LOUYS, Pierre (1870-1925) : Byblis ou L'enchantement des larmes, (1898).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (11.I.1999)
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Première édition de ce conte à la Librairie Borel en 189.
Texte établi sur la première édition collective du Crépuscule des Nymphes à Paris aux éditions Montaigne en 1925.

Byblis
ou
L'enchantement des larmes
par
Pierre Louÿs

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A Jacques-Emile Blanche

 

ET Amaryllis, entre les trois jeunes femmes et les trois philosophes, conta, comme à de petits enfants, cette allégorie fabuleuse :

«Des voyageurs que j'ai connus et qui sont allés en Carie, ayant remonté le Méandre plus loin qu'on n'est jamais allé, ont vu le Dieu du fleuve endormi, au bord des eaux ombragées par les joncs. Il avait une longue barbe verte et son visage était ridé comme les rocs de ses berges grises d'où pendent des herbes pleurantes. Ses antiques paupières semblaient mortes sur ses yeux à jamais aveugles. Il est probable qu'aujourd'hui, ceux qui voudraient le voir encore ne le retrouveraient plus vivant.

«Or, c'est lui qui fut le père de Byblis s'étant uni à la nymphe Cyanée ; et voici, je vous dirai l'histoire de l'infortunée Byblis».

I

DANS la grotte originelle d'où sourdait mystérieusement le fleuve, la nymphe Cyanée accoucha de deux enfants à la fois. L'un était un fils qu'elle nomma Caunos ; l'autre une fille et ce fut Byblis.

Ils grandirent tous deux sur les bords du Méandre, et parfois Cyanée leur montrait, sous la lumière de la surface, la divine apparence de leur père dont l'âme agitait les flots fugitifs.

Ils ne connaissaient du monde que la forêt où ils étaient nés. Ils n'avaient jamais vu le soleil qu'à travers le tissu des branches. Byblis ne quittait pas son frère et le prenait par le cou quand ils marchaient ensemble.

Elle portait une petite tunique que sa mère lui avait tissée dans les profondeurs du fleuve, et qui était bleue et grise comme les premières lueurs de l'aube. Caunos n'avait autour des reins qu'une ceinture de roseaux d'où pendait une étoffe jaune.

Dès que le jour était assez clair pour qu'on pût marcher dans les bois, ils s'en allaient tous deux très loin, jouer avec des fruits tombés ou chercher les fleurs les plus grandes, et qui avaient le meilleur parfum. Et les trouvailles de l'un étaient toujours pour l'autre et ils ne se disputaient pas, et à cause de cela leur mère les vantait près des autres nymphes ses amies.

Or, quand douze années se furent écoulées depuis le jour de leur naissance, leur mère se prit d'inquiétude et les suivit quelquefois.

Les deux enfants ne jouaient plus, et quand ils avaient vécu tout un jour dans la forêt, ils ne rapportaient rien à la main, oiseaux ni fleurs, ni fruits ni couronnes. Ils marchaient si près l'un de l'autre que leurs chevelures se mêlaient. Les mains de Byblis erraient sur les bras de son frère. Parfois elle le baisait sur la joue : alors tous deux restaient silencieux.

Quand la chaleur était trop forte, ils se glissaient dans les branches basses, et là, couchés sur la poitrine à travers la mousse odorante, ils se parlaient et s'adoraient et ne se désenlaçaient point.

Alors Cyanée appela son fils à l'écart et lui dit :

«Pourquoi es-tu triste ?»

Caunos répondit :

«Je ne suis pas triste. Je l'étais autrefois, de rire et de jouer. A présent, tout est bien changé. Je n'ai plus besoin des jeux, mère, et si je ne ris plus, c'est que je suis heureux».

Et Cyanée lui demanda :

«Pourquoi es-tu heureux ?»

Et Caunos répondit :

«Je regarde Byblis».

Et Cyanée lui demanda encore :

«Pourquoi ne regardes-tu plus la forêt ?

- Parce que les cheveux de Byblis sont plus doux que les herbes et plus chargés de parfum ; parce que les yeux de Byblis...»

Mais Cyanée l'arrêta :

«Enfant, Tais-toi !»

Et, espérant le guérir de sa passion défendue, elle le conduisit aussitôt chez une nymphe de la montagne, laquelle avait sept filles d'une beauté plus merveilleuse que les mots ne sauraient dire :

Et toutes deux lui parlèrent, s'étant concertées :

«Choisis. Celle qui te plaira, Caunos, sera ta femme».

Mais Caunos regarda les sept jeunes filles d'un oeil aussi indifférent que s'il eût vu sept rochers, car l'image de Byblis seule emplissait toute sa petite âme, et il n'y avait de place en lui pour une tendresse étrangère.

Pendant un mois Cyanée ainsi conduisit son fils de montagne en montagne et de plaine en plaine, mais sans réussir une fois à le détourner de son désir.

Enfin devinant qu'elle ne vaincrait jamais cette obstination passionnée, elle se prit à haïr son fils et à l'accuser d'infamie. Mais l'enfant ne comprenait point ce que lui reprochait sa mère. Pourquoi, entre toutes les femmes, venait-on lui refuser justement celle qu'il aimait ? Pourquoi les tendresses qu'on lui eût permises dans les bras importuns d'une autre devenaient-elles criminelles dans les bras adorés de Byblis ? Pour quelles mystérieuses raisons un sentiment qu'il savait tendre et bon, capable de tous les sacrifices, était-il jugé digne de tous les châtiments ? Dzeus, pensait-il, a bien épousé sa soeur, et la Dionide Aphrodite a bien osé tromper avec son frère Arès son frère Héphaïstos. Car il ne savait pas encore que les dieux seuls se sont donné une morale intelligente, et qu'ils inquiètent la vertu par d'incompréhensibles lois.

Et Cyanée dit à son fils :

«Je te renie pour mon enfant».

Et elle fit signe à une centauresse qui s'en allait vers la mer, et elle la fit enfourcher par Caunos, et la bête rapide détala.

Quelque temps, Cyanée les suivit du regard. Caunos effaré se retenait aux épaules et parfois il s'engloutissait sous la monstrueuse chevelure. La centauresse galopait par bonds allongés et puissants ; elle s'enfuyait en droite ligne ; elle diminuait dans le lointain vert. Bientôt elle tourna derrière un bouquet de bois, puis reparut, mais petite comme un point qui semblait se déplacer à peine. Et enfin Cyanée cessa de la distinguer.

A pas lents la mère de Byblis s'en retourna vers la forêt.

Elle était triste, fière aussi, d'avoir sauvé par une séparation violente la destinée de ses deux enfants ; et elle remerciait les dieux de lui avoir donné l'énergie qui permet d'accomplir le devoir déchirant.

«Maintenant, pensait-elle, Byblis restée seule oubliera son frère sacrifié. Elle s'éprendra du premier qui la saura séduire demain, et une lignée demi-divine sortira, comme il convient, du lit d'un mariage régulier. Bénis soient les dieux immortels !»

Mais, lorsqu'elle rentra dans la grotte, la petite Byblis n'y était plus.

II

QUAND Byblis s'était retrouvée seule sur le petit lit de feuilles vertes où elle dormait, côte à côte, avec son frère, toutes les nuits, elle avait en vain cherché le sommeil ; les rêves, ce soir-là, ne la visitèrent point.

Elle sortit : la nuit était douce. Une respiration tranquille enflait et affaissait lentement les masses profondes de la forêt. Elle s'assit sur une pierre et regarda l'eau couler.

«Caunos, pensait-elle, Caunos. Pourquoi n'est-il pas rentré ? Qui l'attire et qui le retient ? Qui l'éloigne de moi, mon père ?»

Et en disant ces derniers mots, elle se pencha sur la source...

«Mon père ! répéta-t-elle. Mon père ! Où est Caunos ? Révèle-moi...»

Un murmure des eaux répondit :

«Loin...»

Byblis effrayée reprit vivement :

«Et quand reviendra-t-il ? Quand reviendra-t-il ici ?

- Jamais..., répondit la source.

- Mort ! Il est mort !

- Non...

- Où le reverrai-je ?

- ...»

La source ne parlait plus. Le glissement léger du ruisseau était redevenu monotone. Aucune apparence divine ne vivait dans l'eau très pure.

Byblis se releva, courut. Elle connaissait le sentier par où Caunos était parti avec sa mère. C'était un passage étroit qui tournait d'arbre en arbre en s'enfonçant dans la forêt. Elle ne le prenait pas souvent, car il traversait un bas-fond qui était infesté de serpents et de bêtes méchantes. Cette fois, son désir fut plus fort que sa crainte et elle marcha en tremblant, de toute la vitesse de ses petits pieds nus.

La nuit n'était pas obscure ; mais les ombres de la lune sont noires, et, derrière les arbres trop larges, Byblis n'avançait qu'à tâtons.

Elle parvint à un endroit où le sentier se séparait en deux. Quel chemin choisir et comment savoir ? A genoux elle chercha longtemps si une trace pouvait la guider. La terre était sèche. Byblis ne vit rien. Mais comme elle levait la tête, elle aperçut, cachée dans le feuillage d'un chêne, une hamadryade aux seins verts qui la regardait en souriant.

«Oh ! s'écria Byblis. Par où a-t-il passé ? Si tu l'as vu, dis-le moi...»

L'hamadryade étendit vers la droite un de ses longs bras de branchages, et Byblis la remercia d'un regard reconnaissant.

Elle marcha encore longtemps, cette nuit-là. Le sentier continuait toujours, à peine distinct sous les feuilles tombées ; il allait, sans cesse détourné, au hasard du sol et des arbres, il montait, il descendait, dans l'ombre, interminablement.

Enfin, épuisée de fatigue, Byblis tomba sur la mousse et dormit.

En s'éveillant, le lendemain, sous le soleil déjà haut, elle sentit une étrange douceur le long de sa main étendue. Elle ouvrit les yeux : une biche blonde la léchait avec lenteur. Mais, au premier mouvement de Byblis, la délicate bête sauta sur ses pattes fines et releva les deux oreilles, en fixant tout à coup devant elle ses admirables yeux humides, noirs et brillants comme l'eau des roches.

«Biche, dit Byblis, à qui es-tu ? Si tu es à la déesse Artémis, guide-moi, car je la connais. Je lui donne, à la pleine lune, des libations de lait de chèvre et elle m'en sait gré, biche, elle m'aime bien. Si donc tu es de son cortège, exauce-moi dans l'angoisse où je suis, et sache que tu ne déplairas pas à la bonne Chasseresse de la Nuit».

La biche parut comprendre ; elle partit en avant, d'un pas assez mesuré pour que l'enfant pût la suivre.

Toutes deux, elles traversèrent ainsi un grand espace de forêt et même deux ruisseaux, que la biche sauta d'un bond, mais que Byblis ne put franchir qu'en entrant dans l'eau jusqu'aux genoux. Byblis était pleine de confiance. Elle était sûre, maintenant, d'être dans le bon chemin ; sans doute, cette biche lui avait été envoyée par la déesse elle-même, en gratitude de sa dévotion, et l'animal divin la conduisait à travers bois vers le frère bien-aimé qu'elle ne quitterait plus. Chaque pas l'approchait du terme où elle reverrait Caunos. Elle sentait déjà contre sa poitrine l'étreinte affectueuse du fugitif. Un peu de son haleine semblait avoir passé dans l'air et enchanter la brise attiédie.

Soudain, la biche s'arrêta. Elle coula sa jeune tête entre deux jeunes arbres où apparut en même temps le profil cornu d'un cerf, et comme si elle avait atteint le but qu'elle se proposait, elle se coucha, les pattes sous le ventre, et posa le menton sur l'herbe.

«Caunos !»

Byblis appelait.

«Caunos, où es-tu ?»

Pour toute réponse, le cerf fit deux pas vers elle et la menaça de ses terribles cornes qui se tordaient comme dix serpents bruns. Et Byblis comprit alors que cette biche avait été, comme elle, à la rencontre de son amant, et qu'il est peut-être inutile de compter sur les bons offices de ceux qu'une passion intime absorbe déjà tout entiers.

Elle s'en retourna ; mais elle était perdue. Elle prit un nouveau sentier qui descendait rapidement vers une vallée invisible. Ses pauvres petits pieds las se heurtaient aux pierres, s'accrochaient aux racines, glissaient sur le tapis brun des fuyantes aiguilles de pins. A un tournant du chemin irrégulier que suivait le cours d'un ruisseau, elle s'arrêta devant un couple divin.

C'étaient deux nymphes, d'essences différentes, l'une d'elles présidant aux forêts et l'autre aux eaux printanières. L'oréade avait apporté à la naïade les fraîches offrandes reçues des hommes, et toutes deux se baignaient dans le courant, ondoyantes et embrassées.

«Naïade, dit Byblis, as-tu vu le fils de Cyanée ?

- Oui. Son ombre a passé sur moi. C'était hier, au coucher du soleil.

- D'où venait-il ?

- Je ne sais plus.

- Où allait-il ?

- Je ne l'ai pas regardé».

Byblis poussa un long soupir.

«Et toi, dit-elle à l'autre nymphe, as-tu vu le fils de Cyanée ?

- Oui. Loin d'ici dans la montagne.

- D'où venait-il ?

- Je ne l'ai pas su.

- Où allait-il ?

- Je l'ai oublié».

Puis elles reprirent, se dressant au milieu des eaux rapides :

«Reste avec nous, jeune fille, reste. Pourquoi songes-tu encore à celui qui n'est plus là ? Nous avons en trésor pour toi l'infini des joies présentes. Il n'y a pas de bonheur futur qui vaille la peine d'être poursuivi».

Mais Byblis ne trouva point que la nymphe eût bien parlé. Quoiqu'elle ne sût pas exprimer les idées de sa petite âme, elle ne concevait pas d'autre joie que de souffrir en persévérant à la recherche du bonheur. Pendant la première journée de son inutile voyage, elle avait compté sur l'aide et sur le zèle des inconnus. Quand elle les vit, insouciants de favoriser sa destinée, elle ne compta plus que sur elle-même, et quittant le sentier tournant, elle pénétra au hasard dans le labyrinthe des bois.

Cependant les deux immortelles répétaient leurs sages paroles :

«Reste avec nous, jeune fille, reste. Pourquoi songes-tu encore à celui qui n'est plus là. Il n'y a pas de bonheur futur qui vaille la peine d'être poursuivi».

Et longtemps, longtemps après, l'enfant qui gravissait toujours la mystérieuse montagne, entendait dans le lointain, deux voix claires ensemble appelant :

«Byblis !»

III

PENDANT une nuit et un jour, Byblis marcha dans la montagne. Elle interrogea anxieusement toutes les divinités des bois, celles des arbres, celles des clairières et celles des antres assombris. Elle contait sa douleur avec des confidences interminables ; elle suppliait, elle tremblait, elle tordait ses petites mains. Mais personne n'avait vu Caunos.

Elle alla si loin en montant, que le nom sacré de sa mère n'était plus connu là où elle passait, et les nymphes indifférentes ne savaient pas ce qu'elle voulait dire.

Elle voulut retourner sur ses pas, mais elle-même s'était perdue. De toute part, une colonnade confuse de pins énormes l'entourait. Il n'y avait plus de sentiers. Il n'y avait pas d'horizon. Elle courut dans tous les sens. Elle appela désespérément.

Il n'y avait même plus d'écho.

Alors, comme ses paupières lasses se fermaient d'instant en instant, elle se coucha sur la terre, et un songe qui passait lui dit d'une voix lente :

«Tu ne le reverras plus, ton frère, tu ne le reverras plus».

Elle s'éveilla en sursaut.

Ses mains s'étendirent, sa bouche s'ouvrit, mais avec une telle angoisse qu'elle n'eut pas la force de crier.

La lune s'était levée, rouge comme du sang, derrière les hautes lignes noires des pins. Byblis la distinguait à peine. Il lui semblait qu'un voile humide s'était posé sur ses longs yeux. Un silence éternel dormait dans les bois.

Et voici qu'une larme gonflée emplit le coin de son oeil gauche.

Byblis n'avait jamais pleuré. Elle crut qu'elle allait mourir, et soupira, comme si un soulagement divin la secourait mystérieusement.

La larme s'accrut, trembla, s'élargit, puis soudain coula sur la joue.

Byblis resta immobile, les yeux fixes, devant la lune.

Et voici qu'une larme gonflée emplit le coin de son oeil droit. Elle s'élargit comme la première, glissa sur les cils et tomba.

Deux autres larmes naquirent, deux gouttes brûlantes qui allongèrent la trace humide de la joue. Elles atteignirent le pli de la bouche ; une amertume délicieuse enivra l'enfant accablée.

Ainsi jamais plus sa main ne toucherait la main aimante de Caunos. Jamais plus elle ne reverrait la lumière noire de son regard, sa chère tête et ses jeunes cheveux. Jamais plus ils ne dormiraient côte à côte sur le même lit de feuilles, enlacés. Les forêts ne savaient plus son nom.

Une explosion de désespoir fit tomber le visage de Byblis dans ses mains ; mais une telle abondance de larmes vint mouiller ses joues enflammées, qu'il lui sembla qu'elle sentait une source miraculeuse entraîner toutes ses souffrances comme des feuilles mortes sur l'eau d'un torrent.

Les larmes naissaient doucement en elle, montaient à ses yeux, flottaient, débordaient, glissaient en nappe chaude sur ses joues, inondaient sa poitrine étroite, retombaient sur ses jambes serrées. Elle ne les sentait plus perler une à une entre ses longs cils : c'était un ruissellement continu et doux, une affluence intarrissable, l'effusion d'une onde enchantée.

Cependant, réveillées par le clair de lune, les immortelles de la forêt étaient accourues de toutes parts. L'écorce des arbres devenue transparente avait laissé voir la figure des nymphes, et même les naïades frissonnantes, quittant leurs eaux et leurs rochers, s'étaient répandues dans les bois.

Et elles se pressaient autour de Byblis, et elles lui parlaient, effrayées, car le cours des pleurs de l'enfant avait tracé dans la terre une ligne sinueuse et foncée qui gagnait lentement le chemin de la plaine.

Mais Byblis déjà n'entendait plus rien, ni les voix, ni les pas, ni le vent de la nuit. Son attitude devenait peu à peu éternelle. Sa peau avait pris sous le flot des larmes la teinte lisse et blanche qui est celle des marbres baignés par les eaux. Le vent n'aurait pas dérangé un de ses cheveux le long de son bras. Elle se mourait en pierre pure. A peine une lueur obscurcie éclairait encore sa vision. Tout à coup elle s'éteignit ; mais les larmes plus fraîches n'ont pas cessé de couler.

Et c'est ainsi que Byblis fut changée en fontaine.


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