VOITURE, Vincent (1597-1648) : Quelques vers de Monsieur de Voiture. - Paris : à la Sirène, [s.d.]. - 42 p.. ; 16 cm. - (Les Muses oubliées ; 1).
Saisie du texte : Aurélie Duval pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (15.III.1999, v2. : 17.VI.2000)
Texte relu par : A. Guézou
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Quelques vers
de
Monsieur de Voiture

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STANCES
ESCRITES SUR DES TABLETTES.

Voicy mon amour sur la touche :
Jugez s'il marque nettement,
Et si sa pointe se rebouche,
Dans la peine et dans le tourment.
Mais en l'estat où je me treuve,
Qu'est-il besoin de cette preuve,
Pour vous montrer que ma langueur
Et que ma constance est extréme?
Ne le sçavez-vous pas vous-mesme
Si vous m'avez touché le coeur?

Je croirois avoir trop d'amour,
Et de vous estre trop fidelle,
Si vous n'estiez qu'un peu plus belle,
Que l'Astre qui donne le jour.
Mais puisque le reste du monde,
N'a rien de beau qui vous seconde ;
Et que tout cede au Dieu vainqueur
Que vostre bel oeil emprisonne,
Il ne faut pas que je m'estonne,
Si vous m'avez touché le coeur.

Vous ne sçauriez douter de moy,
Ni de la peine que j'endure,
Pour servir une ame trop dure :
Car la touche vous en fait foy.
Sans estre donc plus recherchée,
Souffrez aussi d'estre touchée,
Et despoüillez cette rigueur,
Qui rend vostre beauté farouche.
Je vous puis bien toucher la bouche,
Si vous m'avez touché le coeur.

 

STANCES
ESCRITES DE LA MAIN GAUCHE
sur un feüillet des mesmes Tablettes,
qui regardoit un miroir mis au
dedans de la couverture.

Quand je me plaindrois nuit et jour
De la cruauté de mes peines,
Et quand du pur sang de mes veines
je vous escrirois mon amour :

Si vous ne voyez, à l'instant,
Le bel objet qui l'a fait naistre,
Vous ne le pourrez reconnoistre,
Ni croire que je souffre tant.

En vos yeux, mieux qu'en mes escris
Vous verrez l'ardeur de mon ame,
Et les rayons de cette flame
Dont pour vous je me trouve espris.

Vos beautez vous le feront voir,
Bien mieux que je ne le puis dire :
Et vous ne le sçauriez bien lire,
Que dans la glace d'un miroir.

 

STANCES
SUR SA MAISTRESSE

rencontrée en habit de garçon
un soir du Carnaval.

Je sens au profond de mon ame,
Brusler une nouvelle flame :
Et laissant les autres amours,
Qui tenoient mon ame en altere,
J'ayme un garçon depuis trois jours,
Plus beau que celuy de Cythere.

Si le but de cette pensée,
A ma conscience offensée,
J'en ay defia le chastiment.
Car le feu qui brusla Gomore,
Ne fut jamais si vehement,
Que celuy-là qui me devore.

Mais je ne croy pas que l'on blasme
L'amoureuse ardeur dont m'enflame
Le bel oeil de ce jouvenceau ;
Ni qu'aymer d'un amour extréme
Ce que Nature a fait de beau,
Soit un peché contre elle-mesme.

un soir que j'attendois la Belle,
Qui depuis deux ans m'ensorcelle ;
je vis comme tombé des Cieux,
Ce Narcisse objet de ma flame :
Et dés qu'il fut devant mes yeux,
Je le sentis dedans mon ame.

Sa face riante & naïve,
Jettoit une flame si vive,
Et tant de rayons alentour,
Qu'à l'esclat de cette lumiere
Je doutay que ce fust l'Amour,
Avecque les yeux de sa mere.

Mille fleurs fraichement écloses,
Les lys, les oeillets & les roses
Couvroient la neige de son teint.
Mais dessous ces fleurs entassées,
Le serpent dont je fus atteint,
Avoit ses embûches dressées.

Sur un front blanc comme l'yvoire,
Deux petits arcs de couleur noire,
Estoient mignardement voûtez :
D'où ce Dieu qui me fait la guerre,
Foulant aux pieds nos libertez,
Triomphoit de toute la terre.

Ses yeux, le Paradis des ames,
Pleins de ris, d'attraits, & de flames,
Faisoient de la nuit un beau jour :
Astres de divines puissances,
De qui l'Empire de l'Amour
Prend ses meilleures influences.

Sur tout, il avoit une grace,
Un je ne sçay quoy qui surpasse
De l'Amour les plus doux appas,
Un ris qui ne se peut descrire,
Un air que les autres n'ont pas,
Que l'on voit, & qu'on ne peut dire.

Parmy tant d'ennemis renduë.
Ma liberté mal defenduë,
Fut sous le joug d'un Estranger ;
Mon Coeur se rendit à sa suite,
Et dans le fort de ce danger
Ma Raison se mit à la fuite.

Sans le connoistre davantage,
Ma volonté luy fit hommage
De tout ce qu'elle avoit en main ;
Mais du meschant l'ame inconstante,
Me trompa dés le lendemain,
Et me frustra de mon attente.

Plein de dépit & de colere.
Soudain je m'en devois défaire :
Apprenant par cette leçon,
Qu'il n'avoit point d'arrest en l'ame,
Et que sous l'habit d'un garcon,
Il portoit le coeur d'une femme.

Toutefois, malgré cette injure,
j'en pris un plus heureux augure :
Et je n'eusse pû croire alors,
Que le Ciel, dont il fut l'ouvrage,
Sous le voile d'un si beau corps,
Eust mis un si mauvais courage.

Mais sa malice découverte,
S'est reconnuë avec ma perte,
Car depuis on ne l'a pû voir :
Le perfide a gagné la fuite,
Tenant mon coeur en son pouvoir,
Avec ma liberté seduite.

Gagné d'une sorciere flame,
J'avois mis les clefs de mon ame
En la garde de ce voleur:
Mais d'une malice funeste,
M'en ayant rauy le meilleur,
Il mit le feu dedans le reste.

Mais je l'ayme, & quoy qu'il me face,
le voudrois revoir cette face,
Ce chef-d'oeuvre tant estimé,
Où le Ciel tout son mieux assemble :
Et depuis j'ay tousjours aymé
Une fille qui luy ressemble.

Avec les traits de son visage,
Elle a sa taille & son corsage,
Sa voix, son port, & sa façon,
Son doux ris, son adresse extréme.
Enfin, sous l'habit d'un garcon,
Je l'aurois prise pour luy-mesme.

Ses yeux sçavent les mesmes charmes,
Elle vse de pareilles armes,
Avec tous les mesmes attraits :
Et croy, tant elle luy ressemble,
Qu'elle luy touche de bien prés,
Et qu'ils sont alliez ensemble.

Elle connoist bien, la meschante,
La cause du mal qui m'enchante,
Et qui me retient en langueur :
Et, sans doute, elle pourroit dire
Quelque nouvelle de mon coeur,
Et de celuy qui le retire.

Car, sans en voir d'autre apparence,
Je jurerois en asseurance,
A voir son visage assassin,
Et son oeillade cauteleuse,
Qu'elle a sa part à ce larcin,
Et qu'elle en est la receleuse.

Amour, petit Dieu qui disposes
Du reglement de toutes choses ;
Et qui fais entendre tes loix
Par toute la machine ronde:
Fay-moy justice à cette fois,
Toy qui fais droit à tout le monde.

Fay-moy raison de l'inhumaine,
Qui retient mon coeur à la gehesne,
Sans esperance d'avoir mieux ;
Mais, sur tout, ne voy pas la belle :
Car si tu regardes ses yeux,
Je sçay que tu seras pour elle.

La mauvaise me tient ravie
Mon ame, mon coeur, & ma vie,
Car chez elle se vient sauver
Le voleur de cette depoüille.
Mais j'espere tout retrouver,
Si tu permets que je la foüille.

 

POUR MINERVE
EN UN BALET.

Vovs qui chassiez de vostre Cour
Toutes les mollesses d'Amour,
Et les feux dont il se conserve :
D'où vous sont ces attraits venus?
Et depuis quand, belle Minerve,
Avez-vous les yeux de Venus?

Les Graces qui suivent tousjours
La douce Mere des Amours,
Vont à vous comme à la plus belle :
Mesme ce Dieu qui sçait voler,
S'il vous voyoit mise auprés d'elle,
Ne sçauroit à laquelle aller.

Si vous eussiez eu ces appas,
Lors que vous vinstes icy bas,
Vous faire voir aux yeux d'un homme :
Sans quitter le sejour des Cieux,
Vous eussiez remporté la pomme,
Au jugement de tous les Dieux.

Vos charmes ont plus de pouvoir,
Que ceux que nous venons de voir
Dans l'enchantement d'une couppe,
Ils sont bien plus forts et plus doux :
Et je ne sçache en cette trouppe,
D'autre enchanteresse que vous.

Cette Circé, dont les Demons
Applaudissent l'orgueil des monts,
Qui remplit la Terre d'allarmes,
Et renverse l'ordre des Cieux,
A dans ses livres moins de charmes,
Que vous n'en avez dans vos yeux.

Elle peut le monde troubler,
Elle fait les Astres trembler,
Et bride le cours de la Lune :
Mais vous, d'un pouvoir sans pareil,
Dans le milieu de la nuit brune,
Vous nous faites voir un Soleil.

Mille rayons ensorcelez,
Sortent de vos yeux estoillez,
Qui percent sans faire ouverture :
Et redoutée en toutes pars,
Vous faites bransler la Nature,
Par le moyen de vos regars.

Aussi faudra-t'il desormais
Qu'elle vous cede pour jamais.
Car plus docte Magicienne,
Vous meritez le maniment
D'une autre verge que la sienne,
Et qui charme plus puissamment.

 

STANCES
SUR UNE DAME DONT LA JUPPE
fut retroussée en versant dans un
carrosse, à la campagne.

Philis je suis dessous vos loix :
Et sans remede à cette fois
Mon ame est vostre prisonniere.
Mais sans justice & sans raison,
Vous m'avez pris par le derriere :
N'est-ce pas une trahison?

Je m'estois gardé de vos yeux ;
Et ce visage gracieux,
Qui peut faire paslir le nostre,
Contre moy n'ayant point d'appas,
Vous m'en avez fait voir un autre,
Dequoy je ne me gardois pas.

D'abord il se fit mon vainqueur :
Ses attraits percerent mon coeur,
Ma liberté se vit ravie :
Et le meschant, en cét estat,
S'estoit caché toute sa vie,
Pour faire cét assassinat.

Il est vray que je fus surpris.
Le feu passa dans mes esprits :
Et mon coeur autrefois superbe,
Humble, se rendit à l'Amour,
Quand il vit vostre cu sur l'herbe,
Faire honte aux rayons du jour.

Le Soleil confus dans les Cieux,
En le voyant si radieux,
Pensa retourner en arriere,
Son feu ne servant plus de rien,
Mais ayant veû vostre derriere,
Il n'osa plus montrer le sien.

En decouvrant tant de beautez,
Les Sylvains furent enchantez,
Et Zephyre voyant encore
D'autres appas que vous avez :
Mesme en la presence de Flore,
Vous baisa ce que vous sçavez.

La Rose la Reyne des fleurs,
Perdit ses plus vives couleurs ;
De crainte l'oeillet devint blesme :
Et Narcisse alors convaincu,
Oublia l'amour de soy-mesme,
Pour se mirer en vostre cu.

Aussi rien n'est si precieux,
Et la clarté de vos beaux yeux,
Vostre teint qui jamais ne change,
Et le reste de vos appas,
Ne meritent point de louange,
Qu'alors qu'il ne se montre pas.

On m'a dit qu'il a des defaux
Qui me causeront mille maux ;
Car il est farouche à merveilles :
Il est dur comme un diamant,
Il est sans yeux & sans oreilles,
Et ne parle que rarement.

Mais je l'ayme, & veux que mes vers
Par tous les coins de l'Univers
En fassent vivre la memoire :
Et ne veux penser desormais
Qu'à chanter dignement la gloire
Du plus beau cu qui fut jamais.

Philis, cachez bien ses appas,
Les mortels ne dureroient pas,
Si ces beautez estoient sans voiles.
Les Dieux qui regnent dessus nous,
Assis la-haut sur les Estoilles,
Ont un moins beau siege que vous.

 

SONNET

Il faut finir mes jours en l'amour d'Uranie,
L'absence ni le temps ne m'en sçauroient guerir
Et je ne voy plus rien qui me pût secourir,
Ni qui sceust r'appeller ma liberté bannie.

Dés long-temps je connois sa rigueur infinie,
Mais pensant aux beautez pour qui je dois perir :
je benis mon martyre, & content de mourir,
je n'ose murmurer contre sa tyrannie.

Quelquefois ma raison, par de foibles discours,
M'incite à la revolte, & me promet secours.
Mais lors qu'à mon besoin je me veux servir d'elle ;

Apres beaucoup de peine & d'efforts impuissans
Elle dit qu'Uranie est seule aymable et belle,
Et m'y rengage plus que ne font tous mes sens.

 

AUTRE

Des portes du matin l'Amante de Cephale,
Ses roses espandoit dans le milieu des airs,
Et jettoit sur les Cieux nouvellement ouvers,
Ces traits d'or et d'azur, qu'en naissant elle estale.

Quand la Nymphe divine, à mon repos fatale,
Apparut, & brilla de tant d'attraits divers,
Qu'il sembloit qu'elle seule esclairoit l'Univers,
Et remplissoit de feux la rive Orientale.

Le Soleil se hastant pour la gloire des Cieux,
Vint opposer sa flame à l'éclat de ses yeux,
Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dore.

L'onde, la terre, et l'air s'allumoient à l'entour :
Mais aupres de Philis on le prit pour l'Aurore,
Et l'on creut que Philis estoit l'Astre du jour.

 

RONDEAU

Ma foy, c'est fait de moy, car Isabeau
M'a conjuré de luy faire un Rondeau.
Cela me met en une peine extréme.
Quoy treize vers, huit en eau, cinq en eme!
Je luy ferois aussi-tost un bateau!

En voila cinq pourtant en un monceau.
Faisons-en huict, en invoquant Brodeau,
Et puis mettons, par quelque stratageme,
Ma foy, c'est fait.

Si je pouvois encor de mon cerveau
Tirer cinq vers, l'ouvrage seroit beau.
Mais cependant, je suis dedans l'onziéme,
Et si je croy que je fais le douziéme ;
En voila treize ajustez au niveau.
Ma foy, c'est fait.

 

AUTRE

Un beuveur d'eau, pour aux Dames complaire
Suivant l'Amour dont le seul feu l'éclaire,
Se voit tousjours sobre, courtois et doux :
Et ne sçauriez si tost boire dix coups
Qu'encor plustot il ne le puisse faire.

Venus d'Amour la gracieuse mere
Nasquit de l'eau sur les bords de Cythere,
Aussi son fils favorise sur tous,
Un beuveur d'eau.

Il entend mieux ses loix et son mistere.
Il sçait joüir, & discret sçait se taire,
A le rein ferme, & fermes les genoux.
Et trente six yurognes comme vous,
Ne valent pas, en l'amoureuse affaire,
Un beuveur d'eau.

 

AUTRE

Tout beau corps, toute belle image,
Sont grossiers aupres du visage
Que Philis a receu des Cieux.
Sa bouche, son ris, & ses yeux,
Mettent tous les coeurs au pillage.

Sa gorge est un divin ouvrage,
Rien n'est si droit que son corsage
Enfin elle a, pour dire mieux,
Tout beau.

Parmy tout ce qui plus m'engage,
Est un certain petit passage,
Qui vermeil et delicieux :
Mais ce secret est pour les Dieux,
Ma plume, changeons de langage :
Tout beau.

 

AUTRE

Si haut je veux loüer Sylvie,
Que toute autre en meure d'envie.
Sa personne est pleine d'appas.
Les Amours naissent sous ses pas :
Et c'est par eux qu'elle est servie.

De cent vertus elle est suivie.
Son coeur tient mon ame ravie :
Et les Conquerans ne l'ont pas
Si haut.

Quoy que mon amour m'y convie,
Ma langue au secret asservie
N'ose parler d'un certain cas.
je diray seulement tout bas,
Que je n'en vis un de ma vie
Si haut.

 

STANCES
A LA LOUANGE DU SOULIER
d'une Dame.

Moy qui fut pris ce Caresme,
Et qui me vis au pouvoir
D'un beau Soulier jaune, & noir
Que j'aymois plus que moy-mesme :
je suis maintenant en feu,
Pour un Soulier noir, & bleu.

Comme un criminel qu'on mene
Où son Destin l'a reduit,
A la Bastille est conduit,
Sortant du bois de Vincenne :
Ainsi mon coeur prisonnier
Va de soulier en soulier.

Le pied qui cause ma peine,
Et qui me tient sous sa loy :
Ce n'est pas un pied de Roy ;
Mais plustost un pied de Reyne,
Car je voy dans l'avenir,
Qu'il le pourra devenir.

Sur ce beau pied la Nature
Admirable en ses effets,
A sceu bastir un Palais
De divine Architecture ;
Où se trouvent tous les Dieux
Mieux logez que dans les Cieux.

C'est un grand Temple d'yvoire,
Plein de grace & de beauté,
En quelques lieux marqueté
D'une Ebene douce & noire
Qui sert en ce lieu si beau
Comme d'ombre en un tableau.

Deux flambeaux incomparables,
Plus brillans que le Soleil,
Par un éclat sans pareil,
Et des rayons favorables,
Rendent les lieux d'alentour
Pleins de lumiere & d'Amour.

La nef de cét edifice
Est pleine d'un jour tres-pur,
Mais le coeur en est obscur,
Et fait par tel artifice,
Que les yeux les plus perçans
Ne penetrent point dedans.

Tout ce que la Terre & l'Onde
Produisent de precieux :
Tout ce qu'on voit dans les Cieux,
Et qui paroist dans le monde,
Est fait imparfaitement,
Au prix de ce bastiment.

Mais un personnage antique,
Parent de Nostradamus,
M'a dit en termes confus ;
Que ce Temple magnifique,
Pour estre plus exaucé,
Sera bien-tost renversé.

 


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