LEPEINTRE, Pierre-Marie-Michel (1785-18..) : Dénombrement des théâtres de Paris en 1791 ; Détails sur les limites et les entraves de chaque théâtre avant 1789 ; Théâtres existans en 1811 ; Théâtres existans en 1822
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (08.VI.2000)
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Texte introductif du premier volume de la Suite du Répertoire du Théâtre français publié à Paris chez la Veuve Dabo en 1822, pp. 42-51 (Bm Lx : R14061)
voir aussi : Considérations sur l'art dramatique,
Précis historique et littéraire sur la tragédie.

 
DÉNOMBREMENT DES THÉATRES DE PARIS, EN 1791.

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I. Concert-Spirituel et théâtre de Monsieur, rue Feydeau.
II. Théâtre de l'Opérat, boulevart et à côté de la porte Saint-Martin.
III.Théâtre-Italien, entre les rues Favart et de Marivaux.
IV. Théâtre de Louvois, rue de Louvois.
V. Théâtre-Lyrique, rue de Bondy, au coin de la rue de Lancry.
VI. Théâtre de la demoiselle Montansier, au Palais-Royal.
VII. Théâtre de la Nation, faubourg Saint-Germain, près du Luxembourg.
VIII. Théâtre des Variétés, rue de Richelieu.
IX. Théâtre du Marais, rue Culture Sainte-Catherine.
X. Théâtre de Molière, rue Saint-Martin.
XI. Théâtre d'Émulation, rue Notre-Dame de Nazareth.
XII. Théâtre de la Concorde, rue du Renard-Saint-Merry.
XIII. Théâtre des Muses ou de l'Estrapade, près de Sainte-Geneviève.
XIV. Théâtre du Mont-Parnasse, sur le boulevart Neuf.
XV. Théâtre du Vaudeville, rue de Chartres (on le construisait).
XVI. Théâtre de Henri IV, en face du Palais.
XVII. Théâtre d'Audinot, ou Ambigu-Comique, boulevart du Temple.
XVIII. Théâtre des Délassemens-Comiques, sur le boulevart du Temple, près de la rue du faubourg.
XIX. Théâtre-Patriotique, de Sallé, à côté du cabinet de Curtius, après l'Ambigu-Comique.
XX. Théâtre des Élèves de Thalie, près du Lycée Dramatique.
XXI. Théâtre de Nicolet, boulevart du Temple.
XXII. Théâtre des Petits-Comédiens Français, attenant les Délassemens-Comiques.
XXIII. Théâtre du Lycée Dramatique, à l'extrémité du boulevart, en face de la rue Charlot.
XXIV. Théâtre du Wauxhall, boulevart Saint-Martin.
XXV. Théâtre du café Yonn, boulevart du Temple.
XXVI. Théâtre de la Liberté, à la foire Saint-Germain.
XXVII. Théâtre du Cirque, au Palais-Royal.
XXVIII. Théâtre des Variétés-Comiques et Lyriques, à la foire Saint-Germain. Après une clôture de quelques mois, on rouvrit cette salle sous le nom de Théâtre-Nouveau des Variétés.
XXIX. Théâtre des Ombres-Chinoises, au Palais-Royal.
XXX. Théâtre de Neuf-Millions. On venait de répandre un prospectus pour la construction de ce théâtre rue Richelieu, en face de la Bibliothèque.
XXXI. Théâtre du sieur Moreau, au Palais-Royal.
XXXII. Théâtre de Thalie, ou Théâtre-Mareux, rue Saint-Antoine.
XXXIII et XXXIV. Deux théâtres, place Louis XV. Ces salles étaient bâties en bois.
XXXVI. Théâtre du café Guillaume.
XXXVII. Théâtre du café Goddet.
XXXVIII. Théâtre de la rue des Martyrs.

Il a existé un théâtre rue Saint-Jean de Beauvais ; un autre, rue Saint-Victor, un, rue de Grenelle-Saint-Honoré, hôtel des Fermes ; un, rue de Thionville ; un, rue du Bac, en face du Ministère des Relations-Extérieures ; enfin, on a joué sur deux théâtres, dans un des caveaux du Palais-Royal.

Voilà donc quarante-cinq théâtres qui existaient en 1791, sans compter, I° la salle de la Société-Olympique, rue de la Victoire ; 2° la salle du quai Voltaire, qui n'a servi que pour un ou deux concerts et deux bals masqués.

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DÉTAILS SUR LES LIMITES ET LES ENTRAVES DE CHAQUE THÉATRE, AVANT 1789.

On avait établi sur les pièces de grands théâtres la censure la plus sévère ; quant à celles des petits spectacles, on leur permettait d'être licencieuses, pourvu qu'elles n'eussent ni plan, ni conduite. Après avoir passé à la censure de la police, les pièces des petits spectacles devaient encore subir la censure des comédiens français et italiens, qui très-souvent reranchaient quelques scènes, ou retenaient la pièce pour leur théâtre.

L'Opéra, ou pour mieux dire, l'Académie royale de musique, avait la suprématie sur tous les autres théâtres, et levait sur eux, même sur le Théâtre-Français et sur le Théâtre-Italien, un impôt assez considérable pour leur permettre de mauvais ballets.

Les comédiens italiens ne pouvaient d'abord jouer des pièces sans musique. Ils en obtinrent la permission, pourvu qu'ils y conservassent toujours le personnage d'Arlequin. Ils purent depuis jouer des pièces sans musique, même en cinq actes, mais point de tragédie. Le personnage pouvait s'évanouir, même se blesser ; mais il lui était défendu de se tuer ou de mourir.

Les Associés jouaient pendant un tems toutes les pièces du théâtre Français, mais sous d'autres titres. Le père de Famille s'appelait les Embarras du Ménage ; Beverley ou la Passion du Jeu ; Zaire, le Grand Turc mis à mort. Ils étaient en outre obligés de les faire précéder par des marionnettes.

Les Variétés ne pouvaient jouer des pièces au-dessus de trois actes.

Nicolet était obligé de conserver ses danseurs de cordes.

Audinot ne put long-tems faire parler que des marionnettes ; on lui permit ensuite d'y substituer des enfans.

Ces divers théâtres ne pouvaient pas même chanter un pont-neuf, et quand une chanson se trouvait dans un rôle, l'acteur la récitait, et à la fin de chaque couplet les violons en jouaient l'air.

Pour obtenir la permission de chanter, les entrepreneurs des Beaujolais, convinrent que leurs acteurs ne feraient que les gestes, pendant que des musiciens chanteraient pour eux dans la coulisse : c'était ainsi que Livius Andronicus, le plus ancien auteur comique latin, et qui était aussi acteur, fesait, dans sa vieillesse, déclamer ses rôles, se contentant d'en faire les gestes ; ce qui fut long-tems en usage sur le théâtre à Rome.

Les entrepreneurs des Bleuettes, pour ouvrir un spectacle, se soumirent aux mêmes entraves que les Beaujolais, et mirent, de plus, une gaze entr'eux et les spectateurs.

Les Délassemens avaient des marionnettes comme les Associés, et ils avaient été forcés de prendre la gaze des Bleuettes.

Ces derniers spectacles étaient d'abord soumis à jouer la parade, ensuite on les obligea seulement à conserver toujours un théâtre extérieur.

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THÉATRES EXISTANS EN 1811.

I. Académie-Impériale de Musique.
II. Théâtre-Français.
III. Théâtre de l'Opéra-Comique.
IV. Théâtre de l'Impératrice.
V. Théâtre du Vaudeville.
VI. Théâtre des Variétés.
VII. Théâtre de la Gaîté.
VIII. Théâtre de l'Ambigu-Comique.

Indépendamment de ces huit théâtres, il existait à Paris : le Cirque-Olympique de M. Franconi père, où l'on exécutait des scènes équestres et le Spectacle-Mécanique de M. Pierre.

On a vu successivement, à la salle du Palais-Royal, des troupes de chiens, puis des danseurs de corde : sous le nom de Jeux-Forains, on donnait en novembre 1811 des pantomimes dans lesquelles, suivant l'usage, on déroulait de tems à autre quelques écriteaux. Le théâtre de la porte Saint-Martin était ouvert sous le nom de Salle de Jeux-Gymniques. Enfin il y avait, rue de Grenelle-Saint-Honoré, hôtel des Fermes, un petit théâtre que l'on appelait Théâtre des Fabulistes.

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THÉATRES EXISTANS EN 1822.

I. Académie-Royale de musique, rue Grande-Batelière.
II. Théâtre-Français, rue de Richelieu.
III. Second Théâtre-Français, ou Odéon, près du Luxembourg.
IV. Théâtre de l'Opéra-Comique, rue Feydeau.
V. Opéra-Buffa, rue de Louvois.
VI. Théâtre du Vaudeville, rue de Chartres.
VII. Le Gymnase, boulevart de Bonne-Nouvelle.
VIII. Les Variétés, boulevart des Italiens
IX. Théâtre de la Porte-Saint-Martin.
X. L'Ambigu, boulevart du Temple.
XI. La Gaîté, idem.
XII. Panorama-Dramatique, idem.

On voit par la comparaison de ce tableau avec celui ci-dessus, que le nombre des théâtres est plus grand aujourd'hui qu'il ne l'était sous le gouvernement impérial ; ce qui semble prouver que le gouvernement actuel favorise plus l'art dramatique et les spectacles, ou que le goût s'en est accru.

Outre ces douze théâtres, nous avons encore, comme en 1811, le Cirque-Olympique de MM. Franconi ; nous avons le théâtre de M. Comte ; nous pourrions même ajouter les Panoramas, le Cosmorama, le Diorama, si on comptait ces établissemens pour des spectacles.

Il y a toujours des cafés où l'on joue des pièces de théâtre ; tels sont, au Palais-Royal le café Montansier, et plusieurs autres ; sur les boulevarts du Temple, le café d'Apollon, etc.

Compterions-nous aussi les Ombres Chinoises de Séraphin, le Théâtre-Forain du Luxembourg, les danseurs de corde de madame Saqui, et les Funambules ?

Il y a une multitude de théâtres bourgeois ou de société, presque permanens, ou au moins hebdomadaires, à la tête desquels on compte le célèbre théâtre de M. Doyen, sur lequel les jeunes talens viennent s'exercer, et où ont paru d'abord presque tous les acteurs qui se sont rendus fameux.

Enfin, nous avons maintenant un Théâtre-Anglais, rue Chantereine, qui joue par souscription, et dont les acteurs, qui sont également anglais, ont été si mal accueillis il y a quelque tems au théâtre de la Porte-Saint-Martin.

Espérons pourtant que, malgré cette multitude de spectacles la postérité ne dira pas de nous :

                 Il ne fallait au fier Romain
                 Que des spectacles et du pain ;
                 Mais au Français plus que Romain,
                 Le spectacle suffit sans pain.

L'accroissement prodigieux et continuel tant de la capitale que de nos villes des départemens, indique la cause de cette multiplication de théâtres. C'est une jouissance indispensable pour tous les peuples qui ont renoncé à la vie patriarcale, et qui sont trop éloignés de la nature.


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