LEFRANÇOIS, Charles : Remarques sur l'arboriculture fruitière (1872).
    - Extrait du Bulletin de la société d'horticulture et de botanique du centre de la normandie, années 1866-1877, pp. 263-270.
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Remarques sur l'arboriculture fruitière
par
Charles Lefrançois

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MESSIEURS,

L'intérêt toujours croissant qui s'attache à l'arboriculture fruitière m'a suggéré la pensée de saisir l'occasion de votre fête des jardins pour soumettre à votre judicieuse appréciation les quelques remarques que j'ai faites sur la culture des arbres du jardin fruitier.

Ces remarques sont le fruit d'un travail constant et laborieux. En vous les soumettant, mon but est d'apporter un élément de plus au fort contingent de renseignements qui doit tant contribuer de nos jours à l'extension de la science horticole de la partie surtout qui traite des arbres fruitiers.

Aujourd'hui, on apprécie mieux l'importance d'une bonne culture ; on reconnaît sa puissance et son action bienfaisante ; on sait combien cette culture offre d'attraits à celui qui s'y livre sérieusement ; on est généralement d'accord sur l'impulsion vigoureuse qu'elle provoque à l'égard des cultivateurs apathiques dont elle brise et anéantit les habitudes routinières ; on constate enfin, et avec bonheur, que c'est aux efforts persévérants des hommes amis de la science et du travail qu'on doit les magnifiques résultats obtenus jusqu'à ce jour.

J'avoue ici et bien sincèrement que c'est à l'école du travail, à cette source intarissable et féconde, que j'ai puisé les premières notions et acquis les connaissances nécessaires qui m'ont mis à même d'obtenir certains succès heureux. Encouragé par les bons effets obtenus, j'ai cru devoir observer d'avantage afin de mieux approfondir toutes les phases de la végétation. Les observations auxquelles je me suis livré m'ont puissamment servi à me confirmer dans l'opinion ou j'étais, que plus l'on veut augmenter la richesse productive des arbres fruitiers, plus aussi l'on doit contraindre le jardinier à faire suivre à ces arbres un régime qui s'accommode avec leur propre tempérament. Or, c'est après avoir supputé tous les avantages des diverses méthodes de cultures suivies jusqu'à ce jour, que je suis arrivé à l'adoption d'un système plus homogène, et qui m'a paru le mieux convenir aux arbres fruitiers en général. Ce système se résume dans les trois propositions suivantes :

1° A quelle époque doit-on, de préférence, transplanter les arbres fruitiers ?
2° Quel mode de taille doit-on adopter lors de leur mise en place ?
3° Quel est, de tous les sytèmes, celui qu'on doit appliquer afin d'assurer à chaque arbre en particulier la bonne éducation qui lui convient ?

Ces trois propositions constituent dans leur ensemble le difficile problème que je me suis posé. De sa solution heureuse, l'arbre doit acquérir un plus grand développement ainsi qu'une plus longue existence, et par conséquent une plus abondante fructification.

Pour arriver à la solution du problème formulé dans les trois questions citées plus haut, j'ai du me livrer, comme je l'ai dit, à une étude toute particulière du sujet ; j'ai du opérer d'abord et suivre ensuite les diverses phases de la végétation. Or, c'est le résultat que j'ai obtenu que je me propose de vous faire connaître par la démonstration ci-après :

I

L'époque de la transplantation des arbres fruitiers doit varier, dans nos contrées, selon la nature et aussi suivant celle du terrain. La saison qui est généralement adoptée dans le monde horticole, est celle où la sève entre dans un état pour ainsi-dire, complet d'inaction, et cet état se produit ordinairement du 15 octobre au 15 janvier. Cependant on peut prolonger les plantations jusqu'en mars et même quelquefois jusqu'en avril, toutefois, cette dernière opération, qui n'a lieu que dans les années tardives, doit toujours se pratiquer autant que possible, avec des sujets qui ont subi une ou plusieurs transplantations pendant le cours de l'hiver.

Certains pépiniéristes ont contracté depuis bon nombre d'années, la louable habitude de mettre dans un endroit spécial de leur établissement et vers le mois d'octobre, les arbres qu'ils destinent à la vente de chaque année. Ces arbres subissent déjà, par le fait, une première transplantation. Mais il arrive fréquemment que ces mêmes arbres sont déplacés plusieurs fois dans le cours de la période des plantations à demeure. Or, ce sont ces sujets qu'on doit choisir de préférence, attendu qu'on est assuré que le mouvement ascensionnel de la sève ne se produira que plus tardivement et qu'alors la reprise des arbres n'en sera que plus certaine.

Pour ce qui concerne la plantation définitive, c'est-à-dire la mise en place au jardin fruitier, cette opération exige de la part du planteur une certaine connaissance pratique, attendu qu'il arrive malheureusement qu'on a souvent à regretter une plantation mal faite. Or, pour obvier a ce grave désagrément, il faut surveiller attentivement l'opération, et ne la confier qu'à des hommes intelligents, à des jardiniers compétents, c'est-à-dire qui possèdent les principales notions de physiologie végétale, qui sont indispensables pour procéder efficacement.

La transplantation exerce une action souvent décisive sur l'accroissement et la longévité du sujet. Or, il faut que cette première opération de mise en place soit faite dans des conditions favorables et en rapport avec les prescriptions de la loi qui régit la végétation.

J'ai vu des horticulteurs effectuer des transplantations d'arbres fruitiers, des poiriers en quenouilles notamment, au mois de Juin, Juillet et Août, avec la certitude de faire une bonne opération ; je les ai entendus vanter ce mode de procéder en affirmant qu'on pouvait planter ces arbres avec succès en toutes saisons. Bien que je sois loin de leur contester d'une manière absolue cette façon d'opérer et de les blesser ainsi dans leur manière de comprendre et d'interpréter les lois si admirables de la végétation, j'avoue néanmoins mes dispositions à m'inscrire contre ce mode de plantation que je regarde comme vicieux et très-compromettant pour l'avenir du sujet mis en place dans de telles conditions. Or, je conseille toujours de rejeter impitoyablement tout système qui a pour objet de bouleverser les lois fondamentales qui regissent les végétaux. D'ailleurs il est facile de prouver que les plantations d'arbres fruitiers qui se font dans la pleine saison de l'été, au moment même où la sève se produit plus abondamment, sont de mauvaises opérations, des plus délicates et par conséquent des plus condamnables, donc, il faut les écarter comme étant des opérations contre nature et toujours désastreuses pour l'arboriculture.

L'époque que j'ai adoptée depuis plusieurs années, et que je conseille, commence vers le 15 Octobre et se continue jusqu'au 31 Janvier. Mais je dois faire remarquer à la Société que les plantations faites en Octobre et Novembre ont toujours pleinement réussi et beaucoup mieux que celles faites plus tard.

Pour les espèces, dont la végétation est encore sensible en octobre, il ne faut point négliger l'effeuillaison, autrement on s'exposerait au désagrément de voir les jeunes productions de l'année, se rider, noircir et même quelquefois se dessécher complètement.

L'automne offre encore l'appréciable avantage de trouver le sol mieux préparé que dans la saison d'hiver où les pluies plombent les terres et les rendent ainsi bien moins propres aux opérations préliminaires d'une bonne culture et plantation à demeure.

Pour se bien convaincre de l'importance d'une plantation effectuée de bonne heure et pour bien constater l'efficacité de l'opération faite pendant le mois d'octobre, on peut arracher en janvier quelques-uns des sujets soumis à ce mode de plantation précoce, et l'on remarquera avec étonnement et satisfaction que la plupart des arbres sont déjà en pleine végétation. Leurs racines présenteront de nombreuses radicelles pourvues à leurs extrémités de vigoureuses spongioles. (Les spongioles - comme vous le savez fort bien - sont les seuls organes absorbants des racines ; elles forment un amas de tissus cellulaires ; leurs principales fonctions consistent à s'assimiler, au profit tout entier du végétal, toutes les matières nutritives contenues dans le sol).

Or, il ressort de ce qui précède combien il importe de planter en saison convenable et surtout de bien planter. Aussi le jardinier doit-il apporter un soin tout particulier à l'opération qui concerne la partie interne de l'arbre, c'est-à-dire des racines.

A ces remarques, déjà très concluantes, vient s'ajouter une autre considération non moins intéressante : c'est que les arbres fruitiers transplantés d'une façon définitive au commencement de l'automne, présentent dans le cours de l'année beaucoup plus de vigueur que ceux plantés au printemps. J'ai constaté presque toujours sur les premiers une végétation des plus luxuriantes, tandis que sur les autres elle ne se produisait qu'à l'état latent. Or, je conclus que la méthode qui consiste à planter le jardin fruitier dans le courant de l'automne et surtout en octobre, peut-être préconisée et adoptée dans toutes les écoles ou cours d'arboriculture.

II

J'arrive maintenant au mode de taille qu'on doit appliquer lors de la plantation à demeure. Cette opération est des plus simples ; elle consiste à mettre la partie extérieure de l'arbre en parfaite harmonie avec les racines. Elle est d'ailleurs en accord parfait avec les lois de la physiologie végétale.

A propos de physiologie végétale, j'ai toujours demandé, et je ne cesserai d'insister auprès des sociétés d'Horticulture, que cette science fasse partie de l'enseignement agricole des écoles primaires communales, afin que ceux qui voudront plus tard se livrer à l'Horticulture sachent, sinon parfaitement, au moins élémentairement les choses les plus indispensables de la constitution générale des végétaux ; que pas un jardinier ne se mêle de tailler un arbre s'il ne connaît pas les premières notions du règne végétal et s'il ne sait diriger son opération de manière à bien équilibrer la sève dans toutes les parties du sujet qu'il voudra traiter. Or, le jardinier, digne de ce nom, s'efforcera de se bien pénétrer de l'importance d'une bonne éducation horticole, de son application sur les arbres et des bons fruits qu'il en recueillera, et nous n'aurons plus à déplorer ces opérations mal faites, qui tuent les arbres ou les font languir ; de ces tailles impossibles, faites à rebours, et qui sont en continuelle opposition avec les lois qui régissent la végétation. Or, ces lois assignent aux racines la distribution du cambium, lequel est tenu lui-même en réserve dans la partie du rameau taillé, de sorte qu'on ne peut se permettre la suppression totale des jeunes productions sans nuire, d'une part, à la partie souterraine de l'arbre, et sans compromettre, de l'autre, le développement du sujet. En conséquence, je suis d'avis de rejeter complétement ces systèmes surannés, qui consistent, soit à tout retrancher, soit à ne rien supprimer.

La seule méthode qu'on devrait suivre et le seul système qu'on devrait appliquer reposent sur l'unique principe de l'équilibration de la sève d'après la force et la nature du sujet, en sorte que les rameaux une fois taillés se trouvent correspondre parfaitement avec la partie souterraine de l'arbre, les racines.

La taille préliminaire que je pratique toutes les fois que je procède à la mise en place d'un arbre fruitier consiste donc à ravaler les jeunes productions du sujet sur le troisième ou quatrième oeil le plus rapproché de la base de chaque rameau de l'année en observant surtout que l'oeil sur lequel on opère, et qui doit servir d'oeil de pousse ou de prolongement, soit parfaitement conditionné, car c'est de sa bonne constitution que dépend très-souvent le succès de l'opération. Il est aussi très-urgent de retrancher, lors de la mise en place, toutes les branches inutiles dont la conservation nuirait sensiblement à l'émission des branches-mères ou charpentières, branches dont la présence est indispensable pour obtenir la forme qu'on veut donner à l'arbre. Dans tous les cas, soit qu'on plante, comme je le conseille, au commencement de l'automne, soit qu'on ne le fasse que pendant l'hiver ou au commencement du printemps, il faut toujours procéder avec beaucoup de soin et d'intelligence ; il faut que la taille soit bien raisonnée ; il faut surtout ne jamais appliquer le système exclusif dont j'ai déjà parlé : Système de suppression ou de conservation totale des branches du sujet transplanté.

L'application du premier, ai-je dit, a pour conséquence forcée la suppression de la réserve du cambium, dans la partie du rameau taillé, réserve qui est toujours nécessaire si l'on veut obtenir une belle émission de racines ; la seconde, qui peut paraître moins vicieuse, a, de même que la précédente, le grave inconvénient de fatiguer le sujet en demandant aux racines une nourriture qu'elles n'ont pas le pouvoir de lui donner. Ce raisonnement et cette manière d'opérer sont basés sur les principes physiologiques qui nous enseignent que toutes les fois qu'il y a suppression de racines, il doit y avoir aussi, et dans la même proportion, retranchement de rameaux.

III

Après avoir développé les motifs qui doivent fixer le jardinier dans les opérations préliminaires de la mise en place des arbres fruitiers, de la taille qu'on leur fait subir lors de la transplantation, il me reste à traiter maintenant de l'application du meilleur système d'éducation approprié à leur constitution individuelle.

Pour trouver les éléments nécessaires à la solution de la troisième proposition, j'ai dû consulter plusieurs arboriculteurs savants et bons praticiens ; j'ai dû opérer moi-même et procéder à l'application, sur mes arbres, de la combinaison qui m'a paru le mieux répondre au but que je voulais atteindre. Et comme il ressort de l'étude des lois qui régissent la végétation que les arbres sont comme les individus, qu'ils ont un tempérament qui est propre à leur constitution naturelle et particulière ; qu'alors, ils ont besoin de suivre un régime qui soit en rapport avec leur tempérament. C'est donc ce régime ou le traitement qu'on doit appliquer que je me suis efforcé de bien connaître afin de le bien définir. Or, c'est d'après ces principes, qui m'ont servi de base, que je vais essayer d'asseoir mon raisonnement, afin d'en constituer un mode d'enseignement qui soit en parfaite harmonie avec la science et avec la pratique.

Les végétaux sont classés par familles, par races ou espèces ; chacun d'eux, en se multipliant, ne se reproduit pas ou très-rarement dans son état primitif ; de là, viennent ces nombreuses et intéressantes variétés que nous admirons aujourd'hui. Mais ces nouvelles générations diffèrent aussi par leur nature de celles qui les ont produites. Or, il devient nécessaire de les étudier séparément, individuellement, de façon à ne leur appliquer aucun système de taille qui doit en opposition avec leur manière de vivre, mais qui réponde, au contraire, à leur végétation naturelle.

Cette direction donnée aux arbres fruitiers n'est peut-être pas nouvelle ; nos anciens arboriculteurs, Laquintynie, Duhamel, etc., devaient la connaître ; mais ceux de nos jours me paraissent l'avoir fortement modifiée, s'ils ne l'ont pas complètement oubliée. Il faut donc qu'on la fasse revivre ; qu'on la préconise de nouveau. Il faut, en outre, qu'on la propage le plus possible parmi ceux qui s'occupent d'arboriculture ; car c'est d'elle que dépend la beauté, la vigueur de l'arbre. Or, il est de toute nécessité, de la première urgence, que celui qui est appelé par état ou par inclination, à prodiguer des soins aux végétaux, connaisse au moins quelque peu de la science qui traite de la vie et des fonctions organiques par lesquelles cette vie se manifeste.

Il est encore une autre considération qui échappe très-souvent aux sollicitudes de l'opérateur : c'est celle de l'existence des arbres fruitiers appréciée dans leur nature même, dans leur faculté de production. Or, puisque ces arbres possèdent la puissance de produire des fruits, il est indispensable de bien fixer cette puissance en s'attachant, non seulement à la maintenir, à la limiter, mais encore à l'augmenter le plus possible. Car, s'il devait en être autrement, à quoi bon cette sollicitude de tous les instants pour former de magnifiques jardins fruitiers, si les arbres qui en font l'ornement et la richesse ne devaient produire que des rameaux à bois et n'émettre jamais de bourgeons à fruit ? Or, il faut nécessairement que nous reconnaissions que si les arbres fruitiers sont destinés à produire des fruits, il faut qu'ils soient dirigés de façon à répondre à l'objet de leur existence, c'est-à-dire à produire une somme de fruits en rapport avec leur nature ou leur constitution. En conséquence, l'opérateur devra raisonner son travail de manière à n'appliquer à chaque sujet que le système de taille qui lui convient le mieux.

Pour bien conduire un arbre fruitier d'après les lois qui régissent la végétation, il faut favoriser, sur beau nombre d'espèces, l'émission exclusive de dards et de lambourdes sur l'arête même des branches-mères, et, sur une certaine quantité d'autres espèces, il faut en outre conserver un grand nombre de petits rameaux et brindilles dont les extrémités sont garnies de bourgeons à fruit. A l'appui de cette remarque je citerai la poire de Curé et la Duchesse d'Angoulême. Ces deux espèces donnent leurs plus beaux spécimen sur les productions désignées plus haut. Or, il serait fâcheux, je dirai plus, il serait vicieux d'admettre un seul instant la suppression totale de ces branches fruitières. Je conseille de les conserver, dût-on même souffrir un peu de l'irrégularité qu'elles peuvent occasionner dans la forme symétrique de l'arbre. On sait qu'elles donnent presque toujours les plus beaux fruits, et cette faculté mérite quelque considération en leur faveur.

Bien que j'estime à leur juste valeur et surtout au point de vue de la production les rameaux et brindilles dont je conseille la conservation, j'admets néanmoins certains cas où leur suppression devient nécessaire : ce sont ceux où l'émission de ces branches n'existe qu'à l'extrémité des pointes, c'est-à-dire des branches de prolongement ; mais, hors ces cas exceptionnels, je suis d'avis de les maintenir, au moins jusqu'après leur fructification.

Le ravalement peut se pratiquer, soit immédiatement après la défloraison ou la récolte, soit à la taille d'hiver suivante. En agissant ainsi, l'harmonie de la forme n'aura pas à en souffrir et le léger sacrifice qu'on aura imposé à l'oeil trop perspicace ou trop exigeant sera amplement récompensé par une belle et abondante récolte. Le ravalement se fera sur deux ou trois yeux au-dessus de la base des rameaux ; il aura pour conséquence naturelle de faire naître au printemps suivant de nombreux dards, dont l'action bien connue est de déterminer la fertilité du sujet. L'arboriculteur n'aura donc plus qu'à bien fixer cette fertilité par une taille qui soit de tout point conforme aux enseignements de la science horticole. Or, toutes les sollicitudes du jardinier ne devront plus converger qu'à la conservation de tous ces éléments de richesse qui font la gloire de l'arboriculture française et qui ne peuvent que satisfaire le légitime orgueil de l'horticulteur, ainsi que ses plus chers intérêts.

CONCLUSION.

MESSIEURS,

Des remarques que j'ai eu l'honneur de faire passer sous vos yeux, il résulte que, dans la constitution du jardin fruitier, trois choses sont absolument nécessaires :

1° De bien fixer l'époque de la transplantation ou mise à demeure ;
2° D'appliquer une bonne taille lors de cette première opération ;
3° D'adopter un mode d'enseignement horticole qui soit en parfait accord avec la constitution particulière de l'arbre.

Or, l'époque qui me paraît le mieux convenir pour la mise en place des arbres fruitiers, - sauf les exceptions prévues, - est l'automne, notamment du 15 octobre au 15 novembre. Quant au mode de taille que je conseille, il faut, - comme je l'ai démontré, - qu'il soit mis en parfait accord avec le principe de l'équilibration de la sève. D'après ce principe, il est urgent que l'opérateur ravale les jeunes rameaux du sujet proportionnellement à la suppression des racines qu'on aura extraites lors de la plantation. Enfin, je crois que le meilleur mode d'enseignement horticole qu'on puisse adopter pour maintenir tout à la fois, et dans de bonnes limites, la vigueur et la fertilité de l'arbre, doit être basé, - comme je l'ai expliqué, - sur la nature même du sujet, considéré comme s'il était abandonné à sa propre nature.

C'est par l'étude et l'application de ces diverses combinaisons que je suis arrivé à me bien fixer sur les soins que réclament les arbres fruitiers.

Veuillez agréer, Messieurs, ce modeste travail, que je n'hésite pas cependant à vous offrir, convaincu que vous ne verrez, par sa communication, que le désir sincère que j'ai d'apporter mon faible concours à l'oeuvre éminemment française que vous poursuivez avec un zèle si patriotique et bien digne d'éloges.

CH. LEFRANÇOIS.
Honfleur, le 12 juin 1872.


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