DU BOIS, Louis (1773-1855) : Les Adieux du citoyen Mellion, cavalier républicain, offert à la Patrie, par la Commune de Lisieux, à ses concitoyens.- A Lisieux, de l'Imprimerie de F.B.Mistral, Imprimeur de la Société Populaire, 1794.- 7 p., 8°
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Texte établi sur l'exemplaire de la médiathèque du n° 28 du journal Le Lexovien du 12 juillet 1832.


LES ADIEUX


DU CITOYEN MELLION,

CAVALIER RÉPUBLICAIN,

Offert à la Patrie par la Commune de
Lisieux, à ses Concitoyens.
_____


CITOYENS,


Le plaisir de vivre parmi vous, & de participer à vos sages délibérations, m’est assurément bien doux. Mais mon devoir m’appelle ; la Patrie réclame mon bras, et je dois céder, sans balancer, à sa voix toute-puissante. Mes Freres en sont venus aux mains avec les champions des Rois ; ils moissonnent d’une main victorieuse, les lauriers de l’Espagne, de l’Italie & de la Hollande : je dois aller les rejoindre : j’emporte avec moi une vive reconnoissance des bienfaits dont vous m’avez comblés.

Tandis qu’aux prises avec les Brigands extérieurs, je vengerai sur eux les malheurs qu’ils ont préparés à ma Patrie ; vous, Citoyens de Lisieux, integres Républicains, continuez à démasquer les Intrigans ; renversez-les dans la poussiere ; appliquez-leur sur le dos le placard de l’ignominie. Ceux-là qui vous parloient sans cesse d’échaffauts & de tortures, de sang & de cachots, & qui vouloient que la terreur, dispersant les bons Citoyens, leur laissât une libre carrière ; ceux-là qui crioient d’une voix sinistre & d’un air farouche, Vive la sainte Guillotine ; ceux-là sont d’infâmes scélérats que vous devez poursuivre sans relâche, comme des tigres qui cherchent encore à boire le sang des cadavres amoncelés. L’homme de bien veut la justice : il est tolérant ; il est sensible : le scélérat au contraire, est un brigand en guerre continuelle avec la probité. Il lui faut du sang, du sang encore, & puis du sang. Quatre-vingt têtes roulant ensemble fur les échafauts en permanence, sont pour lui le plus délicieux des spectacles ; s’il parle, le sang & le fiel mélangés ensemble dégoutent de ses levres virulentes ; le crime parle dans ses yeux, & à sa mine alongée et livide, à son front pâlissant & sinistre, on croit reconnoître aisément les frippons déhontés, que vous avez couvert de la boue du mépris,

Citoyens, vous avez assez fait pour votre gloire, mais pas assez pour votre sûreté. Les scélérats que vous avez détachés comme une teigne corrosive du corps social, ressemblent à ces serpens venimeux, qui, brisés en tronçons dispersés, peuvent encore de leurs dents perfides vous couvrir d’un venin mortel. Si vous ne contenez pas dans la fange, élément naturel de cette fsorte de gens, cette petite faction de petits conspirateurs, qui n'ont de grand que leur desir de nuire ; si vous ne les empêchez pas de relever leur front criminel, c'en est fait de vous & de votre liberté. Le poignard de la persécution dans leurs mains avides & sanglantes, vous rameneroit le regne des Capets & des Robespierre. Les cachots ouverts à leurs voix sépulchrales, se rempliroient de victimes.

Mais non, non, Citoyens, vous ne le souffrirez pas ; un Représentant, digne de sa mission, de vous & de lui-même, viendra faire ce qu’il a déjà fait dans tous les lieux où il a passé. L’intrigue, les frippons, les partisans de la terreur, les orphelins de Robespierre ont rentré à sa voix dans leur nullité naturelle ; il les poursuit par tout sans relâche. Guerre aux Agens du Triumvirat, guerre aux hommes sanglans ; malheur aux inquisiteurs ; BOLLEL approche ; c’est un Hercule, dont la massuë doit écraser les Brigands ; il punira ceux qui se sont fait un jeu de la liberté, de l’honneur & de la félicité de leurs Concitoyens. Rallions-nous à la Convention Nationale ; portons dans le sein de BOLLEL l’épanchement fraternel de nos sentimens ; parlons lui avec hardiesse & dignité ; un Représentant du Peuple ne ressemble point aux buveurs de sang, que vous avez muselés ; il ne reçoit pas avec l’impudence du despotisme ; on l’approche sans trembler ; il ne se sert de l’autorité que pour faire le bien, & vos inquisiteurs ne l'avoient revêtue que pour assassiner. Bollel portera la consolation dans le sein des familles, & eux, ils y versoient d’une main cruellement libérale, l’effroi, le desespoir & l’infortune. L’heure de la félicité va sonner, l’agonie du coupable se fait entendre, & sa chute trop longtemps retardée arrive enfin, & va nous rendre la tranquillité & la douce sérénité de la joie.


CHANSON
AIR : Je l'aime tant.


SUR la horde des intrigans,
La justice est victorieuse ;
A bas le regne des Brigands,
A bas la terreur désastreuse,
Citoyens, vous avez vaincu
La scélératesse ennemie ;
L’empire heureux de la vertu
Va remplacer la perfidie.


DU Triumvirat détesté,
Une maussade parodie,
Dans le sein de notre Cité,
Levoit sa tête enorgueillie,
Un vil ramas de scélérats,
Par tout dominoit par la crante ;
Mais vous avez levé le bras,
Et leur audace en fut atteinte.


LA terreur s’enfuit & n’est plus,
L'espoir rentre dans les familles ;
Ceux-là sont enfin confondus,
Qui nous menaçoient de Bastilles ;
Un inquisiteur surveillant,
A l’œil hagard, au front sevère,
N’osera donc plus maintenant
Prendra l’arme de l'arbitraire.


ON peut donc aussi renfermer.
Les suppôts de la tyrannie ;
Il suffira de leur montrer,
Leur brevet d’aristocratie.
Persécuter impudemment,
Avoir la morgue d’un despote,
L’ame noire & le cœur méchant,
Ce n’est pas être Patriote.

LE Patriote est juste & bon
L’aristocrate est au contraire,
Et persécuteur & frippon ;
Il cherche le mal de son frere.
Celui qui veut nous opprimer,
N’a point l’ame patriotique ;
Sur son front il faut imprimer,
La réprobation civique.

FIN


N.B. L’Assemblée des Citoyens de la Commune de Lisieux,
réunie à la Société Populaire, a arrêté la mention honorable
& l’impression du Discours & de la Chanson.



A LISIEUX, de l'Imprimerie de F. B. MISTRAL,
Imprimeur de la Société Populaire.



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