MERAY, Antony : Les diverses façons d'aimer les livres, (1861).
Saisie du texte : S. Pestel pour la collection électronique de la Bibliothèque Municipale de Lisieux (15.VII.1998)
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Article paru dans l'Annuaire du bibliophile du bibliothécaire et de l'archiviste. 2e Année. - Paris : Meugnot et Claudin, 1861. - Publ. par Louis Lacour.

Les diverses façons d'aimer les livres
par
Antony Meray

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Le petit travail bibliographique, où nous allons essayer d'expliquer certains goûts particuliers, certaines préférences, certaines délicatesses de l'esprit, certaines variétés de l'amour des livres, n'a nullement pour but de justifier la passion d'élite qui nous pousse à rechercher ces précieux témoins des accroissements de l'âme humaine à travers les générations. L'amour des livres, dont les alléchements variés à l'infini se rattachent à toutes les glorieuses activités de la pensée n'a nul besoin d'être justifié, c'est glorifié qu'il faut dire, quand on réfléchit qu'aucun art, aucune science, aucune forme de protestation railleuse ou grave, réaliste ou mystique, battant en brèche l'ignorance et la sottise, n'échappe aux rayons de nos bibliothèques.

Grâce aux livres, le bibliophile traverse à son gré les mers et les temps ; il pénètre sans crainte d'y être coudoyé dans les foules de toutes les époques, et s'y choisit librement ses guides dans le nombre des esprits supérieurs qui lui ont légué les préoccupations de leurs contemporains. La masse n'assiste qu'à cette partie du grand drame terrestre qui se joue devant ses yeux ; pour le bibliophile, l'action se déroule entière depuis le lever du rideau, dans ses moindres épisodes historiques. L'enchantement des actes qui ont précédé l'heure moderne lui fait comprendre, d'une façon plus nette, le sens de la scène incomplète dont le hasard l'a fait acteur.

Là est le secret de cet appétit des livres qui affame les intelligences d'élite dont les rangs deviennent chaque jour plus serrés et plus nombreux. Cette passion a, d'ailleurs, mille manières d'envahir ceux qui passent à la portée de son influence ; aucune autre n'offre à ses adeptes un champ aussi vaste et des objets aussi merveilleusement variés. Tous ceux qui aiment ces glorieux trophées des siècles n'ont pas, à un même degré, le désir de surprendre la pensée de nos pères à sa source ; le goût du bibliophile a de nombreuses nuances tournant toutes au respect de ces vénérables épaves de la pensée.

On peut classer, tout d'abord, les bibliophiles en deux grandes catégories : ceux qui jouissent de la substance des livres, qui les traquent pour en extraire le contenu et s'imprégner de leur esprit, et ceux qui, les saisissant au passage pour s'en faire les conservateurs, en contemplent amoureusement la forme, les restaurent, les revêtent de pourpre et d'or et les sauvent des profanations du vulgaire.

Dans la première classe de ce vaste culte, on aime le livre pour ce qu'il contient ; on le recueille sous toutes ses formes et dans l'état où il se présente. Ces fervents investigateurs ne jetteront pas avec mépris le volume désiré, parce que les vers l'ont troué et dentelé ; ils ne s'offusqueront pas trop des taches d'encre et de cire, des annotations oiseuses, des mutilations de marges, ni des mouchetures rougeâtres produites sur le texte par l'humidité. La bonne condition est pour eux un point secondaire ; souvent même ils béniront l'accident qui a fait dédaigner une oeuvre rare, de l'opulent accapareur, pour la jeter entre leurs mains. Dans les rangs de ce groupe, les différences de goûts portent plus sur le fond que sur la forme.

Certains d'entre eux recherchent spécialement les oeuvres d'une langue déterminée, d'autres sont en quête de celles produites dans telle ou telle spécialité d'étude. Ceux-ci guettent les chroniques à légendes, les mémoires chaudement imprégnés de couleur locale, les compilations pittoresques, les commentaires historiques semés de savoureuses indiscrétions ; ceux-là s'attachent aux travaux des philosophes, aux poétiques rêveries des mystiques, aux hardiesses des penseurs prime-sautiers. D'autres récoltent les premiers efforts de la science sous leurs formes étranges et empiriques : les recueils d'alchimie et d'astrologie, les cosmographies aux détails fabuleux, les histoires naturelles et surnaturelles, les discussions pour ou contre la sorcellerie et la démonomanie. Aux uns il faut des poëtes et des conteurs ; aux autres, des satiriques et des pamphlétaires ou des hérésiarques avoués, heurtant audacieusement, au péril de leurs têtes, les idées de leurs temps.

Les bibliophiles de cet ordre ont sans doute un grand bonheur à posséder de beaux livres purs de texte, grands de marges, riches de reliure et élégants de format ; mais ce n'est pas le but principal de leur visée ; quand ils ne peuvent l'atteindre, ils s'en consolent, et leur joie en souffre peu. M. Quatremère, malgré la rare richesse de son immense collection, appartenait à cette grande variété. Ce qu'a dévoré de feuilles imprimées ce Gargantua intellectuel est inimaginable ; en fait de livres, tout ce qui était bon intrinsèquement, beau ou laid de forme, faisait son affaire, quitte à échanger plus tard l'ouvrage imparfait contre le même, s'il passait à sa portée dans un meilleur état. L'illustre savant guettait les catalogues et écrémait les quais. Dans son immense bibliothèque, le bouquin incomplet, piqué, sans titre, émargé et vêtu de guenilles, coudoyait les gothiques sans tache du XVe siècle et les splendides manuscrits de l'Orient.

Dans la seconde classe des bibliophiles, celle où l'on approfondit moins le texte, où l'on est plus particulièrement conservateur, les goûts sont bien autrement difficiles à contenter. Là se rencontrent les plus curieux groupes de collectionneurs et les plus pittoresques à étudier. Il faut à ces derniers des exemplaires irréprochables, demeurés vierges de toutes souillures dans leur reliure originelle, ou tout au moins des volumes qui puissent se purifier du contact de lecteurs peu soigneux, et rentrer avec honneur dans l'or et le maroquin. S'ils consentent à accueillir des exemplaires malmenés par de négligents possesseurs, c'est dans l'espoir d'en rencontrer d'autres dont les feuillets soigneusement triés feront un livre sans reproche de plusieurs exemplaires maculés. Mais à cela ne s'arrête pas la fantaisie de ces chercheurs passionnés ; chacun des zélés de cette nombreuse famille a son caprice de prédilection.

Les uns aiment par-dessus tout les incunables, ces beaux et rudes produits de l'enfance de l'imprimerie avec leurs brillantes majuscules peintes et leurs types gothiques vigoureux de ton et de fermeté ; les autres préfèrent les chefs-d'oeuvre sortis des presses infatigables du XVIe siècle : les Alde, les Estienne, les Vascosan, les Galliot du Pré, les Colines, les Angelier, les Plantin. Ceux-ci recherchent avec avidité les Elzevier, les Blauew, les Jansson, les Wolfgang, et toutes ces gracieuses productions de l'art typographique nées au XVIIe siècle en Hollande et sur les bords du Rhin ; ceux-là s'attachent aux élégantes éditions plus modernes des Coustelier, des Bodoni, des Crapelet et des Didot ; d'autres portent leur attention sur la reliure, véritable cuirasse chargée de protéger l'intelligence que renferment ces feuillets fragiles. Le veau antique à dessins estampés, les panneaux de bois recouverts de peau de truie au grain robuste, les maroquins de toutes nuances, si doux à l'oeil et au toucher, sont appréciés par autant d'amateurs différents.

A tous ces attraits déjà suffisamment variés pour défrayer bien des curiosités de bon goût, viennent s'ajouter les livres à gravures et à vignettes ; autre veine opulente à fouiller, depuis les illustrations naïves des premiers temps de l'imprimerie, les mordantes caricatures d'Holbein, les vigoureuses compositions des artistes allemands de l'école d'Albert Durer et de Lucas Cranach, les délicates vignettes du Petit Bernard et de Jean Cousin, jusqu'aux sensuelles et spirituelles gravures du siècle dernier.

Enfin, il y a les amateurs de manuscrits ; ceux-là veulent contempler des témoins plus anciens, plus vivants, plus patiemment élaborés, du travail de la pensée à sa source directe. Ces feuillets à écriture bizarre que les moines ornaient d'or, de pourpre et d'outremer sont pour eux l'effluve vraiment sainte des générations passées,

Pour compléter cette énumération rapide, il faut citer encore le groupe des mutilateurs de livres, qui font le désespoir des véritables bibliophiles. Nous désignons ainsi ceux qui collectionnent les marques d'éditeurs, les titres, les frontispices, les lettres à vignettes, les sujets intercalés dans le texte, les majuscules peintes. Ces profanateurs ne craignent pas de mutiler de nobles volumes et de leur arracher leurs plus précieux ornements. C'est là un zèle impie dont j'ai particulièrement connu des sectateurs effrontés. Ces vandales ne rougissaient pas de lacérer des romans de chevalerie et de merveilleux incunables pour remplir leurs albums de ces récoltes sacrilèges.

Cependant, afin de pas laisser le lecteur sous l'impression de cette destruction sauvage, ajoutons que cette coupable manie disparaît avec celle des albums. Si les ciseaux de quelques marchands d'images ou de puérils découpeurs d'estampes attaquent encore nos vieux trésors, ils ne le font plus guère que sur les exemplaires dépareillés ou sur les in-folio de théologie et de métaphysique latins.

Ici vient se placer tout naturellement la grave question de la préférence accordée par les bibliophiles à telles ou telles éditions. Le choix consciencieux des livres si bien légitimé par les besoins de l'érudit et les délicatesses de l'homme de goût, a souvent excité le sourire du demi-lettré et de l'ignorant ; à leurs yeux, le titre d'un volume suffit à en prouver le contenu, quels que soient la date et le nom de l'éditeur. Rechercher plus spécialement certains exemplaires leur paraît une manie ; il ne faut pas une attention bien soutenue cependant, pour arriver à se rendre compte de cette préférence qui constitue la préoccupation majeure, le véritable cachet du bibliophile.

Il y a d'abord les exigences artistiques, le goût de la forme ; est-il besoin d'en donner les détails ? Préférer le beau, quand on a le choix, est une chose bien naturelle. Qui pourrait hésiter entre les impurs stéréotypes des colléges avec leur papier spongieux, leurs lignes maculées et compactes, et les magnifiques éditions classiques des Alde, des Estienne, des Morel, des Plantin et des Didot ? Nous citons à dessein ces deux extrêmes de la vaste série des livres ; la distance typographique qui les sépare est de nature à frapper tous les yeux ; elle dispose l'esprit à mieux saisir les nuances intermédiaires. Pense-t-on maintenant qu'il y ait moins de choix entre les élégants produits des presses de Venise et de la Hollande et les ignobles in-12 français au format rachitique, dont le règne a duré près de deux siècles, et qui attristent encore les quais par la nuance funèbre de leurs robes en veau bistré ?

Un de nos illustres contemporains, grand ami des livres, se plaît, en montrant sa riche bibliothèque, à déclarer qu'il étudie avec plus de facilité dans un bel exemplaire, et qu'il choisit toujours pour cela celui dont le papier est le plus ferme au toucher et la justification typographique la plus agréable à l'oeil. Nous sommes tout à fait de son avis : il sort d'un beau livre une sérénité calme, une heureuse harmonie qui rendent attrayants les plus graves travaux. En vérité, c'est une chose très-désirable dans un livre que la bonne condition ; elle annonce presque toujours d'ailleurs la bonne édition dont la recherche indique un nouveau genre de préférences, plus sérieuses que les préférences artistiques.

L'attention se porte ici directement sur la pensée de l'auteur ; l'homme instruit et sans préjugé la veut complète et pure, les éditions expurgées, retouchées, accommodées au goût du temps, avec remaniement de style et d'orthographe, lui sont particulièrement désagréables. Il permet à l'auteur seul de revoir son oeuvre ; c'est le jet sans mélange, la lancée originale qu'il lui faut. Il veut, et il a raison, embrasser le rayonnement intellectuel tel qu'il a jailli du cerveau du penseur.

Celui qui essayerait de refranciser le Pantagruel commettrait une monstruosité : la langue châtiée et raisonnable de notre époque ne saurait supporter la forme grasse et extra-libertine de cette satire universelle dont le style, mieux encore que l'esprit, convenait aux oreilles érotiques des contemporains des Valois. Et pourtant cette étrange métamorphose a été opérée au commencement du dernier siècle. Quelques années auparavant, un arrangeur aussi ingénu s'était escrimé sur l'Heptaméron ; non content d'en restaurer le style à sa façon, il crut augmenter l'attrait des contes de Marguerite de Navarre, en les débarrassant des intermèdes si caractéristiques où les interlocuteurs commentent mutuellement leurs récits. Le même procédé a été mis en oeuvre vers le même temps par les traducteurs de Bocace dont le Décaméron fut mutilé tout aussi largement. Malheureusement ce sont les éditions de ces contes ainsi châtrés que Romeyn de Hooghe a illustrées de ses curieux dessins. Chacun connaît encore les singuliers travestissements imposés par Tressan à Floire et Blancheflor, à Jehan de Saintré et à tant d'autres de nos vieux romans du moyen âge. Mais aujourd'hui, grâce au zèle que mettent nos éditeurs modernes à restituer les textes primitifs, ces mascarades de nos vieux chefs-d'oeuvre n'abusent plus le goût public.

Lorsque les mutilations dues à un excès de goût ou aux scrupules d'un faux zèle n'atteignent que certaines phrases, quand les corrections ne portent que sur quelques tournures, sur quelques expressions vieillies, la distinction entre les éditions diverses d'un même texte est moins facile à saisir, elle demande toute la sagacité du bibliophile. En général, les éditions faites sous les yeux de l'auteur sont celles que l'on doit préférer ; elles semblent conserver les traces de la main du maître ; la mise au jour de son oeuvre surveillée par lui-même est un acte de notoriété authentique et irrécusable. Il y a cependant des exceptions à cette règle.

L'auteur a pu réserver, par prudence, à compléter son travail après sa mort ; en ce cas les éditions posthumes, dirigées par les héritiers de sa pensée, sont les préférables. Ou bien l'opinion, les susceptibilités politiques ou religieuses l'auront contraint à retrancher de son livre déjà imprimé certaines allusions trop fortes, certains passages trop vifs ; l'édition princeps est alors la plus appréciée de l'érudit, jusqu'à ce que les presses d'un pays libre aient reproduit la copie originale, comme il est arrivé pour la Sagesse de Charron et l'Apologie pour Hérodote d'Henry Estienne. En général, il faut se défier des éditions postérieures imprimées dans les pays où fonctionnaient l'inquisition et la censure ; les éditeurs d'Italie et d'Espagne surtout furent contraints à mutiler bien des livres. Ainsi, dès le milieu du seizième siècle, le célèbre éditeur vénitien, Francesco Sansovino, avait dû expurger l'admirable histoire d'Italie de Fr. Guicciardini. Trois passages très-importants où il discute les droits de la papauté à la domination temporelle, et la manière dont elle en use ont été supprimés par ordre supérieur. Le fameux fragment, surtout, où l'illustre historien donne de terribles renseignements sur la famille d'Alexandre VI, n'existe dans aucune des éditions du XVIe siècle.

Souvent le texte a été simplement nettoyé comme dans le Commines publié par Godefroy, qui s'est permis de changer les titres et le nombre des chapitres, et de remplacer de temps en temps le mot inusité, au lieu de l'expliquer par une note ; ce qui s'est fait également dans les éditions de l'Apologie pour les grands hommes soupçonnés de magie de G. Naudé, qui sont postérieures à la petite édition de Paris de 1669, laquelle reproduit encore fidèlement celle de 1625. Sans doute ces changements minimes n'altèrent pas le sens de la pensée, mais ils lui en enlèvent cette fleur de personnalité, ce parfum originel que l'on aime à retrouver dans les écrits des temps passés. Aux yeux du bibliophile, ce zèle maladroit est un manque de respect à la mémoire de nos vieux auteurs.

Pour les oeuvres écloses avant la découverte de l'imprimerie, la question change ; le choix des exemplaires dépend de la bonté du manuscrit dont l'éditeur a fait usage, et ce ne sont pas ordinairement les premières éditions qui l'emportent, sinon en rareté, du moins en fidélité. On se contentait jadis d'une seule copie d'un ouvrage, qu'on livrait sans contrôle à l'impression. Souvent même, on faisait subir au manuscrit un remaniement plus ou moins considérable. Ainsi le roman de la Rose a été restauré et fortement retouché par Villon, qui eut, à son tour, ses poésies rhabillées par Clément Marot ; ainsi l'histoire de Joinville s'est vue soumise à une sorte de traitement orthopédique par son premier éditeur, Anthoine Pierre de Rieu, qui en a capricieusement renversé l'ordre, changé la dédicace, tiraillé le style, retranchant et ajoutant à sa convenance, et s'acharnant surtout contre les gracieux détails de la vie privée de monseigneur saint Louis.

Reste le chapitre des éditions plus ou moins correctes. La beauté de la forme n'annonce pas toujours la pureté du fond ; les éditions à la Sphère, par exemple, malgré leur élégance, sont loin d'être irréprochables sur ce point. Ainsi dans le Charron des Elzevier de 1646, entre autres contre-sens, on est tout étonné de lire au ch. V du livre II : toutes (les religions) ont leur commandement petit, faible, etc., pour toutes ont leur commencement ; ce qui, dans un passage aussi essentiel, n'est pas tout à fait la même chose. Les Rabelais des mêmes éditeurs ne sont pas non plus sans taches, et leurs jolies réimpressions des poëtes italiens, que Sébastien Leclerc a ornées de si belles eaux-fortes, donnent souvent des entorses au sens littéral. Comment faire cependant pour résister à ces charmants bijoux de l'imprimerie ? Le seul remède est de leur adjoindre des exemplaires signés La Monnoye, Lenglet Dufresnoy, Leduchat ou tout autre nom d'éditeur consciencieux qui garantisse l'intégrité littéraire d'une édition.

On le voit, par cet aperçu trop rapide, la question du choix des livres est d'un intérêt bien légitime. Elle peut se résumer dans cette simple formule : N'accepter pour livres véritables que ceux dont on n'a ni raturé les lignes, ni sali les pages, ni détourné le sens, ni déchiré les feuillets.

Nous avons à peine écorné, dans ces quelques pages, le vaste champ de la glorification des livres ; cependant chacun des efforts de nos ancêtres pour échapper aux ténèbres de la longue nuit du moyen âge est digne, au plus haut dégré, d'occuper notre attention. Chacune des nobles préoccupations qui rattachent les penseurs modernes à la glorieuse série des activités intellectuelles du passé, doit entrer dans le cadre intéressant de ce travail. Aussi comptons-nous bien reprendre un nouveau fragment de ces attrayantes études, chaque fois que le temps aura rendu nécessaire une nouvelle livraison de l'Annuaire du Bibliophile, en jetant une nouvelle gerbe de douze mois à la rapide moisson des âges.


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