleurs à catimini.
CATONNET, s. m. ; fleur du saule et du coudrier.
CAUFFAILLE, s. f. ; bruyères, joncs-marins, genêts ou broussailles mis en fagot pour chauffer le four.
CAUMÉE, s. f. ; portion de la tige du blé d'abord laissée sur pied, au moment de la moisson, et recueillie ensuite séparément avec l'herbe pour la nourriture des bestiaux. - La véritable orthographe est chaumée.
CENSÉMENT, adv. ; pour ainsi dire, à peu près. - Il est censément malade.
CHABRENA, s. m. ; savetier.
CHACOUDER, v. a. ; jouer du coude avec quelqu'un, en signe d'intelligence.
CHARFOUIR, SARFOUIR ou SERFOUIR, v. a. ; bêcher la terre au pied des arbres fruitiers.
CHARRIÈRE, s. f. ; côte encavée par l'écoulement des eaux pluviales de la plaine.
CHEMINEAU, s. m. ; petit pain fait de pâte passée dans l'eau chaude avant la cuisson, et dont on ne fait usage que vers le temps du carême.
CHERME, CHERNE ou CHARME, s. m. ; fosse pour planter un arbre, ou la portion de terrain bêchée au pied d'un arbre, quand on le serfouit.
CHIBOT ou CIBOT, s. M.; ciboule. - On dit proverbialement : se tenir droit comme chibot.
CHICON, s. m. ; laitue romaine. - On dit aussi un chicon de pain, pour un morceau de pain.
CHIDRER, v. n. ; s'affaisser, rompre sous le poids. - Cet arbre a tant de fruit qu'il en chidre.
CHIGNELLB, s. f. ; prunelle sauvage.
CHINCHER et SINCHER, s. m. ; fripier. - Il y a à Rouen une rue de ce nom, « où ch'est que ces chinchers étalent leurs habits. » (Muse norm.)
CHIQUETTE, s. f. ; linge usé, déchiré. - C'est une çhiquette ; - il n'est que couvert de chiquettes. - Un petit morceau de pain est appelé, par extension, une chiquette de pain.
CHOCHONNER, v. n. ; posséder, entretenir et utiliser un cheval en commun.
CHOPER, v. a. et v. n. ; trinquer. - On dit indifféremment : chopons, ou chopons nos verres. - L'emploi de ce verbe devient plus rare.
CHOQUER, v. a. et v. n. ; trinquer.
CHOULER, v. a. ; brusquer, mal recevoir.
CHOUQUE, s. f. ; grosse racine d'arbre , et aussi tout le pied de l'arbre.
CHOUQUET, s. m. ; tronc de bois qui sert de siège et à divers usages de cuisine. – « L'un apportoit des chouquets de pommier. » (Muse normande.)
CLAFRÉE, s. f. ; surabondance. - Il y avait une clâfrée de fricot. - On emploie principalement ce mot pour exprimer l'effet produit sur le sol par une masse plus ou moins liquide qu'on y jette. - En voilà une clâfrée !
CLANCHE, s. f. ; loquet de porte.
CLANCHER, v. n. ; lever la clanche.
CLAPOT, s. m. - Ce mot s'emploie pour exprimer l'action d'un homme qui fait de l'embarras pour rien, - qui se mêle de tout sans motif et sans utilité.
CLAPOTIER, s. in. ; qui cause et se mêle de tout à tort et à travers.
CLAQUE, s. f. ; bavard ou bavarde.
CLAQUET, s. m. ; nom populaire de la digitale.
CLICHE, s. f. ; diarrhée. - De cliche on a fait clichard.
CLINQUE, s. f. ; coqueluche.
COCHEUX, s. m.; sorte de verger rempli d'arbres fruitiers à couteau qui ne se trouve que dans les communes du Marais-Vernier et de Bouquelon.
COCOPONETTE, s. m.; homme qui s'occupe du ménage, tâtillon, chauffe-la-couche. - On dit dans le même sens : un metteux de poules couver.
COEURU, adj. ; qui a du coeur, de la force, de la consistance. - Un homme coeuru. - Du cidre coeuru. - Une poire coeurue (celle qui a des qualités opposées aux qualités de la poire fondante.)
COIMELER, v. n. ; pousser des cris plaintifs, pleurer en criant.
COINCHE, adj. ; dissimulé, qui regarde de travers ou en dessous.
COQCIDROUILLE, COQCIGRUE, s. m. ; grand dadais.
COTTERET, s. m. ; bois de grosseur moyenne, lié en faisceau, pour le chauffage ou la cuisine.
COUCHETTE, s. f. ; linge de propreté que l'on met autour des jeunes enfants.
COUPELLE, s. f. ; bouquet de branchage qui forme la cime des arbres de haut jet.
COUPET, s. m. ; sommet, le point le plus élevé, cime. - « Quand nous fûmes sur le couppet du mont Belon. (1548.) - « Pour grimper au coupeau du Parnasse françois. » (Regnier.)
COURÉE, s. m. ; le coeur et le mou d'une vache, d'un boeuf. - Au figuré, une femme malpropre et délabrée.
COURTIL, s. m. ; jardins légumiers du Marais-Vernier. « D'eau notre courtil s'arrose. » (O. Basselin.)
COUTRE, s. m. ; porteurs de morts aux inhumations. - En allemand : Kuster. - Dans le moyen-âge, les coutres étaient des officiers ecclésiastiques portant la mître.
COUVET, s. m. ; chauffe-pied en terre cuite, qu'on appelle gueux à Paris.
CRACHINER ou CRASSINER, v. impers. ; brouillasser. - Il ne pleut pas, il crachine, il crassine.
CRADEAU, s. m. ; petit poisson de la Basse-Seine.
CRAÎTURE, s. f. ; croissance. - Ce jeune homme est d'une belle craîture, c'est-à-dire, d'une belle venue.
CREIGNASSE ou CREIGNE, s. f. ; les racines des mauvaises herbes que l'on doit enlever des terres labourables.
CREIGNEUX, adj. ; envahi par la creigne. - Une terre creigneuse.
CRÉTINE, s. f. ; eaux qui, dans les moments d'orage, viennent des crêtes des collines envahir les chemins et grossir les cours d'eau.
CRÊTIR, v. n. ; éprouver un frissonnement, une émotion pénible. - J'en ai créti. - Cela m'a fait crétir.
CRIQUET, s. m. ; grillon.
CULOINER, v. n. ; lambiner, aller nonchalamment, agir de mauvaise grâce, chercher à se tirer le derrière de la presse, comme on dit vulgairement.

D

DALLE, s. f. ; pierre d'évier, lieu où l'on lave la vaisselle.
DÉBRAUDER, v. a. ; débarbouiller.
DÉCADUIRE (se), v. pron. ; devenir caduc. - Il se décaduit ; il est bien décaduit.
DÉCOUTILLER, v. a. ; découdre brusquement, en déchirant l'étoffe. - D'un homme dont les vêtements sont en mauvais état, on dit : il est tout découtillé.
DÉGANNER, v. a. ; contrefaire pour tourner en ridicule. - Je ne veux pas que vous me déganniez ainsi.
DÉGARILLER, v. a. ; dégrader, détériorer.
DÉGOTTER, v. a. ; soustraire, dévaliser.
DÉGOUGINER, v. a. ; dégourdir, déniaiser.
DÉGREDOUILLER, v. n. ; s'écrouler avec bruit. – La muraille vient de dégredouiller.
DÉGUENASSER, v. a. ; tirer hors, faire sortir. - Il est difficile de lui faire déguenasser son argent.
DÉJUQUER, v. a. et n. ; ôter les poules du juchoir.- Lever le siège, déguerpir.
DÉLURÉ, adj. ; expérimenté, difficile à surprendre. - C'est un déluré gaillard.
DEMENTER (se), v. pron. ; se mêler. - Il se démente de tout. - « Démente tai de coudre tan soulier. » (Muse normande.)
DEMIARD, g. m. ; mesure d'un décilitre.
DEMION, s. m ; mesure d'un quart de litre.
DÉPÊQUER. Ce verbe a plusieurs significations différentes. On dépêque, quand on marche dans une boue épaisse, dans un marécage. - Se dépêquer équivaut à se dépêtrer : « Dépêque tai d'là ment-est-che que tu pourras.
DÉPICHER, v. a. ; dépiécer, déchirer.
DÉPOTAYER, v. a. ; qui a une signification restreinte, puisqu'il ne s'applique qu'au commerce des liquides en détail. Dépotayer du vin ou du cidre, c'est en vendre au litre. - Un dépotayer est l'établissement où l'on débite les liquides.
DEQUOI, s. m. ; avoir, propriété. - Il a mangé son dequoi. - Autrefois on disait de quoi en deux mots ; on le dit encore maintenant, au reste. Ainsi : il est parvenu à gagner de quoi.
DESSOTIER , v. a. - Il m'a dessotté , c'est-à-dire : il m'a refait, il m'a volé, et, par là, il m'a appris de l'esprit.
DÉTOURBER, v. a. ; déranger, détourner, empêcher. - « A crier les destorboient. » (Rom. de Rou.)
DÉTOURNER, s. m ; dérangement. - Ce mot est aussi ancien que le verbe qui précède.
DEU, s. m. ; corruption de deuil ; chagrin, douleur. – « La duchesse s'en dut d'ire et de duil resver. » (Rom. de Rou.)
DEULER, v. n. ; avoir du chagrin, souffrir. - C'est principalement dans cette dernière acception que l'on prend le verbe deuler. - Voilà un arbre qui deule ; - la santé de cet homme deule depuis quelque temps....
DEVALER, v. n. ; descendre, s'en aller. - Ce mot, de la langue romane, est surtout en usage avec la seconde signification.
DEVAUTIAU ou DEVAUTET, s. m. ; tablier.
DEVINADE, s. f. ; mot générique qui comprend les énigmes, charades, logogriphes, etc.
DIGOURE, ou DIGUETTE , s. f. ; petit morceau de bois pointu, et plus particulièrement celui dont on se sert pour accélérer la marche des ânes.
DORÉE, s. f. ; tartiné de beurre ou de confiture .
DOSSER (se), v. pron ; lutter corps à corps.
DOUBLIER, s, m. ; grande nappe en double-oeuvre.
DOUET, ou DOULT, s. m. ; ruisseau, cours d'eau.
DRAIN, adj. ; dernier. - Il est rarement employé.
DUIRE, v. a. ; réduire, dompter. - C'est un enfant difficile à duire.

E

EBOUILLIR, v. n. ; s'ouvrir, s'épanouir. - Les bourgeons commencent à ébouillir.
EBREUILLER, v. a. ; broyer, écraser. - Ebreuiller quelqu'un, c'est à proprement parler lui écraser la breuillle, l'éventrer.
ECAILLOTÉ, adj.; éveillé, gaillard.
ECALLOUER, v. a. - Enlever les cailloux d'un champ.
ECHAUDE, s. f. ; bateau plat dont on se sert sur la rivière de Risle. Au XIIIe siècle, le nom latin de ce genre de bateau était escanda. (Olim du Parlement de Paris.)
ECOUCHEUX ou ECOUCHEUR, s. m. ; celui qui broie le lin et le débarrasse de la partie ligneuse de sa tige.
ECOUFLE, s. f. ; cerf-volant que les enfants font aller en l'air au moyen d'une ficelle qui le retient.
ECOURGIS, s. m. ; cravache.
ECOUSSE, s. f. ; laps, espace de temps.
ECOUSSIN, s. m. ; la portion de menue paille, ou balle de blé, que l'on donne à un cheval.
EFFOUCHER, v. a. ; effaroucher, effrayer. - Ils étaient tout effouchés. - On emploie souvent cette phrase : il n'est pas d'effouche, pour exprimer qu'un homme ne s'effouche pas facilement.
ELINGARD, adj. ; long et mince. - Un arbre élingard.
ELINGUE, s. f. ; fronde avec laquelle les enfants lancent des pierres au loin.
ELUGER, v. a. ; ennuyer, étourdir, fatiguer. - « Je m'eslugeois de voir telle terreur panique. (Muse normande.)
EMOUQUER (pour émoucher), v. a. ; sabouler, rappeler à l’ordre, souffleter. - Tu vaste faire émouquer.
ENCROUER, v. a. ; accrocher, suspendre. - Il a encroué son chapeau dans un arbre. - On retrouve ce verbe dans le Roman de Rou et autres ouvrages de ce temps et postérieurs.
ENDEVINER (s'), v. pron. ; renoncer à deviner, jeter sa langue aux chiens.
ENGE, s. f. ; engeance, espèce. - Je vous en donnerai de l'enge. - Des volailles de la grande, ou de la petite enge.
ENGER, v. a. ; pourvoir, munir. - Je vous engerai de telle chose.
ENTINCHER, v. a. ; attacher une vache pour limiter son parcours.
ENTINCHER, v. a. ; exciter, provoquer. Le mot patois pour désigner l'entincheur est : entinchemélée. - on trouve le verbe entincher dans la Muse normande.
EPLAPOURDIR, v. a. ; étonner, stupéfier.
EPOTIR, v. a. ; écraser.
EPOUFFER, v. a. ; essoufler.
EQUEURCE, s. f. ; élan. - Prendre son équeurce pour sauter un fossé.
ERCHE, s. f.; étendue de terrain nécessaire pour tourner une charrue, une voiture. - Il y a de l’erche.
ESSAVER (s'), v. pron. ; s'entamer la peau. - Les petits enfants s'essavent ; - Il a la peau essavée.
ESSENTE, s. f. ; garniture en ardoise (jadis en petites parcelles de bois) de la charpente ou des faces d'une maison.
ESSENTER, v. a. ; garnir d'essente.
ETIBOQUER, v. a . ; tourmenter, taquiner.
ETIBOT, s. m. ; esquille de bois, et, par extension, plume naissante des oiseaux. - Il m'est entré un étibot dans les chairs ; - cette volaille est remplie d'étibots.
ETON, s. m. ; coup sec, secousse précipitée. - Au lieu d'un effort continu, donnez un coup d'éton, ou faites un éton. - Eton est employé quelquefois aussi pour contre-coup,
ETOQUER, v. a. ; soutenir, appuyer avec des cales.
ETORER, v. a. ; pourvoir, approvisionner. - Je vous étorerai de cette espèce de fleurs. - On dit aussi étorer des noix, et cela signifie les dépouiller de leur écorce.
ETOUT, ou bien ITOUT, conj. ; aussi. – « Je l'attendions tretous et Jéremie étout. » (Muse norm.)
ETRIVER, v. n. ; enrager, endiabler. - On dit surtout faire étriver.

F

FAIMVALLE, s. f. ; fringale, appétit désordonné.
FAINETTE. s. f. ; fruit du hêtre.
FALLE, s. f. ; estomac des oiseaux, et, par extension, estomac de l'homme, ventre, panse. - Il a la falle pleine, il s'est bien bourré la falle.
FALLU, adj. ; qui a une grosse falle, un gros ventre.
FANES, s. f. p. ; herbes qui croissent au fond des rivières et flottent à la surface.
FANFAGNER, v. n. ; parler du nez et avec difficulté, et, par extension, balbutier, hésiter, ne savoir que dire.
FERRET, s. m. ; tonneau cerclé en fer.
FETON, s. m. ; embarras pour peu de chose ; apprêts, précautions, soins exagérés pour des riens.
FETONNER, v. n. ; faire du feton.
FETONNIER, s. m. ; qui fetonne, qui se mêle de tout.
FEURE, s. m. ; paille. - « Erent li uns allez au feurre. » (Rom. de Rou.)
FIENT, s. m. ; fumier. - « Charger en un bannel les fiens... de la ville. » (Archiv. de Pont-Aud., XVe siècle.)
FILLAT, s. m. ; galette du jour de l'an en forme de bonhomme.
FILLETTE, s. f. ; tiges de blé ou de seigle groupées et maintenues debout dans un champ.
FLAMBÉE, s. f. ; feu clair et de menu bois. - Galette au sel, cuite au milieu de la flamme du four que l'on chauffe.
FLÊLER, v. a ; donner de grands coups de fléau, et, par extension, donner des coups de bâton, des coups de fouet.
FLÊS, s. m. ; fléau pour battre le grain.
FLIPPE, s. m. ; liqueur faite de cidre doux, chauffé, avec addition d'eau-de-vie, de sucre et de citron.
FLONDRE, s. f. ; poisson plat de la Risle et de la Basse-Seine.
FLUME, s. f. ; flegme, pituite.
FOISI, s. m. ; briquet.
FOSSET, s. m. ; ouverture dans laquelle on place le cannelle.
FOURQUEFIÈRE, s. f. ; fourche à trois branches de fer. - « Il a des dents comme une fourquefière. » (Muse normande.)
FOUTAISE, s. f. ; bagatelle, niaiserie.
FOUTINER, v. n. ; faire des riens, des futilités.
FOUTINIER, s. m. et f. ; qui foutine.
FROUTREAU, s. m. ; tapage, querelle et môme orage.
FRAU, s. m. - On désigne par ce mot, dans le canton de Bourgtheroulde, les places libres qui se trouvent auprès des églises ou ailleurs. - Ils se réunirent sur le frau.
FRICOT, s. m. ; mets, ragoût.
FRICOTER, v. n. ; faire ripaille.
FRICOTEUR, s. m. ; qui fait la ripaille.
FRIPER (se), v. pron. ; se frotter dans ses vêtements pour calmer une démangeaison.
FUTER, v. a. ; duper, rabrouer, donner une correction. - Je le fûterai et il n'y reviendra pas. - Il a été fûté. - Le participe passé de ce verbe, employé séparément, a la signification de fin, subtil, difficile à surprendre.

G

GABLE, s. m. ; appentis adossé à un bâtiment. - En usage dans les cantons de Routot et de Bourgtheroulde.
GADELLIER, s. m. ; arbrisseau qui produit des gadelles.
GADELLES OU GADES, s. f. pl. ; groseilles.
GAFFÉE, s. f. ; morsure faite par un animal. - San quien m'a baillé eune gaffée.
GAGNE, s. fém. ; gain, bénéfice.
GAILLER, v. n. ; ne trouver aucune nourriture à son goût, et, par extension, gaspiller.
GAILLEUX, adj. ; qui ne trouve rien à son goût. - qui gaspille.
GALANDAGE, s. m. ; enduit appliqué sur une muraille.
GALAPIAU, s. m. ; vagabond, fainéant.
GALLON, s. m. ; ancienne mesure de deux pots ou de quatre bouteilles. - « Six gallons de vin clairet, blanc et vermeil. » (Archiv. de Pont-Aud., XVe s.) - De nos jours, petite cruche en terre, sans capacité déterminée.
GENCER (se), v. pron. ; se poser, se carrer et même se vêtir,
GENÉE, s. f. ; race. - Il se prend en mauvaise part. Laissez là cet homme et sa genée.
GERQUER (se), v. pron. ; se placer plus haut que les autres. - Il faut qu'il trouve toujours à se gerquer. -« Il abat ceux qui sont trop haut gerqués. » (Muse norm.)
GIFFLE, s. f. ; tape, soufflet.
GIFFLER, v. a. ; souffleter.
GIRIE, s. f. ; grimace, fausseté, supercherie.
GLEU, s. m. ; botte de paille. - On dit un gleu de paille, et quelquefois, tout simplement, un gleu.
GNOLE, s. f. ; homme molasse, sans force physique et sans énergie morale.
GNOLU, adj. ; mou et humide. - Une terre gnolue.(Dans le Roumois.)
GOGUENÉE, s. f. ; grosse toile d'étoupe, étoffes grossières.
GOMION, adj. ; gourmand, qui mange en cachette. - Ou dit, dans le même sens : manger en mion.
GOUINE, s. f. ; femme de mauvaise vie.
GOULE, s. f. ; gueule, bouche. - « Le cheval la goule basse... » (Chron. anglo-norm.) - On dit à quelqu'un : « Je ferai taire ta goule. » - Goule est la racine du mot français goulu
GOUZER ou GOUGER, v. n. ; avoir le vice de prononciation,appelé sussement ou zézaiement, et qui consiste à donner au j le son du z et au ch le son du e.
GRÉGIR, v. a. ; froncer, plisser. - Grégir une robe, c'est y faire le grégi nécessaire au jupon, aux manches, - c'est aussi y faire accidentellement des plis confus, comme lorsque l'on est trop pressé dans une voiture. - Le front commence à lui grégir,
GRÉMIR, v. n. ; frissonner. - On dit aussi dégrémir, dans le même sens.
GRIGNE, s. f. ; moue, grimace, - Pourquoi nous fais-tu la grigne ?
GRILLER, v. n. ; glisser. - Il s'est blessé en grillant sur la glace.
GRIMER, v. a. ; égratigner. - Le chat lui a grimé la main.
GRIVOTÉ, adj . ; grivelé, tacheté de gris et de blanc, comme la grive.
GROUÉE, s. f. ; fruits tombés des arbres pendant la nuit et qu'on ramasse le matin.
GRUGEON, s. m. C'est ce qu'on appelle la basse farine, celle dans laquelle il reste encore un certain mélange de son.
GUEDÉ, adj. ; nourri, rassasié outre mesure.
GUENONNER, v. n. ; avoir l'air piteux, morfondu ; - ce que l'on exprime encore par ces mots : faire le guenon (en patois, guenon est du masculin).
GUETTER, v. a. ; attendre. - Je l'ai guetté long-temps, il n'est pas venu. - Il signifie aussi regarder.
GUIGNEUX, adj. ; moqueur, rieur.
GUILLE, s. f. ; diarrhée.
GUILLER, v. n. ; avoir la guille. - En français, guiller se dit de la bière qui fermente et jette sa levure.

H

HAGUE, s. f. ; morceau de bois long et de médiocre grosseur. On appelle hagues principalement les plus gros morceaux d'un fagot. - « J'allai quérir la hague d'un fagot. » (Muse norm.)
HAITER, v. n. ; plaire, convenir. – « La fin me plaist et me haite. » (Rom. de Rou.)
HALITRE, s. m. ; légère gerçure des lèvres, des mains, produite par l'impression de l'air trop vif. - Sa racine est le mot hâle.
HANÉ, adj. ; brûlé, noirci par le soleil. - Il y a plusieurs jours que ce blé est hané.
HANNEQUINER, v. n. ; marcher avec effort, faire une chose avec peine, tergiverser, répondre avec embarras.
HANSART, s. m. ; couperet.
HANT, s. m. ; fréquentation des bestiaux, volailles, etc. - On dit proverbialement : le plant aime le hant.
HAQUER, v. a. ; dégoûter d'une chose par l'excès ou par un usage trop prolongé. - Il est parvenu à le hâquer de pâtisseries. - Je suis hâqué de viande. - Ce verbe ne viendrait-il pas du mot hâque, dont on se sert pour désigner les harengs préparés pour la pêche ?
HARÉE, s. f. ; grande pluie.
HARÊQUE, s. f. ; paille de lin brisée et détachée par le travail de l'écoucheur.
HARICOTER, v. n. ; marchander sans mesure.
HARICOTIER, s. m. et f. ; homme ou femme difficile en affaire.
HARLIND et HARLANDER présentent à peu près le même sens que haricotier et haricoter.
HERCHÉ ou HERCÉ (OEUF), c'est-à-dire pondu sans avoir de coquille.
HAIRE, s. f. ; animal fantastique qui est censé faire ses apparitions nocturnes pendant l'Avent.
HEUNE ou HUNE, s. f. ; tête.
HEURIBLE, adj. ; précoce, qui vient de bonne heure.
HOCSONNER ou LOCSONNER, v. a. ; ébranler,    secouer, agiter. - J'entends hocsonner la porte.
HOUSTE, s. m. ; mouvement. - On ne l'emploie que dans cette phrase : être toujours en houste. - Ce mot parait être une altération de la vieille expression host, armée, expédition.
HUE, s. f. ; huis, porte. - On frappe à l'hue.
HUPET, s. m. ; petit bout de chemin. - Il n'y a plus qu'un hupet pour arriver.

I

IAUVEUX, adj. ; aquatique et aqueux.
ICHITTE, adv. de lieu ; ici.
ILAU ou ILEU, id. ; là. - « Eloignons-nous d'ilau à kanke nous pourrons. » (Rom. de Rou.)

J

JAFFE, s. f. ; tape, soufflet.
JASTOISER, v. n. ; jaser, babiller.
JAUNET, s. m. ; renoncule des prés. - Et aussi : pièce d'or.
JUMENTIER. - Ne se dit que des chevaux. Un cheval jumentier est un cheval vicieux.

L

LANDON, s. m. ; bavardage, rabachage.
LANDONNIER, s. m. et f. ; bavard, rabacheur.
LANDORE, s. f. ; une femme molle, nonchalante.
LENDREIT, adv. ; là, à cet endroit. – « Il voleit repeirier tost de là en dreit. » (Rom.du M.-St-Michel.) - Que faites-vous l'endreit ?...
LEUMER, v. n. ; attendre en vain, faire le pied de grue. - Vous m'avez fait assez leumer.
LICOUETTE, s. f. ; mèche de cheveux.
LINCHOIRE, s. f. ; morceau, fragment long et mince. - Une linchoire d'étoffe, - une linchoire de chai (de viande).
LIVARAIS. - Ce mot ne s'emploie qu'avec la préposition en. - En livarais, qui veut dire : en désordre, sens dessus dessous.
LOCHER, v. a. ; ébranler, secouer. - Allez locher les pommes. - On loche un arbre pour en faire tomber les fruits. - Passant au neutre, ce verbe, signifie : chanceler, tituber.
LONGRINES, s. f.; pièce de bois placée horizontalement dans un mur.
LOQUETU, adj. ; couvert de loques, réduit à l'état de loques.
LOURRE, s. f. ; tige de poireau qui donne des sons graves et plaintifs quand on souffle dedans. - Proverbe: il pleure comme une loure.
LUQUER, v. a. ; regarder. - « Je m'y trainis pour y luquer. » (Muse Norm.) - On dit plus souvent reluquer. - To look, en anglais, signifie regarder. 

M

MACHOQUE, s. f., ou TÊTE DE MACHOQUE ; tête dure, homme entêté.
MAGNAN, s. m. ; chaudronnier. - Ancien mot.
MAGUE, s. f. ; estomac des volatiles.
MAIRER ou MÉRER, v. a. ; laver en pressurant. - Ayez soin de bien mairer le beurre, avant de le saler.
MANJURIAU, s. m. ; mangeur de bien, ou plutôt, en patois : mâqueux de bien. - Jadis on appliquait ce mot aux agents du fisc, gens qui mangeaient les contribuables.
MALE ou MARLE, s. m. ; marne.
MALIÈRE ou MARLIÈRE, s. f. ; marnière. - « Ce n'est marlière viez. « (Rom. de Rou.)
MAN, s. m. ; ver blanc, larve du hanneton.
MANNE, s. f. ; corbeille.
MAQUAILLE, s. f. ; aliments grossiers, nourriture que l'on donne aux pourceaux, - et, en même temps, nourriture abondante. - « Y avais, d'la mâquaille pour vingt-chinq personnes, et j'étions dix. »
MAQUER, v. a. ; manger en gourmand, ou avec un grand mouvement de mâchoire.- Mâquer de has (de haut), c'est-à-dire comme un homme qui n'a pas d'appétit.
MAREYEUR, s . m. ; qui transporte la marée.
MARTIÈRE, s. f. ; lieu où l'on dépose le marc des pommes brassées.
MARUBLER, v. a. ; meurtrir, contusionner.
MASURE, s. f. ; cour plantée de pommiers et édifiée de bâtiments.
MATES, s. f. pl. ; lait caillé, appelé vulgairement lait sûr.
MAUTURE, s. f. ; mal, plaie, etc. - Il est tourmenté de toutes les mautures possibles. On dit dans le même sens : c'est une mauture.
MÈGUE, s. f. ; caillette pour faire le fromage.
MÉLE, s. f.; nèfle.
MÉLÉ, adj. ; qui commence à se décomposer, à se marquer de taches jaunâtres, comme la chair de la méle qui mûrit. - Une pomme mélée.
MÉLIER, s. m. ; néflier.
MENT, adv. ; comme, comment. – Ment ! vous paritiriez sitôt! - Ment est-che qu'ous dites? - Elle est grande ment san frère. -
MENTE, s. f. ; mensonge.- On dit aussi : Menterie.
MÉSIRETTE, s. f. ; musaraigne.
MESSIER, s. m. ; garde-champêtre. - Dans la basse latinité, le messiarius était le gardien de la récolte.
MIET, s. m. ; peu. - Le miet de bien que j'ai. - Baillez m'en un miet. – Avec une négation, il équivaut à rien : Il n'en est resté miet.
MIGÔT, s. m. ; amas. - Il fait un migôt d'écus. - Des poires, des pommes de migôt (qu'on garde pour les conserver, pour l'approvisionnement).- On dit aussi amigôt. - Peut-être faut-il écrire : migautamigaut.
MILET, s. m. ; muguet, plante des bois ou des jardins.
MIRETTE, s. f., et MIREUX, s. m. ; petit miroir.
MIROUDER (se), v. pron. ; soigner sa toilette, se tirer à quatre épingles. - Elle ne fait que se mirouder. - Elle est miroudée comme une châsse.
MITAN, s. m. ; milieu. - Anciennement, ce mot était d'un usage général.
MOISSON, s. m. ; moineau, passereau.
MOITER, v. a. et n. ; manger entre les repas, sans besoin. - Il moite toujours quelque chose, on le voit toujours moiter.
MONNÉE ou MOUNÉE, s. f. ; le blé qu'on porte au moulin, et la farine qu'on en rapporte.
MONTÉE, s. f. ; escalier, côte. - « Cestui estimant que la maison deust tomber, se retira au haut de la montée.,» (Hist. mém. du vain effort des huguenots au prieuré de Saint-Philbert en Norm ... XVIe siècle.) - Vous trouverez l'église au pied de la montée.
MORNIFLE ou MORNINFLE, s. f. ; soufflet sur le visage.
MOULÉE, s. f. ; sciure de bois, et aussi la farine moulue qui revient du moulin.
MOULETTE, s. f ; moule. (Coquillage bivalve.)
MOULETTE (à), adv. ; sur le dos. - Elle portait son enfant à moulette, c'est-à-dire, comme on porte généralement les moules.
MOUQUETTE, s. m ; Mèche d'un fouet, et, par extension, mèche d'un bonnet de coton.
MOUVETTE, s. f. ; cuillère en bois avec laquelle on remue les sauces. - Au figuré, enfant mâle ou femelle qui est toujours en mouvement. - On a conservé aussi le verbe mouver (remuer, s'agiter), que l'on rencontre chez les anciens trouvères: « Voissiez mouver conreis et chevetagne. » (Rom. de Rou.)
MUCHE, MUCHETTE, s. f. ; cachette.
MUCHER, v. a. ; cacher. - « En terre muchent et enfoent. » (Rom. de Rou.) -La véritable orthographe est musser.
MUCHE-TAN-POT, s. m. ; détail de boissons non autorisé. – C’est un scandaleux muche-tan-pot. – Adv. ; à la muche-tan-pot, en cachette.
MUCRE, adj. ; humide.
MUCREUR, s. f. ; humidité.
MULON, s. m. ; meule de foin.- On trouve ce mot dans le Roman de Rou.



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